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Football / Ligue 1 - Bilan de la phase aller : Du triomphe de l'Entente au déclin des clubs de l'ouest

par M. Benboua



Après quatre mois d'exercice, le troisième championnat professionnel en Algérie est entré en trêve hivernale, à la veille de la nouvelle année civile. Un moment de répit mérité pour les clubs, les joueurs et les dirigeants, ce qui permettra à tout le monde de faire le point.

Nous avons profité de cette trêve pour retracer le bilan des uns et des autres. Malheureusement, et comme l'accoutumée, la valse des entraîneurs est le phénomène le plus en vue en championnat. Seize techniciens ont été " consommés " par les équipes de l'élite, en 15 matches seulement. Seuls Boualem Charef (USMH), Hubet Velud (ESS), Alain Michel (JSMB) et Hadjar Chérif (JSS) sont toujours en poste, à l'inverse, le MCO en est à son quatrième entraîneur (Eymael, Savoy, Mecheri et Benchadli).

L'ESS TERMINE L'ANNEE EN BEAUTE

Ayant bouclé la phase aller en tête du classement pour la seconde fois consécutive, après avoir remporté le doublé au terme de la précédente saison (championnat et coupe), l'ES Sétif est incontestablement un modèle en matière de stabilité et de réussite. Nous le disions récemment sur ces mêmes colonnes: le mérite revient principalement au duo Velud-Madoui, qui a pu bâtir un groupe homogène sur lequel personne n'aurait misé en septembre, en raison du départ de plusieurs titulaires. Aussi, l'esprit purement professionnel de la direction, a beaucoup favorisé le développement du club des Hauts Plateaux. Mais cela n'aurait certainement pas marché, sans l'apport indéniable d'un merveilleux public, qui a bravé bien des difficultés pour soutenir ses favoris. A ce rythme là, on ne voit pas comment l'ESS pourrait rater un autre titre. Elle devrait toutefois faire face à une forte concurrence.

L'USMH ET L'USMA COMPLETENT LE PODIUM

Les effets positifs de la stabilité au niveau de la barre technique sont indiscutables à l'USMH, où Boualem Charef, a enchainé sa cinquième saison en tant qu'entraîneur. Cela a évidemment fait du team de l'ex-Lavigerie, un club structuré, solide et performant. Le fait de donner la chance aux jeunes est une politique propre à Charef et à l'USMH en général, où la moyenne d'âge est la plus réduite de la Ligue 1. L'équipe banlieusarde, qui voyage plutôt bien cette saison, a remporté le plus grand nombre de matches hors de ses bases, avec quatre succès. La seconde place qu'occupe l'équipe au terme de la phase aller témoigne du bon travail effectué au sein de cette formation, depuis plusieurs années. A l'inverse, l'USMA qui a effectué, de l'avis des spécialistes, le meilleur recrutement de l'intersaison, a terminé le cycle aller dans une position jamais atteinte depuis plusieurs années. En dépit d'une entame quelque peu ratée, l'USMA, qui a engagé le français Courbis à la place de Gamondi, a enchainé les victoires.

Au vu de la richesse de son effectif, le club de Soustara est l'un des favoris en puissance pour le titre. Il aura cependant du pain sur la planche, pour renouer avec une consécration qui le fuit depuis 2005.

PLUSIEURS PRETENDANTS AUX AGUETS

Au moins six autres clubs ont encore la possibilité de prétendre au titre de champion d'Algérie. Mais, de l'avis des spécialistes, ce sont le MCA, la JSMB et le CSC qui sont bien partis pour jouer les trouble-fêtes cette saison. La course au titre de la troisième édition du championnat professionnel s'annonce ainsi des plus passionnantes au grand bonheur des férus de la Ligue 1, qui ont assisté à des rencontres ayant alterné le bon et le moins bon, tout au long de la première partie de la saison. Aussi, le MCEE et la JSS n'ont pas encore dit leur dernier mot. Ces équipes progressent doucement mais sûrement. Récemment promu en Ligue 1, et en dépit de quelques entraves, la formation de la Saoura reste à l'affût du groupe de tête. Outre les bons résultats, c'est la solidarité et l'ambiance qui règnent au sein du groupe qui a favorisé l'adaptation des joueurs, ce qui laisse croire que l'équipe de l'entraîneur Hadjar nous réserve d'autres belles surprises à l'avenir. De son côté, le MCEE, et en dépit du départ de plusieurs joueurs, semble tenir la route. La progression des coéquipiers de Berrefane, bien qu'elle soit lente, donne satisfaction à l'entraîneur Rachid Belhout.

LE LOT DES DECEPTIONS

Dans le registre des équipes qui ont déçu lors de cette première manche du championnat, on citera la JSK, le CRB et l'ASO. Secoués par un vent de perturbation externe, souvent dans le but de "diviser" le CSA et la SSPA, ces clubs ont connu des moments difficiles, ce qui a perturbé leur parcours en championnat. On notera d'ailleurs que la formation du Djurdjura a perdu des points importants à domicile, car sur les 21 possibles, elle n'en a récolté seulement 11 unités. L'arrivée par la suite de Naçer Sandjak, à la place de Fabbro démissionnaire, avait pour objectif de relancer la machine.

