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Des deux côtés de la Méditerranée, les sphères officielles
semblent convaincues que la visite d'Etat qu'effectuera François Hollande en
Algérie à compter de demain et durant deux jours va contribuer à donner un
nouveau souffle à la coopération entre les deux pays. Objectif apparemment
possible à atteindre. Ce dont l'historien français Alain Ruscio s'est dit
convaincu en arguant que « les relations franco-algériennes partent de si bas
qu'il ne peut y avoir qu'amélioration à la faveur du voyage du président
Hollande en Algérie ».
Paris et Alger ont en tout cas agi pour qu'il en soit ainsi. Les deux capitales se sont intensément concertées sur les modalités de cette visite et ont surtout œuvré à trouver des terrains d'entente sur ce que les deux pays peuvent faire pour relancer et élargir leur coopération. Instruits qu'il leur faudra agir avec réalisme, Bouteflika et Hollande se sont interdits tout effet d'annonce sur le résultat de cette visite. Si ce n'est de faire savoir chacun de son côté que leurs discussions porteront sur tout ce qui a trait aux relations complexes qui lient l'Algérie et la France. De ce tout la politique, l'économique et le domaine mémoriel sont indissociables. D'où la délicatesse de cette visite dont on ne pourra estimer les conséquences sur les relations algéro-françaises qu'au vu des gestes que les deux pays feront concernant les dossiers qui font que ces relations sont tout sauf sereines, pour ne pas dire franchement régressives et distendues ces dernières années à cause de la « politique algérienne » de Nicolas Sarkozy prédécesseur de Hollande à l'Elysée. En Algérie, la visite d'Hollande suscite un espoir mesuré. Le nouveau président français bénéficie certes de ce côté de la Méditerranée d'un préjugé favorable, au bénéfice qu'il a manifesté une empathie pour l'Algérie et les Algériens dont il lui est su gré. Candidat déclaré à l'élection présidentielle, il a exprimé son empathie par le geste fort consistant à aller rendre hommage le 17 du mois d'octobre passé aux victimes algériennes de la terrible répression exercée en 1961 à Paris contre notre communauté d'émigrés. Elu président, il a fait plus fort en reconnaissant la « réalité condamnable » de cette répression. Mais espoir mesuré parce que les Algériens jugeant les relations algéro-françaises à l'aune de la question mémorielle, savent que le président français ne pourrait aller aussi loin qu'ils pensent être en droit d'attendre de l'Etat français. D'où leur conviction que si sa visite en Algérie va tout de même insuffler du « mieux » au partenariat entre les deux pays, il ne faut pas pour autant en espérer qu'elle le propulse dans « l'exceptionnel et l'exemplarité » que l'on dit vouloir instaurer tant à Paris qu'à Alger. L'Algérie et la France ont la possibilité de faire beaucoup entre elles. L'histoire que les deux pays ont en partage, les liens qui les unissent de ce fait en bien ou en mal, c'est selon pour les uns et les autres, font que la rupture entre eux ne peut jamais être définitive, irrémédiable. Plutôt donc que chercher de chaque côté de la Méditerranée à poursuivre l'impossible entente sur tout pour améliorer les relations algéro-françaises, Bouteflika et Hollande semblent avoir convenu de s'atteler à un objectif moins ambitieux qu'un « traité d'amitié » ou d'une déclaration solennelle sur les rapports algéro-français. Celui d'engager les deux pays dans un partenariat « donnant donnant » et « gagnant gagnant » qui à la longue cimentera les fondements des relations algéro-françaises et les rendra moins tributaires des froids qu'elles auront encore à connaître à cause de la question mémorielle et des divergences sur celles de leurs politiques régionales et internationales. |
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