La Libye, dont les
arsenaux ouverts durant la guerre de l'Otan, contre le régime de Kadhafi, ont
contribué à la déstabilisation de la sous-région du Sahel, a décidé de fermer
ses frontières avec l'Algérie, le Niger, le Tchad et le Soudan. Un effet
boomerang !
La Libye a décidé de fermer ses frontières
avec ses quatre voisins du sud, l'Algérie, le Niger, le Tchad et le Soudan, en
invoquant la détérioration de la sécurité dans le sud du pays. Le sud du pays
est ainsi décrété « zone militaire fermée ». Ce serait un afflux d'immigrants
illégaux vers la Libye,en raison d'un risque d'intervention militaire au nord
du Mali,qui motiverait cette mesure. En outre, les nouveaux dirigeants libyens
craignent que les djihadistes n'opèrent un repli, en cas d'intervention
militaire au Mali,vers la Libye.Il y a une certaine ironie «géopolitique » dans
cette situation. L'intervention occidentale en Libye, une manipulation au cœur
d'un printemps arabe authentiquement populaire, a eu des effets collatéraux
déstabilisateurs au Sahel. Les groupes de rebelles et les djihadistes qui ont
fait leur shopping dans les arsenaux libyens, ont défait une armée malienne
corrompue et ont pris le contrôle des deux tiers du Mali. Les mêmes Etats qui
ont orchestré l'intervention occidentale en Libye, la France,notamment,veulent
aujourd'hui une intervention militaire au nord du Mali qui provoque des
mouvements de population, jugés inquiétants par les autorités libyennes. Une
sorte d'effet boomerang de la guerre libyenne qui remonte vers Tripoli après
avoir cassé le Mali. En réalité, des pays comme l'Algérie ont déployé depuis la
guerre libyenne des moyens de surveillance accrus aux frontières. D'autant plus
nécessaires, que l'ensemble du sud libyen ? un peu plus que le reste du pays ?
reste instable et sous la coupe des miliciens et des trafiquants en tout genre.
Et souvent, les miliciens sont eux même les trafiquants. Cette zone est le
théâtre de conflits, parfois très violents, entre Toubous et Arabes, notamment
à Koufra et Sebha.L'enjeu est souvent le contrôle des trafics. Les pouvoirs
d'exception qui seront accordés à un gouverneur militaire lui donneront les
pouvoirs de procéder à l'arrestation des personnes recherchées par la
justice,les infiltrés et leur rapatriement». Ces pouvoirs s'inspirent des
pouvoirs accordés aux miliciens qui sont intervenus en octobre, à Bani Walid,
pour mater des partisans de Kadhafi. Ils sont plus le signe d'une instabilité
interne que d'une menace externe, même s'il est clair que le mouvement
d'immigration illégale ne peut qu'augmenter dans les situations de risques de
conflits. Ces mesures de fermeture des frontières ne devraient pas gêner outre
mesure les autorités algériennes,qui considèrent d'ailleurs que les risques
viennent aussi bien du Mali que de Libye.