Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Secteur du BTPH : Près de 50 mille travailleurs au noir

par Moncef Wafi

Près de 50.000 travailleurs sur les chantiers de construction ne sont pas déclarés, chaque année, selon les chiffres donnés par la Caisse nationale des congés payés et du chômage-intempéries (CACOBATPH) relevant des secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (BTPH). Des chiffres en constante hausse puisqu'en 2010, ils étaient plus de 35 000 travailleurs non déclarés. Précarité de l'emploi, absence d'assurances, salaires au rabais et danger de mort sur les chantiers, sont le lot quotidien de ces travailleurs. Les contrôles effectués par ses agents, durant l'année en cours, a concerné 17.870 entreprises, sur les 61145 entreprises actives affiliées à la Caisse, à travers 8.032 chantiers sur le territoire national et ont permis d'enregistrer 47.876 travailleurs non déclarés dans les secteurs du BTPH, selon les déclarations faites à l'APS par Abdelmadjid Chekakri, le directeur général de la CACOBATPH. Ces mêmes travailleurs, ont été récupérés par la suite, en les déclarant au niveau des structures de la sécurité sociale. Ce chiffre représente quelque 5% du total des effectifs du BTPH recensés cette année, puisque le nombre des travailleurs déclarés à la CACOBATPH dépasse le million à la fin novembre 2012. Ils étaient 718 919 à travailler sur les chantiers du BTPH en 2007, selon le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh. Outre l'absence de couverture sociale, M. Chekakri a soulevé le problème des salaires puisque 7.192 autres travailleurs du BTPH n'ont même pas perçu, durant l'année 2012, le salaire national minimum garanti (SNMG). Il précisera que les travailleurs non déclarés et ceux qui ont été payés en dessous du SNMG, ont été enregistrés au niveau de 4.940 entreprises, dont la grande majorité sont du secteur privé, et sont passibles de poursuites judiciaires puisque « la non déclaration est sanctionnée par la loi », affirmera-t-il. Rappelons que la CACOBATPH est placée sous la tutelle du ministère du travail et ses missions principales consistent essentiellement à assurer les prestations de congés payés et du chômage-intempéries, dont bénéficient les travailleurs déclarés des secteurs du BTPH. Par ailleurs, les indemnisations de la CACOBATPH aux travailleurs du BTPH, ont atteint plus de 19 milliards de dinars durant cette année 2012, entre congés payés annuels et indemnités servies au titre du chômage-intempéries, assurées par la Caisse, afin d'améliorer les conditions sociales des travailleurs, exerçant dans le secteur du BTPH. S'agissant des congés payés, la CACOBATPH a dépensé 19,1 milliards de dinars au 30 novembre 2012, pour indemniser 914 293 travailleurs déclarés, relevant des secteurs du BTPH. Concernant les prestations relatives aux chômage-intempéries, la Caisse a dépensé, durant la même période, plus de 340 millions de dinars pour indemniser plus de 100.000 travailleurs du secteur du BTPH en chômage-intempéries. Il s'agit d'un chômage forcé et momentané des travailleurs par des arrêts de travail du BTPH liés aux conditions climatiques. Quant au secteur du BTP, il sera aux prises avec un mouvement de protestation qui se profile en janvier prochain, décidé par la Fédération nationale des travailleurs de l'habitat et de l'urbanisme (FNTHU) pour dénoncer entre autres, les licenciements abusifs ou encore la multiplication des décès de travailleurs sur les chantiers, en appelant à une meilleure sécurisation de ces derniers. La Fédération pointe également du doigt la situation qualifiée «d'intenable » avec des salariés, dont des ingénieurs, qui ne touchent pas le Smig. Evoquant le nombre croissant des décès sur les chantiers et le non-respect des mesures de sécurité et d'hygiène, régis pourtant par un décret, la FNTHU regrette que quelque 200 travailleurs trouvent annuellement la mort sur les chantiers de construction. Pour le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Khelloufi, ce sont 400 à 450 travailleurs du bâtiment qui périssent chaque année sur les chantiers.