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La grève de cinq
jours décidée dans un premier temps par les avocats aura-t-elle lieu dimanche
prochain ? Si au départ, ce débrayage était prévu, boycottant ainsi l'ouverture
de l'année judiciaire, la rencontre-dialogue, qui a réuni, hier, le ministre de
tutelle avec les représentants de l'Union nationale des Barreaux d'Algérie
(UNBA) et des 15 Barreaux régionaux, a apporté d'autres éléments de réponse à
la menace des robes noires, qui dénoncent avec véhémence un projet de loi
régissant la profession d'avocat qualifié de «rétrograde». Ils estiment que ce
projet porte, non seulement, atteinte à l'indépendance de leur profession, mais
les empêche aussi d'accomplir leur mission loin de toute contrainte ou de
pression. Grève ou pas ? La question a été posée à Me Mustapha Lanouar, le
président de l'UNBA, contacté par téléphone par le «Quotidien d'Oran», au
sortir de cette réunion. «C'est à l'Assemblée générale qui se tiendra, ce
samedi à Alger, au Club des Pins, de décider des suites à donner au mouvement
de protestation», dira-t-il.
Pour rappel, l'AG de l'UNBA du 17 novembre dernier avait décidé le boycott de la défense, à toutes les audiences, ainsi que de la cérémonie officielle de l'ouverture de l'année judiciaire 2012-2013. Pour la rencontre en elle-même, il précisera qu'elle a englobé l'ensemble des problèmes socio-professionnels de la corporation, y compris ce fameux statut tant décrié. Le Barreau exige la révision du projet de loi portant statut de l'avocat, et propose l'amendement de 64 parmi ses 120 articles. Pour les avocats, ce projet de loi renforce davantage l'emprise de l'autorité exécutive sur la profession d'avocat, pour la simple raison, que les trois articles contestés exigent que les décisions de la commission mixte de la Cour suprême, du Conseil de l'union des bâtonniers et de leurs assemblées générales ainsi que de tous les ordres des avocats régionaux, soient soumis à la censure du ministère de la Justice. Le projet de loi stipule qu'en cas d'oubli de téléphone portable allumé, l'avocat peut être suspendu et interdit de plaidoirie. En outre, le projet de texte de loi ne permet pas à l'avocat de se retirer, ni d'interrompre un procès en cas de dérive. L'UNBA revendique également la révision du code de procédure civile et administrative, la création d'écoles de formation pour les avocats et la garantie des droits et de la protection de la défense lors des audiences. Pour sa part, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Mohamed Charfi, a affirmé sa «détermination» à prendre en charge les préoccupations du Barreau national et à apporter une réponse «rationnelle et juste» à leurs préoccupations. Me Lanouar s'est dit satisfait de la réaction du ministre qui privilégie les canaux du dialogue qui reste ouvert et évoque la mise sur pied de commission de travail mixte qui va plancher sur les dossiers en suspens, sans toutefois donner plus de précisions quant à la date de la prochaine rencontre avec M. Charfi. «Ce n'est pas un problème, nous attendrons les résultats des commissions», dira-t-il. Le ministre a rappelé la volonté du président de la République à la consécration d'un barreau libre et crédible tout en soulignant que la commission de la réforme de la Justice de 1999 avait, dans ses recommandations, consacré l'avocat comme «partenaire et non auxiliaire de la Justice». |
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