La fatalité et le
mauvais sort continueront toujours et sans l'ombre d'un doute, de s'abattre sur
cette région, dont les personnes les plus nanties et les plus fortunées,
n'accordent aucun sérieux aux projets à caractère économique, arrachés au prix
d'intenses tractations, par les responsables locaux ces derniers temps et
disons-le haut et fort, ces grosses fortunes de la wilaya, aux porte-monnaie
pleins à craquer ; et qui ont d'autres chats plus dociles à fouetter. Le
décollage socio-économique de leur région sera pour eux, comme d'habitude, la
dernière roue de leur charrette, puisque les dernières élections locales leur
ont été plus que juteuses, une loterie facile qui se joue à huis clos et qui a
pu leur rapporter gros sans trop d'efforts et de sueur, plus que les riches
gisements de manganèse et d'antimoine, qui attendent depuis des lustres d'être
exploités, et ne parlons pas de ces îlots de terres rares. La wilaya est restée
à la traîne du peloton des mégapoles bouillonnantes du pays, avec leurs usines,
leurs régiments de travailleurs et qui plus est, ne somnolent pas.
La matière grise
et le sens de l'initiative individuelle font cruellement défaut et pire encore,
ont de beaux jours devant eux, terrible et amer constat établi par de rares
personnes très lucides et clairvoyantes, que nous avons eu la chance de croiser
lors de notre enquête. Désemparé et ne sachant plus à quel saint se vouer pour
donner à l'investissement privé sa véritable place dans cette wilaya, le
tonitruant chef de l'exécutif de la wilaya d'El-Bayadh, réputé pour son franc
parler et pour sa combativité proverbiale, ne trouve plus les mots pour
exprimer son exacerbation et son ras-le-bol face à la démission collective des
investissements privés de cette région des Hauts Plateaux, locaux en
particulier. Très frileuses et peu entreprenantes, ces grosses fortunes locales
sont pointées du doigt par la vox populi, qu'elle qualifie d'inaptes à
concrétiser les ambitieux projets de développement octroyés à la wilaya, et
d'assurer ainsi le décollage économique de la région, lesquelles sont hélas,
très promptes à ruer dans les brancards lorsque le gâteau leur échappe du lot
avec sa cerise. C'est à ces investisseurs potentiels du bled et à eux seuls,
nous confie le premier responsable de la wilaya, très déçu aussi et avec une
bonne dose d'amertume, qu'incombe cette responsabilité en nous avouant que pas
moins de 53 projets à caractère socio-économique, pouvant générer 2.200 emplois
permanents, ont été accordés à la wilaya, dont 03 briqueteries, une cimenterie
qui seront accordées à titre de concession dans chacun des chefs lieu des
communes de Ghassoul, Aïn El-Orak, El-abiodh S/Cheikh, totalisant la bagatelle
de 56 milliards de DA et de s'interroger avec inquiétude sur le sort réservé au
futur complexe d'abattoir industriel, prévu dans le chef lieu de la commune de
Bougtob, retenu dans le cadre d'ALVIAR parmi deux autres à travers le pays
depuis deux années et qui n'a plus vu le jour. Tout porte à croire qu'il est
tombé à l'eau et que sa concrétisation, jusqu'à toute preuve du contraire, a
été reportée au calendes grecques, sinon comment expliquer ce long et
interminable retard de deux années cumulé depuis son inscription à l'échelle
nationale, contrairement aux deux derniers complexes du centre et de l'Est du
pays qui sont, a-t-on appris, sur la bonne voie. Il ne faut point être dupe et
superstitieux à la fois pour relever encore si besoin est, que cette wilaya est
en passe d'être éternellement victime du mauvais œil. Comment se fait-il
s'interroge avec une pointe d'humour un jeune lycéen, cette prolifération, à
travers tout le territoire de la wilaya, de gargottes et de dortoirs aux
paillasses douteuses, insalubres à classer pompeusement par leurs propriétaires
comme projets d'investissement. Fort heureusement, l'on a appris que d'autres
personnes, investisseurs plus sérieux et plus téméraires, issues d'horizons
lointains sont réellement intéressées, pour se lancer tête baissée et sans
l'appui des finances des pouvoirs publics, pour implanter dans l'immédiat, en
premier lieu, une unité d'aliment du bétail ainsi qu'une huilerie industrielle
à Bougtob, capable de collecter toute la production oléicole du Sud Ouest du
pays, avec une possibilité de création de 250 emplois permanents, en sus de 25
techniciens supérieurs, et ceci pour peu que les autorités locales leur
accordent des terres pour la plantation d'oliviers sur 1.000 hectares. Un
second investisseur et chercheur de renommée nationale ambitionne lui aussi
d'exploiter les eaux minérales de la commune d'Arbaouet. Le développement local
n'est plus un vain mot pour le wali d'El-Bayadh et ne peut en aucun cas être
pris à la légère, qui estime que cette wilaya dispose actuellement d'un
volumineux matelas financier et seule la sincérité dans l'engagement et les
promesses, doivent prévoir, chez chacun de ces potentiels. Investisseurs, les
retrouvera-t-on le jour béni.