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Pour Nabni, l'Algérie a besoin d'un «projet global» et non de «quelques réformes»

par Nejma Rondeleux

Le collectif Nabni, «Notre Algérie bâti sur de nouvelles idées», rendra public le 26 janvier prochain son rapport final intitulé «Cinquante chantiers de rupture pour bâtir l'Algérie de 2020». Avec l'ambition d'inciter à la réflexion et à l'action. Seule l'application d'un tel «projet global» qui concerne aussi bien l'économie que l'éducation, la santé, le vivre ensemble et la gouvernance, permettra au pays d'amorcer le «grand virage» pour éviter l'iceberg, souligne Najy Benhassine, membre de Nabni.

Six mois après la parution du rapport Nabni 2012 «Cent mesures pour l'émergence d'une Algérie nouvelle» regroupant un ensemble de propositions concrètes à mettre en place sur le court terme, Nabni s'apprête à publier son rapport «Nabni 2020» qui propose une «vision plus stratégique sur le long terme» grâce à ses «50 chantiers de rupture» élaborés dans tous les domaines des politiques publiques : économie, éducation, santé, vivre ensemble et gouvernance. «Les «Cinquante chantiers de rupture » qui ambitionne de faire le grand virage pour construire l'Algérie de 2020 ne constituent pas un menu à la carte dans lequel on pourrait «piocher» des idées à mettre en œuvre indépendamment les unes des autres. Il s'agit d'un «tout», d'un projet global, où toutes les actions sont interdépendantes», annonce l'introduction du rapport auquel Maghreb Emergent a pu avoir accès. Pour rédiger le rapport, la petite équipe de Nabni s'est divisée en groupes de travail réparti selon les cinq thématiques retenues. «Chaque équipe a d'abord réalisé un bilan depuis l'indépendance dans le domaine concerné en comparant l'évolution en Algérie avec une quinzaine de pays dans le monde», détaille Najy Benhassine. Dans le chapitre I consacré à l'économie, Nabni constate ainsi que «depuis l'indépendance du pays, le revenu par habitant et la consommation des ménages ont plus que doublé, les taux de pauvreté et les inégalités ont tous deux baissé et mis à part la «décennie noire» des années 90 le revenu par habitant n'a cessé de croître». Mais ces progrès sont à relativiser, poursuit le rapport car « des pays ayant à peu près la même configuration de départ en 1962 nous ont très largement distancé : la Corée durant la même période a vu son revenu par habitant multiplié par 16, la Malaisie par 5 et la Turquie par plus de 3». Nabni a par ailleurs bénéficié de l'expertise de spécialistes internationaux en économie, éducation, santé, politique, etc., rencontrés au cours de séances de travail, collectives ou individuelles, en Algérie ou à l'étranger, a expliqué Najy Benhassine.

MOMENT OPPORTUN

Même si les 100 mesures proposées par Nabni n'ont pas été suivies d'effets, elles ont indéniablement attiré l'attention des pouvoirs publics. Plusieurs membres de «Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées» ont ainsi été invités par l'APN, le Ministère de l'Industrie, de la Finance, etc., pour présenter leurs idées. «Il y a clairement un regain d'intérêt de la part du nouveau gouvernement Sellal pour les acteurs avec des idées neuves, surtout dans le secteur économique», constate Najy Benhassine qui estime donc «le moment opportun pour présenter le rapport Nabni 2020». Le constat de Nabni est sans appel : « Le modèle économique de l'Algérie est dans une impasse. Le pari de la diversification hors-hydrocarbures a échoué. [?] Le taux d'industrialisation du pays est retombé au niveau du début des années 70. [?] La transition vers l'économie de marché est interrompue, le climat de l'investissement est médiocre et incertain et l'Etat-actionnaire constitue un frein à la croissance au lieu d'être un bras du développement». Face à cette situation, il y a urgence à mettre en place un «nouveau modèle économique» reposant sur une «diversification de l'économie dictée par la perspective de la fin des exportations des hydrocarbures dont l'échéance est incertaine», préconise le rapport. Pour autant, les solutions ne sont pas uniquement dans l'économie, souligne notre interlocuteur : «On ne peut pas penser à la diversification, sans penser à l'éducation, sans penser à la santé, sans penser au vivre ensemble et sans penser à la gouvernance qui regroupe tous les domaines ». Si l'économie peut être le point d'entrée pour signifier l'urgence à amorcer un «grand virage», les cinq thèmes sont tous nécessaires pour faire tourner le «navire Algérie», souligne Najy Benhassine.

L'INTERACTIVITE TOUJOURS AU C?UR DU PROJET

Silencieux sur la scène publique depuis la parution des «100 mesures» en juillet dernier, Nabni a cependant été très prolixe sur la Toile grâce au renforcement de l'équipe de communication. Le groupe Facebook compte à présent plus de 4000 fans, les commentaires sont de plus en plus nombreux et des vidéos sont venues enrichir la diffusion des idées. Et pour accueillir le rapport 2020, un nouveau site est en préparation. Dans la poursuite de cette volonté d'interactivité avec la société civile, Nabni lancera en 2013 «Les mercredis en chantier». Ce sera la publication chaque mercredi d'un des 50 chantiers du rapport, enrichis, pour certains, d'approfondissements et de vidéos explicatives. « Ces cinquante «Mercredis en chantier» s'étaleront tout au long de l'année 2013 et permettront d'échanger avec les internautes et de les faire participer à ce projet en construction », conclut Najy Benhassine.