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Sellal promet une stabilité juridique

par Z. Mehdaoui

La visite du président de la République française, François Hollande, va-t-elle constituer un nouveau départ dans les relations entre l'Algérie et la France ?

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal semble en tous les cas y croire fermement en affirmant jeudi dernier que la visite de Hollande dans notre pays est un grand moment de l'histoire.

«Je suis convaincu que nous vivons un grand moment de l'histoire des rapports entre nos deux pays», a déclaré le Premier ministre qui intervenait à l'occasion du Forum des hommes d'affaire algéro-français organisé par le FCE au Sheraton d'Alger.

Sellal, qui a tenu à rendre un hommage particulier à l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, pour «sa ténacité et sa maîtrise des dossiers et à déblayer un terrain difficile et fécond aujourd'hui», s'est montré très confiant quant au futur partenariat qui liera désormais les deux pays après la visite de Hollande.

«Des projets complexes à portée stratégique ont été négociés, certains ont abouti, d'autres seront conclus incessamment», a déclaré Abdelmalek Sellal devant des dizaines d'hommes d'affaires algériens et français qui étaient conviés à débattre du partenariat entre les deux pays en présence des ministres concernés par les différents secteurs.

Le Premier ministre, lors d'une allocution prononcée aux côtés de Hollande, est revenu par ailleurs sur les avancées de l'Algérie en matière de développement économique et social depuis, précise-t-il, l'avènement du président Bouteflika.

«Depuis l'élection en 1999 du président Abdelaziz Bouteflika, une politique vigoureuse de redressement politique, économique et social a été mise en œuvre. Le rétablissement de la paix, grâce à la politique de concorde civile et de réconciliation nationale, permet aujourd'hui à notre pays d'envisager l'avenir avec optimisme et sérénité», a-t-il déclaré en soulignant au passage que des «résultats spectaculaires» ont été enregistrés sur le plan économique et social.

«L'Algérie est un pays désendetté et, grâce à ses réserves de change, il est devenu un pays créancier du système financier international», s'est réjoui le Premier ministre qui relève toutefois que «les expériences douloureuses que nous avons vécues durant deux décennies nous conduisent à rester lucides et à éviter de céder au piège de l'autosatisfaction».

Malgré cette aisance financière, Sellal a plaidé pour une «transition économique urgente et indispensable», en expliquant que ce changement ne peut avoir les résultats escomptés sans un partenariat avec la France.

En ce sens, le Premier ministre a déclaré que le partenariat avec la France est pour l'Algérie l'un des instruments d'accompagnement et de concrétisation de cette transition, à travers notamment les sociétés mixtes, pour développer l'investissement, le partenariat, l'assistance technique, l'expertise, etc.

«Nous nous attachons à améliorer le climat des affaires en prenant les mesures nécessaires de nature à lever les obstacles qui entravent, retardent ou rendent complexe l'acte d'investissement. Nous veillerons également à inscrire dans la durée la stabilité juridique pour une meilleure sécurité des investissements», a fait savoir Sellal qui appellera par ailleurs les Français à «épauler» les Algériens pour accéder à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

«La France souffre d'une crise de la demande tandis que l'Algérie souffre d'une offre insuffisante. Cette situation offre des opportunités nouvelles et doublement bénéfiques pour chacune de nos économies», souligne encore le Premier ministre, qui rappellera dans le même cadre, ce qu'il qualifie «d'expériences réussies», en citant le partenariat avec ALSTOM, RATP, Aéroports de Paris, GDF SUEZ, TOTAL, SANOFI ainsi que d'autres partenariats qui viennent d'être conclus, notamment avec le constructeur automobile Renault.

Abdelmalek Sellal est convaincu qu'il existe une «immense complémentarité» qui caractérise les économies des deux pays.

Sellal affirme avant de conclure que «l'Algérie a résolument engagé son insertion dans le XXIe siècle par un processus de développement économique et social totalement imprégné des exigences d'un monde ouvert et global dans lequel les marchés sont de plus en plus intégrés».

HOLLANDE APPELLE LES ALGERIENS A INVESTIR AUSSI EN FRANCE

C'est un François Hollande serein et très décontracté qui a fait son apparition jeudi dernier dans la salle des conférences de l'hôtel Sheraton.

Le président français a tenu absolument à serrer la main des invités qui étaient tout au long de son passage vers la tribune où il devait prononcer un discours devant les chefs d'entreprises des deux pays.

«La France doit être au rendez-vous que l'Algérie lui a donné», a-t-il déclaré d'emblée sur un ton déterminé.

Le président français, qui rappelle que son pays reste le premier fournisseur de l'Algérie, a plaidé pour un raffermissement des relations économiques à travers notamment le renforcement des entreprises qui activent déjà dans notre pays et la création d'autres partenariats.

«C'est la compétitivité, la performance et la qualité qui doivent être les signes de distinction», a-t-il déclaré en soulignant que les gouvernements des deux pays ont pris l'engagement de créer de l'activité, de l'emploi et de la richesse.

Le chef de l'Etat français a toutefois précisé aux hommes d'affaires des deux pays que les politiques ne peuvent pas se substituer aux chefs d'entreprises.

«Je veux ici être clair: la politique ne remplace pas l'économie. Ce n'est pas parce qu'il y a un environnement plus favorable que les entreprises françaises auront un accès plus privilégié au marché algérien», a-t-il fait savoir à l'adresse des chefs d'entreprises français du MEDEF.

Même s'il n'a pas commenté la législation qui régit l'investissement étranger en Algérie, Hollande a, par ailleurs, clairement fait allusion à certains obstacles qui freinent les investisseurs étrangers.

«Pour l'investissement, il y a ce qui relève des autorités algériennes et il ne m'appartient pas ici de juger ou de conseiller mais nous avons suffisamment de confiance entre nous pour savoir ce qu'attendent les entreprises en Algérie», a déclaré François Hollande qui cite notamment une plus grande simplification des procédures, une moindre réglementation et surtout une plus grande rapidité dans le traitement des dossiers de l'investissement.

Par ailleurs, le président français a salué la bonne santé financière de l'Algérie qui, dit-il, après avoir subi les plans de restructuration du FMI, prête aujourd'hui de l'argent à cette institution financière pour aider les pays d'autres continents à faire face à leur crise.

«C'est un véritable retournement de l'histoire», a déclaré le chef de l'Etat français qui exhorte les entreprises algériennes à venir également investir en France.

Enfin, concernant l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, le président français a assuré jeudi dernier que la France fera tout pour faciliter à notre pays cette accession.