
Alger et Ankara se
concertent étroitement pour tenter de rapprocher leurs positions vis-à-vis de
la crise syrienne qui sont diamétralement opposées. Bien qu'il affirme que le
premier round des discussions qu'il a eu hier avec son homologue turc a porté,
entre autres sujets importants, sur la crise syrienne, le MAE algérien ne
reconnaît pas que les positions algérienne et turque à ce sujet sont opposées.
«Les deux pays ont confiance en Lakhdar Brahimi qui devra trouver une solution
politique à la crise syrienne pour écourter le chemin des dissensions entre les
parties en conflit», a déclaré Mourad Medelci. «Nous souhaitons que la solution
à laquelle vont aboutir les efforts du diplomate nous agrée et agréera toutes
les parties.» Pour le MAE algérien, «il faut que les parties syriennes en
conflit prennent leurs responsabilités». Son homologue turc a commencé par dire
que «nous soutenons toutes les revendications légitimes des peuples et leur
résolution d'une manière pacifique». Ahmed Uglu a néanmoins rappelé que « la
Turquie a conseillé le président syrien pour éviter la violence dans son pays,
a soutenu les propositions de la Ligue arabe, les décisions de l'ONU et
plusieurs autres démarches, mais se dit aujourd'hui être désolée que le
président syrien n'a écouté personne et continue d'utiliser la force contre son
peuple». Il pense que «c'est très difficile de soutenir un régime qui bombarde
son peuple. Il est temps que la communauté internationale dise «stop» à cette
situation en Syrie».
Il est évident que
l'Algérie s'inquiète sur ce qui pourrait arriver en Syrie après l'appel de la
Turquie à l'OTAN pour l'aider à protéger ses frontières. Le MAE turc a
d'ailleurs noté que l'appel de son pays à l'OTAN a été après l'assassinat par
l'armée syrienne de 5 citoyens turcs aux frontières. Uglu a réaffirmé le
soutien de son pays à la cause palestinienne et à la création de l'Etat
palestinien avec pour capitale El-Qods. Il pense par ailleurs que la situation
au Sahel est préoccupante et que la Turquie est pour l'unité du Mali, un pays
qui a une importance stratégique dans la région. Interrogé sur les négociations
avec Ansar Eddine, Medelci n'a ni confirmé ni infirmé leur arrivée à Alger mais
fait savoir que « une des parties a demandé à ce qu'elle œuvre pour lancer le
dialogue, il est normal qu'on l'aide pour cela, nous sommes pour le dialogue et
pour une solution politique au conflit au Mali». Il annonce qu'une rencontre
entre les parties en conflit se tiendra très prochainement. Il n'en dira pas plus
à ce sujet. A propos de l'Egypte, le MAE turc a déclaré soutenir toutes les
initiatives pour l'instauration de la démocratie dans ce pays. «Nous avons
besoin d'une Egypte forte», a-t-il affirmé.
Le forum
arabo-turc se tiendra en décembre prochain à Istanbul où les MAE arabes et turc
se concerteront sur toutes ces questions. Le volume des échanges entre
l'Algérie et la Turquie pourra passer à 10 milliards de dollars «si on règle
les problèmes de transport aérien et terrestre», estime Medelci. 160 entreprises
turques activent en Algérie. Les discussions entre les deux ministres ont porté
sur leurs droits sociaux, les facilitations des procédures de visa d'un côté
comme de l'autre et «peut-être la suppression du visa», dit le MAE turc.