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L'interdiction de la friperie, dites-vous ?
Le sujet a provoqué d'intenses débats dans les arcanes de l'APN et des sueurs
froides pour les milliers de commerçants, dont le gagne pain était suspendu à
la décision des parlementaires. Finalement la disposition qui met fin à
l'importation de la friperie, introduite dans la loi de finance 2012, aura
l'effet d'un coup d'épée dans l'eau. Elle aura tout juste ouvert de nouveaux
chemins aux ballots des «chiffons». Les marchés de Daksi et le souk
hebdomadaire de Aïn s'mara sont là pour dénigrer la loi en question, et
bousculer les soucis qui la justifiait lors de son amendement, «la protection
de la production nationale des textiles et les risques engendrés par ces habits
utilisés sur la santé publique» en l'occurrence. «Le marché de la friperie n'a
jamais été aussi prospère, même si les prix ont sensiblement augmenté par
rapport à l'époque de l'importation légale de la marchandise», nous indique un
vendeur du marché d'Aïn s'mara. Ce dernier, justifie cette hausse des prix par
les difficultés d'approvisionnement. «Il y a moins de marchandises introduites
sur le marché local, car pour se ravitailler aujourd'hui, on utilise les
circuits de la contrebande, à partir de la frontière terrestre, de la Tunisie
surtout, ou les cabas de passagers de bateaux, et cela coûte plus cher que de
payer des impôts», ironise-t-il. Certains commerçants relèvent qu'en 2010, «les
importations en matière de vêtements usagés étaient estimées à près de 40
milliards de dollars, imaginez un peu le gain versé dans les caisses du trésor
public.Maintenant cet argent est directement versé dans les poches des
contrebandiers et autres trafiquants, voilà l'aboutissement des bonnes
intentions des autorités ». En tout cas, renchérissent des commerçants demeurés
attachés à la filière de la friperie, « l'interdiction de l'importation de la
friperie n'a fait qu'encourager la fraude et aggraver le risque sur la santé
publique, parce que maintenant, le marché est inondé avec une marchandise qui
échappe à tout contrôle ». Pour les commerces versés naguère dans cette
activité, c'est une autre histoire. Un propriétaire d'un local commercial
spécialisé dans la vente de la friperie au niveau de la nouvelle ville Ali
Mendjeli a changé de « style » après l'amendement de la loi interdisant
l'importation des vêtements usagés.
« On nous a obligé de la sorte à vendre des vêtements made in China, c'est moins chers que le produit local et mieux écoulé en conséquence », a-t-il lancé. Ce sont les commerçants de la friperie qui exerçaient leur activité dans des locaux dûment réglementés, qui subiront de plein fouet les effets de cette interdiction. «Des agents de la direction du commerce de la wilaya de Constantine sont passés nous avertir, juste après la promulgation de la loi de finance 2012, de cesser toute activité dans le domaine de la friperie, sinon les amendes seraient trop lourdes à régler», indique-t-il. Soulignant dans ce sillage que «les locaux commerciaux sont plus faciles à contrôler que les souks hebdomadaires et les marchés informels». En tout cas, une année après l'introduction de cette disposition, interdisant l'importation des vêtements usagés, le marché d'Aïn s'mara, le rayon de la friperie est plein à craquer tous les lundis. C'est à croire qu'on est à la Mecque, les gens circulent entre les étals dans ce marché au coude à coude, pas question de s'habiller made in Algéria, ni made in China, pour la plupart d'entre eux. La friperie a, décidément, de beaux jours devant elle. |
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