Ce dernier semble avoir trouvé la formule idéale, puisque la JSK a terminé la phase aller sur une série de trois matches sans défaite, ce qui est de bon augure pour le cycle retour. Pour sa part, l'ASO, ambitieuse pourtant à l'intersaison, n'a pas été en mesure de rééditer ses exploits de la saison précédente, effectuant un parcours en dents de scie, loin des attentes de ses nombreux fans. Le constat est plus amer pour le CRB malgré la richesse de son effectif, la gestion administrative lui a malheureusement fait défaut. Les crises internes ont eu un effet négatif sur le moral des joueurs, dont certains sont allés jusqu'à bouder l'équipe. Cependant, la vie commence progressivement à reprendre son cours normal à Laâquiba, surtout après la dernière qualification en coupe aux dépens de la JSMB. Ne dit-on pas qu'après la tempête c'est le beau temps ? D'autres équipes sont passées à côté de la plaque et sont dans l'obligation d'apporter les correctifs nécessaires, à l'image du CAB, qui ferme la marche au classement. Une situation très compliquée pour le club des Aurès qui, sans un sursaut d'orgueil, risque de rétrograder en Ligue 2. Le CABBA, lui, a été crédité d'un parcours mi-figue mi-raisin. Auteur d'un départ raté, il a eu de la peine à s'extirper de la zone des relégables, mais reste toutefois menacé. L'arrivée de Aziz Abbès à la barre technique, en remplacement de Toufik Rouabah, a revigoré quelque peu l'équipe, qui reste néanmoins inconstante en matière de résultats.

JSS, LE PROMU DONT TOUT LE MONDE PARLE

Avec un petit budget et des joueurs presque inconnus du bataillon, les gars de Béchar ont gagné la sympathie de tous les sportifs algériens. Cette formation de la région de la Saoura a attiré l'attention, étant le premier club du sud algérien à évoluer dans la cour des grands.

Un statut qu'elle a assumé pleinement, au vu de la place honorable qu'elle occupe à l'issue de cette première manche. Et pourtant, la direction du club s'est toujours assignée le maintien comme principal objectif lors pour cette première expérience en Ligue 1. Ce n'est pas l'avis des spécialistes qui estiment que la JSS pourrait prétendre à mieux lors de la phase retour.

"J'estime qu'on a fait honneur à notre région en tenant la dragée haute aux grosses cylindrées du championnat, tout en pratiquant un jeu simple et efficace", s'est félicité le président du club, Mohamed Zerouati. Malgré leur jeune âge et l'inexpérience des certains éléments, les poulains de Chérif Hadjar ont donné des sueurs froides à des équipes plus aguerries. Ils ont même déjoué les pronostics lorsqu'ils évoluaient en dehors de leurs bases, où ils ont remporté deux succès et arraché trois nuls.

DECLIN DES CLUBS DE L'OUEST

Le fait marquant de cette première phase du championnat est incontestablement la régression du football à l'Ouest. Et, comme dans l'antichambre de l'élite, les équipes qui représentent cette partie du pays en Ligue 1, connaissent aujourd'hui une instabilité quasi chronique sur le double plan administratif et technique. En effet, si le MCO s'est habitué à cette situation déplorable depuis une décennie déjà, le WAT, qui a su plus ou moins tiré son épingle du jeu l'année dernière, est retombé dans ses travers. La crise financière, l'instabilité technique et l'irresponsabilité de certains éléments ont tiré le Widad vers le bas. Pour sa part, le promu, l'USMBA, est en train de rater complètement son retour parmi l'élite après 18 ans d'absence. Il sera très difficile à l'équipe entraînée par Abdelkader Iaiche, qui a succédé à Fouad Bouali il y a quelques semaines, d'assurer son maintien, surtout que l'on trouve encore du mal pour élire une nouvelle direction. C'est dire que le football à l'Ouest, est aussi malade de ses hommes.

LE HUIS CLOS EN BAISSE, PAS LES CARTONS

par la fédération. C'est la JS Saoura qui a été la plus touchée par cette sanction (3 matches), dont deux qui ont suivi les incidents du 3 novembre, après l'envahissement de terrain par les supporters lors du match (JSS-USMH) entraînant l'arrêt définitif de la rencontre. Le CABBA, l'ESS, le MCEE et la JSMB ont également été sanctionnés pour utilisation et jets de projectiles. Mais ce qui retient l'attention, c'est que la sanction du huis clos est en nette régression par rapport à la précédente saison, où le bilan était deux fois plus lourd à la mi-parcours. Par ailleurs, 503 avertissements ont été infligés aux joueurs des différentes équipes, dont 54 pour contestation de décision, soit une hausse de 4,7% par rapport à la phase aller de l'exercice précédent. Toujours sur le plan disciplinaire, il a été enregistré 24 expulsions en Ligue 1, alors que Boualem Charef (USMH) a écopé de la plus lourde sanction (six mois de suspension). Loin d'être flegmatique, il demeure paradoxalement l'un des meilleurs techniciens en Algérie.

La phase aller en chiffres

- 120 matchs disputés

- 58 (48%) Victoires à domicile

- 37 (31%) Matches nuls

- 25 (21%) Victoires à l'extérieur

- 223 Buts inscrits

- 141 (63%) à domicile

- 82 (37%) à l'extérieur

Plus grande victoire à domicile

ESS-CAB 6-0 (2e J)

USMA-USMBA 6-0 (14e J)

Plus grande victoire à l'extérieur

WAT-MCA 0-3 (1e J)

CAB-USMA 0-3 (4e J)

Match avec le plus grand nombre de buts CSC-MCO 4-3 (2e J)

Classement des buteurs

- Hamza Boulemdaïs (CSC): 9 buts

- Moustapha Djallit (MCA): 9 buts

- Mohamed Amine Aoudia (ESS) : 8 buts

- Amine El Amali (USMH): 7 buts

- Ahmed Gasmi (USMA): 7 buts