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«Le temps de la réconciliation est venu»

par Z. Mehdaoui

La visite du président français, François Hollande, dans notre pays, demain mercredi, est qualifiée par le député européen, Karim Zeribi, «d'historique». «Le temps de la réconciliation entre les deux pays est venu», a-t-il affirmé dimanche dernier dans la soirée, à l'occasion d'un point de presse organisé à l'hôtel Aurassi, à Alger.

Français, d'origine algérienne, le parlementaire qui siège avec le groupe des Verts au Parlement européen, est convaincu que la visite de Hollande sera une «opportunité historique» pour relancer les relations entre les deux pays. «François Hollande tient là une occasion unique d'endosser les habits d'un grand homme d'Etat s'il apporte en Algérie des mots de paix et de réconciliation», affirme le parlementaire qui souligne que pour y arriver, le chef de l'Etat français devra faire pour cela preuve «d'audace, d'humilité et de vision». Accompagné de députés européens, dans le cadre de la visite du président français en Algérie, Karim Zeribi, qui a fait ses premiers pas dans la politique avec Jean Pierre Chevènement en 1998, en tant que conseiller, est convaincu qu'une nouvelle ère sera ouverte entre les deux pays, même si, précise-t-il, il existe encore des «résistances» aussi bien en France qu'en Algérie.

«Nous, Français, sommes-nous incapables, encore et toujours, de revenir de manière apaisée sur une histoire vieille de 50 ans ? Craindrons-nous réellement de voir François Hollande affirmer que l'empire français n'a nullement «civilisé» les Algériens, contrairement à ce qu'un de nos projets de loi prétendait affirmer en 2005 ? Pouvons-nous ignorer qu'après plus d'un siècle de colonisation, les Algériens étaient des «indigènes», ne disposant d'aucun des droits qu'on accordait à l'époque aux «citoyens civilisés» ? Ce sont là quelques questionnements soulevés par cet eurodéputé qui s'interroge également: «La France n'a-t-elle pas été grandie, sous la présidence de Jacques Chirac, en reconnaissant clairement et sans ambiguïté qu'une frange de sa population avait été complice de l'occupant nazi, dans l'extermination des juifs ?»

«Le temps est venu pour que nos deux pays fassent ce pas en avant. Le temps est venu d'ouvrir nos archives aux historiens pour qu'ils apportent toute la lumière sur ce passé que nous partageons et qui doit servir de socle à notre avenir commun. Le temps est venu pour que les manuels scolaires, des enfants des deux rives de la Méditerranée, reconnaissent des faits vieux d'un demi-siècle, sans culpabilité et en toute responsabilité. Le temps est venu de nouer une alliance économique solide entre les deux pays, que tout rapproche, mais qui se cherchent sans se trouver depuis longtemps», dira Karim Zeribi, qui précise cependant qu'il ne s'agit nullement de «repentance» mais de reconnaître des faits qui se sont déroulés durant plus d'un siècle de colonisation. François Hollande serait un homme d'Etat visionnaire s'il parvenait à accomplir ce pas en avant, au nom de la France, poursuit le conférencier pour qui une «relation franco-algérienne apaisée» permettrait de construire un axe euro-méditerranéen dont cette région du monde a le plus besoin. A noter que les parlementaires européens qui séjournent dans notre pays devraient rencontrer plusieurs responsables algériens, notamment les présidents de l'APN et du Sénat, Ould Khelifa et Mohamed Bensalah, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines, Abdelkader Messahel, le ministre des Transports Amar Tou et le ministre de la Formation professionnelle. Le député européen, qui occupe également la fonction de conseiller à la mairie de Marseille, a dans ses bagages plusieurs projets de partenariats avec les Algériens dans les secteurs de l'agriculture, les énergies renouvelables, le transport, la formation et la recherche. «Algériens et Français ont tout à gagner à travailler ensemble», a-t-il déclaré lors de la conférence de presse, en assurant par ailleurs qu'il continuera à défendre son pays d'origine au Parlement européen et partout dans le monde.