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Mali s'enfonce encore plus dans la crise et l'incertitude avec les événements
dont Bamako est le théâtre depuis lundi soir. Rétrospectivement l'on a su que
le Premier ministre Cheikh Modibo Diarra avait été arrêté par des militaires
sur instruction du chef de l'ex-junte putschiste, Amadou Haya Sanogo, alors
qu'il s'apprêtait à se rendre à Paris pour officiellement y passer des
contrôles médicaux. Le même Premier ministre est apparu mardi matin à la
télévision malienne pour certainement sur injonction des militaires annoncer sa
démission et celle de son gouvernement. Le tout sans que le président du pays
Dioncounda Traoré ne s'exprime sur ces graves événements.
Le porte-parole de l'ex-junte a fait savoir peu après la « démission » de Diarra que le chef de l'Etat allait dans les heures qui suivent procéder à la nomination d'un nouveau Premier ministre. Ce qui fait supposer ou que le président Traoré a été de connivence avec les militaires ou qu'il a été forcé d'entériner ce qui est à juste titre qualifié de nouveau coup d'Etat même si le porte-parole en a récusé le terme. L'intrusion des militaires commandés par l'énigmatique capitaine Sanogo qui a consisté à forcer le Premier ministre à démissionner intervient au lendemain du report des « concertations nationales » convoquées par le gouvernement de transition qui devaient se tenir pendant trois jours à partir de mardi et à quelques jours de l'examen par le Conseil de sécurité des plans de l'intervention militaire au nord du Mali soumis par la CEDEAO. C'est d'ailleurs en reprochant à Diarra ses positions sur ces deux dossiers que le porte-parole de l'ex-junte a justifié le limogeage dont il a fait l'objet. Les militaires reprochent au Premier ministre « démissionnaire » de ne pas avoir « agi en homme de devoir » face à la crise au Mali mais en fonction d'un « agenda personnel » Pour autant que l'on puisse cerner les positions des principaux acteurs du pouvoir malien sur la crise que vit leur pays et les solutions qu'ils défendent, il semblerait que Diarra a suscité l'animosité de l'ex-junte et de son chef en ayant accepté le principe d'un dialogue politique entre tous les acteurs politiques, militaires, sociaux et organisations de la société civile y compris des représentants de la rébellion touareg au nord du Mali et qui contrairement à Sanogo il doute des capacités de l'armée malienne à pouvoir reconquérir cette région tombée sous contrôle des groupes armés. Raison pour laquelle il s'est montré favorable à l'option de l'intervention militaire étrangère dont paraît-il Sanogo ne veut pas entendre parler, et affirmerait que l'armée malienne est fin prête à se lancer à la reconquête du nord du pays. En tout cas, ce qui vient de se passer à Bamako ne plaide pas pour précipiter l'intervention militaire internationale projetée, sûrement pas alors que le pouvoir dans le pays fait la démonstration de sa déliquescence. Si dans ces conditions les parties maliennes et étrangères persistent à vouloir qu'elle soit menée et au plus tôt, cela ne fera que confirmer la justesse du propos de notre ministre des Affaires étrangères qui a déclaré que « l'idée d'une intervention militaire au Mali s'est transformée en un projet ambigu pour tous y compris l'ONU ». Ambigu effectivement tout l'est dans les comportements et les arrière-pensées de ceux qui prétendent vouloir régler la crise au Mali. Première puissance à réagir à ce qui se passe à Bamako depuis lundi soir, la France s'est contentée de condamner « les circonstances de la démission du Premier ministre malien » et non ce qu'il en découle. N'est-ce pas aveu que le départ de Diarra arrange les calculs de Paris qui sont qu'il faut que s'engage une intervention militaire au nord du Mali dans la plus brève des échéances. Même si c'est celle de l'armée malienne que Sanogo « brûle » d'entreprendre sans tenir compte comme le faisait apparemment Diarra des réserves qui s'expriment de plus en plus nombreuses internationalement sur le manque de préparation des forces militaires qui l'entreprendront. Une nouvelle débâcle de l'armée malienne au nord du Mali ne constituerait-elle pas pour Paris une justification inattaquable à son implication militaire directe au « secours » de cette armée ? |
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