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Mohamed Morsi n'a pas transigé,
il persiste et continue son passage en force. L'opposition trouve son appel au
dialogue sans objet, refuse de participer et organise une marche « millionième
du carton rouge ». C'est l'impasse totale alors que la polarisation entre les
deux camps provoque de graves dérapages dans la rue.
Le président Mohamed Morsi en s'octroyant les pleins pouvoirs et en décidant de passer en force la Constitution a mis l'Egypte dans une grave impasse politique. Son discours à la nation de jeudi soir n'offre pas de voie de sortie puisque tout en appelant l'opposition à un dialogue politique pour aujourd'hui, il a refusé de revenir sur les décisions qui ont mis le feu aux poudres. Il s'est même fait menaçant face aux opposants - qui dépassent très largement le simple cadre des partis politiques - en les accusant pratiquement de participer « à des meurtres et à des actes de sabotage ». La seule petite ouverture concédée est qu'il se dit prêt à renoncer à un article du décret de la déclaration constitutionnelle qui lui permet de « prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le pays et les objectifs de la révolution ». Par contre, il n'a pas évoqué l'article très litigieux qui rend ses décisions non contestables devant la justice. Un discours en définitive intransigeant qui, ainsi que les décisions prises ces dernières semaines, n'a fait qu'alimenter la colère et la méfiance d'une partie des Egyptiens. La réplique est venue immédiatement après ce discours par des attaques contre le siège des Frères musulmans qui seraient le fait, selon un porte-parole de l'organisation, de « deux cent voyous ». La crise entre une opposition déterminée à défendre ce qu'elle considère comme des acquis de la révolution et un pouvoir décidé à faire le passage en force, crée une forte polarisation dans le pays. Avec un risque réel de basculement dans des affrontements à large échelle, pour ne pas dire dans une guerre civile. Les affrontements de mercredi soir devant le palais présidentiel entre pro et anti-Morso qui ont fait 7 morts et des centaines de blessés illustrent de manière brutale le potentiel de dérive violente de la crise. Hier, des manifestations ont été à nouveau organisées au Caire et ailleurs dans le cadre du « vendredi du carton rouge ». L'appel au dialogue a été jugé sans objet par les opposants du fait du refus de Mohamed Morsi de remettre en question ces deux décisions - décret et référendum - qui sont la cause de la crise. LA PRESIDENCE, CAMP RETRANCHE La principale coalition de l'opposition, le Front du salut national (FSN), présidée par le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei et comprenant plusieurs groupes de l'opposition de gauche et libérale, a refusé de participer au dialogue. Pour elle, l'offre de dialogue du président ne comporte pas les bases «d'un dialogue véritable et sérieux». Le FSN a réclamé à nouveau l'annulation de la déclaration constitutionnelle et le référendum fixé au 15 décembre. L'opposition qui appelle à manifester s'est dit déterminée à « continuer d'user de tous les moyens légitimes pour protéger ses droits et libertés et remettre la révolution sur les rails». Les jeunes du 6-Avril, fer de lance de la lutte contre Moubarak, ont appelé à manifester devant le palais présidentiel et dans le pays. Les abords de la présidence où les manifestations sont interdites ont été transformés en véritable camp retranché avec des rues barrées par des barbelés et des déploiements de chars et de blindés. Quatre conseillers du président ont démissionné pour protester contre le décret et la gestion de la crise tandis qu'Al-Azhar a demandé au président de suspendre son décret pour sortir de l'impasse. Les principaux dirigeants de l'opposition, M. ElBaradei, l'ex-chef de la Ligue arabe Amr Moussa et Hamdeen Sabbahi, nassérien de gauche, ont été dénoncés comme de «meurtriers» par le journal des Frères musulmans. L'Egypte tanguait, hier, alors que la «millionième du carton rouge» était en cours? vers la place Al-Tahrir. |
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