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Circulation à Oran : Les raisons d'une asphyxie

par Salah C.

Tout en lançant un appel solennel aux responsables locaux à réaliser des infrastructures permettant la fluidité de la circulation à Oran, une ville qu'il considère comme seconde capitale du pays avec pas moins de 120.000 véhicules quotidiennement en mouvement, Salah Nouasri, le chef de la Sûreté de wilaya, estime que cela devient une nécessité impérative à très court terme du fait qu'ils toucheront les six ou sept points noirs observés d'autant qu'avec la mise en service du tramway dans quelques mois seulement, des mesures concrètes s'imposent.

Le même responsable relève le fait que l'importance économique de la wilaya d'Oran n'est pas encore bien perçue par certains gestionnaires. Dans ce contexte, notre interlocuteur préconise des trémies et des échangeurs et, parallèlement, les services concernés devront mettre en place un plan urgent de la circulation et de revoir le système d'éclairage public qui reste défaillant. A ce titre, rappelons que si le nombre de points lumineux à Oran est estimé à plus de 30.000, l'éclairage est décrié quotidiennement aussi bien par les citoyens que les forces de sécurité qui estiment que le défaut d'éclairage public favorise l'insécurité. A ce titre, le chef de la Sûreté de wilaya fait une comparaison avec d'autres villes où un nouveau système d'éclairage a été réalisé, alors qu'à Oran, les mutations de la ville n'ont pas été prises en ligne de compte. A titre illustratif, il cite les boulevards Maata, Houha Mohamed ou la rue Mohamed Boudiaf (Mostaganem), des artères mal éclairées et où la circulation devient difficile. Ayant placé comme les deux priorités, la réorganisation de la circulation, qui reste une affaire de tous, et la lutte contre la criminalité, deux aspect intimement liés, M. Nouasri, en poste depuis 7 mois, estime que la situation s'est nettement améliorée, mais beaucoup reste à faire afin de permettre à Oran de mieux respirer et cela passe inéluctablement par un éclairage efficace et des infrastructures routières à la dimension d'Oran.

UNE BRIGADE POUR LE TRAMWAY

En perspective de l'entrée en service du tramway d'Oran, M. Nouasri révèle qu'une brigade de policiers est actuellement en formation et sera affectée pour la sécurisation aussi bien des passagers que des installations et ce conformément aux instructions du directeur général de la Sûreté nationale. Au sujet des caméras de surveillance, le même responsable indique qu'un projet national est actuellement en cours d'études avec pas moins de 350 caméras de surveillance conçues pour mieux lutter contre la criminalité que l'organisation de la circulation. Selon le chiffre annoncé il y a quelques années, Oran sera équipée d'une cinquantaine de caméras qui viendront remplacer les actuelles et qui ne seraient d'aucune utilité.

LES POINTS NOIRS DE LA CIRCULATION

Sur initiative de la cellule de communication, une virée au niveau de quelques points noirs nous a été organisée pour constater de visu les nombreuses défaillances et ce en compagnie de Mourad Serhane, le chef du peloton motocycliste, et dont les éléments sont à pied d'œuvre depuis 7h du matin avec comme rendez-vous quotidien la sécurisation des établissements scolaires entre 7h30 et 8h. En fin connaisseur de la réglementation ainsi que les problèmes de la circulation, M. Serhane nous cite le carrefour de la cité Djamel par lequel passent des milliers de véhicules du fait qu'il dessert toutes les directions aussi bien intra qu'extra-muros. Au niveau de ce rond-point et malgré la trémie ouverte à la circulation, des bouchons se créent en raison du trafic routier. Sur place, il nous indique les endroits où plusieurs accidents ont été enregistrés et ce en raison du non-respect des priorités de passage et ce en dépit d'une pré-signalisation annonçant le cédez le passage. En revanche, les accidents survenus au niveau de la trémie ont été corporels, compte tenu de la vitesse excessive. Néanmoins, la présence soutenue d'agents de la circulation a été très dissuasive et le nombre d'accidents a connu une baisse durant le mois d'octobre dernier.

Selon lui, l'autre axe qui constitue une artère à hauts risques demeure le boulevard du 19 mars 1962, appelé communément les Falaises et ce notamment dans le sens résidence El-Bahia vers le pont Zabana. Il explique qu'en raison de la descente, les automobilistes qui empruntent à grande vitesse la trémie se retrouvent en situation de danger en raison des véhicules en stationnement anarchique. Le troisième point noir de la circulation n'est autre que le rond-point El-Bahia qui constitue un passage cauchemardesque pour les automobilistes et l'organisation du flux s'effectue selon plusieurs dispositifs prévoyant notamment des patrouilles volantes aux alentours de cet endroit stratégique. Toutefois, le pont qui relie l'est et l'ouest de la ville demeure un danger permanent du fait que plusieurs accidents ont été signalés comme le prouvent les dommages occasionnés aux remparts métalliques installés notamment en direction de l'ouest de la ville. En raison de la vitesse excessive pratiquée par les conducteurs et le non-respect de la priorité de passage des autres en provenance du rond-point, plusieurs accidents ont eu lieu avec notamment des victimes parmi les piétons qui traversent la double voie alors qu'une passerelle a été conçue pour eux. A ce titre, il est à rappeler qu'une étude de fin d'études universitaires établie par un binôme il y a deux ans autour des comportements en milieu urbain a conclu que seuls 35% des piétons empruntent les passerelles, dont le nombre avoisine la cinquantaine à Oran. A ces points, s'ajoutent les ronds-points de la cité Emir Abdelkader et de Aïn Beïda, la place Roux, l'intersection de Dar El-Hayat, pour ne citer que ces derniers. Interrogé sur les poids lourds qui continuent d'investir la ville, notre interlocuteur rappelle la réglementation stipulant clairement que cette catégorie de véhicules n'est autorisée que le matin pour chargement et déchargement. Mais cette disposition ne semble pas être respectée et l'exemple le plus révélateur demeure la zone commerçante de Maraval où des artères connaissent à longueur de journée une dense circulation avec la présence exagérée de poids lourds et de semi-remorques.

ORAN AU BORD DE L'ASPHYXIE

Avec un parc de 450.000 véhicules, la wilaya d'Oran compte 7.000 taxis particuliers et 28 sociétés de taxis en plus de pas moins de 3.000 bus. A ce titre, M. Serhane anime quotidiennement une émission de sensibilisation des automobilistes sur les ondes de la radio locale pour faire le point de circulation en temps réel. Mais, devait-il commenter, les automobilistes n'ont pas encore acquis cette culture de déviation et s'obstinent à emprunter les grandes artères. Considérant que l'organisation de la circulation ne repose pas uniquement sur les seuls services de la police, Abderahmane Rahmani, le responsable de la communication auprès de la Sûreté de wilaya, estime que cette problématique est l'affaire de tous et les citoyens doivent faire preuve de civisme et d'alerter les services de police à travers le numéro vert 1548.