|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Ahmed Ouyahia, homme très apprécié par les «décideurs» a-t-il jeté définitivement l'éponge en annonçant, jeudi, sa démission de son poste de secrétaire général du RND (Rassemblement national démocratique) ou bien recule-t-il pour mieux revenir?? De nombreuses questions restent encore sans réponse sur le geste d'un homme très «présent» depuis maintenant près de deux décennies (il a mis le pied dans l'étrier sous Liamine Zeroual). La contestation dont il faisait l'objet, menée par l'ancien ministre Yahia Guidoum, que l'on dit sous orbite de l'ancien général Mohamed Betchine, était-elle si puissante pour le détrôner ? La réponse est bien entendu négative, il en faudrait davantage pour empêcher le secrétaire général de traiter une contestation qui est restée très limitée. C'est le ralliement de plusieurs ministres en exercice qui a probablement poussé Ahmed Ouyahia à prendre les devants. Les «complots scientifiques» qui se déroulent dans les partis, se trouvant dans le giron du pouvoir prenant un tour brutal où le responsable ciblé est traîné dans la boue, Ahmed Ouyahia a peut-être choisi de ne pas s'épuiser dans une telle bataille. «Il connaît la chanson et les Andalous comprennent les signaux (yefhamou al ichara)» note un connaisseur. Ahmed Ouyahia étant un homme important du système tout comme le RND est un élément central de la gestion du champ politique, il est inévitable que les dernières évolutions soient interprétées dans l'optique de la cuisine interne du régime. Il est admis que l'exercice gouvernemental d'Ahmed Ouyahia ne l'a pas rendu populaire auprès des Algériens alors qu'il est très apprécié chez les «décideurs». Mais dans une présidentielle, il faut un minimum de popularité qu'Ahmed Ouyahia, l'homme du «sale boulot» - une boutade qu'il aura fini par regretter- ne pouvait pas être le candidat «consensuel» du régime. Mais cela n'explique pas pourquoi on semble le pousser carrément à disparaître de la scène politique, certains évoquant la probabilité d'un repli comme ambassadeur dans une grande capitale. Pourquoi un homme qui a été pratiquement au centre du dispositif de la gestion de l'économie et de contrôle du champ politique, est-il débarqué, sans autre forme de procès ? Même s'il n'est pas un candidat à la présidentielle, il aurait pu avoir un rôle et il est certain que des pans entiers du régime le pensent. Exil en ambassade ou mise en réserve? La désignation, le 17 janvier d'un secrétaire général du RND par intérim serait la confirmation d'une «mise à l'écart» qu'Ahmed Ouyahia a choisi d'anticiper en démissionnant. «Je démissionne également en ce moment précis car je suis convaincu que la poursuite de ma mission jusqu'à la tenue d'un 4ème congrès ordinaire, avant juin prochain, aura pour conséquence de faire perdurer un climat de tension qui n'est pas souhaitable», a indiqué Ahmed Ouyahia. La personnalité choisie pour assurer «l'intérim» sera intéressante à «lire» mais on peut constater que ce parti n'a pas de «présidentiable» de rechange à présenter. Du coup, le champ de la présidentielle, côté régime, paraît se restreindre à Abdelaziz Bouteflika. L'idée d'un quatrième mandat est déjà sur le marché de la politique. Mais pourquoi dans ce cas éprouver le besoin de débarquer Ouyahia qui sait qu'il ne peut être candidat face à Bouteflika, sauf à accepter de jouer le lièvre ? Mais l'élection présidentielle n'ayant lieu qu'au printemps 2014, les choses peuvent changer en matière de candidature du système et Bouteflika pourrait, in fine, ne pas être dans la course. Dans une telle optique, la mise à l'écart d'Ahmed Ouyahia pourrait avoir du sens. S'il ne peut être candidat contre Bouteflika, il peut prétendre à entrer dans la course dans le cas où l'actuel président ne se présente pas. En lui enlevant l'appareil du RND, on enlève à Ahmed Ouyahia une machine électorale qui aurait pu l'inciter à tenter le «destin». Dans ce cas, on peut se demander pour «qui» on a décidé de faire place nette ? Abdelmalek Sellal ?...Mais si la bataille pour les élections présidentielles semble avoir démarré sérieusement - beaucoup plus sérieusement avec cette démission qu'avec l'annonce par un journal de la candidature d'Ali Benflis -, l'échéance est encore relativement lointaine. Et des surprises peuvent arriver. Ce que fera Ahmed Ouyahia - après avoir remis les clés à un nouveau secrétaire général- sera intéressant à suivre. S'il «s'exile» dans une ambassade, cela voudrait dire qu'il a définitivement renoncé. S'il se contente de se «reposer», cela pourrait vouloir dire qu'il se contente de se mettre en réserve. |
|