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Forcée à l'inertie en raison des intempéries : La pêche artisanale refait son apparition à Aïn El-Turck

par Rachid Boutlélis

Forcées à l'immobilisation des jours durant, en raison des mauvaises conditions météorologiques, les embarcations des petits pêcheurs ont enfin levé l'ancre et ce, à la faveur d'un relatif apaisement de la mer. En effet, elles étaient des dizaines à commencer à refaire leur apparition, plus exceptionnellement au crépuscule, au large des côtes du littoral ouest et ce, depuis la fin du week-end. Mettant à profit la pleine lune, les petits pêcheurs se donnent à cœur joie, ces deux derniers jours, pour piéger notamment le calmar dans leurs rets. Ce mollusque marin, qui abonde la nuit à une profondeur moindre par rapport au jour, en cette période de l'année, constitue l'essentiel des prises de la pêche artisanale. Au grand bonheur de la ménagère, cet état de fait est à l'origine d'une baisse sensible du prix du calmar, qui se négocie à partir de 900 dinars chez les poissonniers, installés dans les marchés de la daïra d'Aïn El-Turck. Quelques jours auparavant, il était cédé entre 1200 et 1400 dinars pour le même poids. «La période de disette a été très difficile pour nombre de petits pêcheurs, qui ont été dans l'obligation d'accepter des travaux de bricolage pour subvenir à leurs besoins.

A la faveur de ces quelques jours de bonnes conditions météorologiques, ils tentent de colmater les trous, qui sont apparus dans leurs petits budgets», a expliqué en substance Sidi Yacoub, un pêcheur de la localité côtière de St- Germain, qui a hérité de son défunt père cette activité, souvent exposée à des risques majeurs. «Nous avons toujours en mémoire la tragique disparition de ces trois petits pêcheurs, qui ont été emportés par les forts courants marins moins de deux années auparavant. En tentant de remonter leurs filets au large de la ?'P'tite plage'', leur petite embarcation a chaviré sous la force des vagues», a renchéri avec une pointe d'amertume notre interlocuteur. Des déclarations presque similaires ont été formulées par Kamel, un autre pêcheur de ladite localité, grand amateur du poisson mérou. La période pour la pêche de cette espèce de serranidés coïncide en effet avec celle du calmar. La chasse sous-marine le soir est plus indiquée pour le mérou. Son abondance en cette période sur nos côtes minimise un retour bredouille. A hauteur de la crique Monté Christo, à l'amorce du virage communément appelé «l'escargot», ce serranidé est proposé à partir de 800 dinars le kilo par d'audacieux plongeurs, fréquentant cette zone du littoral et demeurant pour la plupart sur le territoire de la commune de Mers El-Kébir, dans ladite daïra.

Chez les poissonniers installés dans le marché du chef-lieu de cette daïra, la pièce de mérou est par contre cédée à partir de 1000 dinars pour le même poids. La différence s'explique à travers le fait que les poissonniers s'approvisionnent généralement auprès des petits pêcheurs de cette partie de la wilaya d'Oran.

Notons qu'un certain nombre de ces petits pêcheurs, en activité sur ledit littoral, ont bénéficié d'une aide de l'Etat dans le cadre de la formule de l'emploi de jeunes, tandis que d'autres, encore plus nombreux, ayant été déboutés dans leurs requêtes, ont puisé dans leurs maigres économies pour acquérir les équipements nécessaires à cette activité, qui présente beaucoup de risques.