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Portabilité : Un service méconnu des Algériens

par Z. Mehdaoui

L'Association de protection et orientation du consommateur, et son environnement (APOCE) a appelé, hier, les opérateurs de téléphonie mobile à s'entendre et à se mettre d'accord pour permettre au consommateur algérien d'accéder au service de portabilité, un concept méconnu jusqu'ici dans notre pays.

Le concept largement usité dans le monde, y compris chez nos voisins marocains et tunisiens, réside dans la possibilité de changer d'opérateurs de téléphonie mobile tout en gardant son numéro de téléphone. L'idée en fait est, pour une raison ou une autre, de pouvoir disposer d'un même numéro de téléphone tout en allant vers un autre opérateur de téléphonie à travers une simple opération qui consiste à transférer un numéro depuis un opérateur de téléphonie mobile vers un autre. Ce concept, qui nécessite toutefois une «entente» entre les différents opérateurs de téléphonie mobile, est utilisé depuis des années au Ghana et au Kenya alors qu'au Maroc, les abonnés de ce pays disposent de ce service depuis l'année 2007. En France, les démarches pour changer d'opérateur en gardant son numéro sont gérées par un organisme central appelé «entité de gestion de la portabilité» et qui regroupe les représentants des opérateurs de téléphonie. «C'est une manière d'instaurer une concurrence entre les différents opérateurs de téléphonie mobile, en Algérie, pour offrir, de plus en plus, un meilleur service aux abonnés», a indiqué, hier, Grar Younès, expert dans les TIC. Ce dernier, invité à une journée d'étude autour de la portabilité organisée par l'APOCE, au siège de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX) à Alger, explique que l'expérience étrangère en la matière a clairement démontré le bénéfice au consommateur mais aussi aux opérateurs de téléphonie mobile qui augmentent leur chiffre d'affaires grâce aux offres promotionnelles qu'ils mettent sur le marché, concurrence oblige.

Ce service (Portabilité ndlr) est un droit du consommateur, a encore ajouté M. Grar qui appellera l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) à mettre en place les règles et imposer ce service avec la force de la loi. «Il appartient au consommateur de défendre ses droits et il est du ressort de l'Autorité de régulation d'obliger les opérateurs de téléphonie mobile à instaurer ce service», dira cet expert pour qui sans autorité de régulation, il ne peut exister de portabilité dans notre pays.

Invité à s'expliquer sur le sujet, le représentant de l'ARPT, Abdelouahab Redouane, a fait savoir qu'il n'existe aucun texte juridique pour ce qui est de la portabilité dans notre pays. Selon lui, ce service concerne plus le post payé alors qu'en Algérie, plus de 80% des clients des différents opérateurs de téléphonie mobile sont des abonnés prépayés. «L'expérience marocaine, dont le marché est similaire au nôtre, n'est pas une réussite», a-t-il déclaré, en soulignant que la portabilité est facile juste en théorie. Pourtant, l'APOCE ne l'entend pas de cette oreille. Les responsables de cette association, au nom de la défense du consommateur algérien, soutiennent que l'abonné ne doit plus jamais être prisonnier de son numéro et avoir le droit de changer d'opérateur en sauvegardant son numéro comme cela est de mise même dans les pays pauvres et sous-développés.

Pour le président de la Fédération algérienne des consommateurs, Hriz Zaki, il est temps de prendre en compte les attentes du consommateur algérien. «Les opérateurs de téléphonie doivent mettre en place un tableau de bord pour mesurer la qualité de service qu'ils offrent au consommateur», a déclaré le président de la fédération avant d'appeler, à son tour, l'ARPT à instaurer des «critères de performance» dont doivent se conformer tous les opérateurs.