Des centaines de personnes ont été admises, au courant du mois de
décembre, aux urgences médico-chirurgicales du CHUO, suite à diverses blessures
à l'arme blanche. Le staff médical et paramédical des urgences semble
totalement dépassé par cette hausse vertigineuse des évacuations causées par
l'insécurité urbaine. «Il ne se passe pas un jour, dans ce service, sans que
des dizaines de personnes, généralement jeunes, soient admises suite à des
agressions à l'arme blanche», confie ce jeune médecin sous-couvert de
l'anonymat. La majorité des personnes évacuées ont été victimes de vols à
l'arme blanche. «Le service des urgences enregistre quotidiennement, en
moyenne, une dizaine de victimes blessées grièvement avec des armes blanches»,
précise notre interlocuteur. Outre les victimes de vols, le service reçoit
régulièrement des personnes évacuées suite à des bagarres ou des règlements de
compte entre bandes rivales. Du côté du bureau des entrées de ce service on
assure que le nombre des victimes de blessures et autres contusions causées par
les armes blanches reste «minime» par rapport aux nombres de personnes évacuées
aux urgences. Des déclarations qui sont rejetées par des médecins que nous
avons rencontrés à l'intérieur de ce service. Ils soutiennent que la majorité
des cas pris en charge sont causés par des traumatismes physiques, c'est-à-dire
des blessures résultant d'une action extérieure violente et soudaine.
Une bonne partie des personnes admises souffrent de contusions ou de
plaies, d'hématomes, de fractures et de luxations. Chaque jour des piétons sont
violemment agressés par des bandes de voyous armés d'épées et autres couteaux
de boucherie. Les citoyens sont agressés en plein jour. Preuve de la
détérioration et de la progression de l'insécurité, les citoyens avertis ne
déambulent plus dans certaines rues de Haï Nasr ou Haï Yaghmoracen. Tout le
monde est sur ses gardes. Les piétons pressent le pas pour éviter de tomber
entre les filets des agresseurs. Certaines rues sont devenues des «no man's
land» à l'exemple de la rue des Jardins ou les ruelles menant à Haï Nasr. Ces
rues sont connues pour être un fief des agresseurs de tous bords. Oser passer
par ces rues est une entreprise des plus périlleuses. Un jeune insouciant ou un
visiteur de la ville, qui s'aventure par imprudence dans ces ruelles, pourrait
perdre son portable et son argent. Encore pire, il pourrait être grièvement
blessé à l'arme blanche. Une situation qui suscite inquiétude et désapprobation
des riverains; ces derniers assistent impuissants à ces agressions, commises le
plus souvent, par des bandes armées jusqu'aux dents. Les armes utilisées par
ces énergumènes dissuadent les plus téméraires à secourir les victimes.