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TLEMCEN : COMMENT MARIER POESIE ET THEATRE ?

par Khaled Boumediene

Jeudi dernier, sur la scène du théâtre de la maison de la culture «Abdelkader Alloula», à Tlemcen, dans «un jardin parmi les flammes», Aurélia Belkhiri sera la comédienne, Badis Hadj Slimane le guitariste, Souad Kaddour la musicienne, tandis que Mahfoud Lakroun et Mohamed Triqui seront les régisseurs. Sur ce plateau, le metteur en scène, Brahim Hadj Slimane (Journaliste et écrivain. depuis les années 1980, Il a fondé et animé la revue littéraire voix multiples 1981-1986. Il est l'auteur de l'essai de la création artistique en Algérie, Alger-Paris, éditions Marsa, 2003, de 29 visions dans l'exil (poèmes, éditions Marsa, Alger, 2008), a co-dirigé l'ouvrage pour Jean Sénac.

Editons Rubicube, Paris-Alger, 2004, a participé à divers autres ouvrages collectifs. Il est l'auteur du documentaire « la troisième vie » de Kateb Yacine. Bejaïa, 2009 et de spectacles poétiques), nous revient avec un spectacle pluriel, dédié au cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Il consiste d'abord à porter sur scène des poèmes de grands auteurs algériens, qui ont jalonné l'histoire de ce pays depuis les débuts de la colonisation et qui ont accompagné, par leur engagement, les premiers soulèvements armés puis la guerre d'indépendance. «J'ai entamé une expérience, depuis une dizaine d'années, de monter la poésie sur scène de grands auteurs tels que Kateb Yacine, Jean Sénac, Djamel Amrani, Anna Greki, Laâdi Flici, Mehdi Chaïb Draâ, Zhor Zerrari, Malek Haddad, Mohamed Taïbi, Assia Djebbar? j'ai essayé de théâtraliser la poésie, en essayant de la faire fusionner avec la musique et la peinture projetée. Ce projet consiste en une création théâtrale construite à partir d'un choix de poèmes de différents auteurs, allant de la conquête coloniale jusqu'à l'indépendance, et même au-delà de celle-ci avec quelques œuvres poétiques significatives. Quoiqu'il en soit, le principe de cette création est d'être ouvert à toute modification et enrichissement», a expliqué à notre journal, M. Brahim Hadj Slimane, avant son spectacle. «On a inséré dans ce spectacle un extrait de «Mohamed prends ta valise» de Mahfoud Lakroun. Il y a des dessins, peintures et affiches projetées de Mhamed Issiakhem et Denis Martinez ; ainsi que des photos de Guy Le Querec sur les manifestations de joie du 5 juillet 1962. J'essaye modestement d'apporter un plus au théâtre Algérien en sortant des pratiques habituelles des pièces classiques et en s'attaquant à porter la poésie Algérienne sur la scène théâtrale, ce qui est en soit une tâche pénible mais belle. Car, c'est une vision où le spectacle reste toujours ouvert et non définitivement clos. C'est tout le temps ouvert. Ça reste en chantier. Je suis très fasciné de Kateb Yacine dans ses fragments de textes et vers d'Ibn Arabi », a-t-il ajouté. Le corpus poétique sera emmené vers une construction théâtrale et musicale, avec une scénographie à laquelle pourront être intégrés des éléments chorégraphiques et plastiques, sur scène ou autour de celle-ci : projections de peintures, d'extraits de vidéos, performance. La musique sera produite sur scène, avec un répertoire constitué de pièces inspirées par le corpus poétique et aussi puisé dans le patrimoine artistique national. Un Jardin parmi les flammes est un spectacle qui se situe dans le prolongement d'une expérience en cours, mené par l'auteur à travers des ateliers et qui a déjà produit trois spectacles : Les Insulaires puis L'Etoile assombrie (à la mémoire de Kateb Yacine), Ombre gardienne (à la mémoire de Mohamed Dib) et Poésie sur tous les fronts (à la mémoire de Jean Sénac). Ces spectacles ont été donnés sur plusieurs scènes du pays, ainsi qu'en France, pour L'Etoile assombrie). «La singularité de cette expérience vient d'abord du fait qu'elle porte sur scène des œuvres de grands poètes algériens, la plupart du temps méconnues du large public.

Dans un certain sens, elle a permis d'enrichir le théâtre algérien contemporain, à l'intérieur duquel elle reste marginale, faute d'encouragement et de soutien».