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Rien n'est encore joué au nord du Mali où le Conseil
de sécurité va peut-être valider les plans pour une intervention militaire
préparée par les militaires des pays de l'Afrique de l'Ouest. On ne peut
qu'être dubitatifs sur la capacité d'une force de 3.300 hommes de la Cédéao en
soutien à une armée malienne déstructurée à pouvoir résoudre le problème posé
par la situation du nord du Mali. C'est très probablement la vraie raison qui a
poussé Prodi à fixer l'horizon relativement lointain de septembre 2013 pour une
éventuelle intervention.
Sur le fond, une guerre qui ne distingue pas entre habitants légitimes du Nord-Mali et «indus occupants» ne peut déboucher que sur plus de déstabilisation. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, qui rentre à Nouakchott après une longue convalescence en France suite au tir «par erreur» contre lui par un officier mauritanien, a vivement conseillé de ne pas se précipiter à aller vers la solution militaire. Celle-ci, a-t-il dit, pourrait «fédérer toutes les forces au nord du Mali, et même toutes les populations contre ceux qu'ils pourraient considérer comme des envahisseurs». C'est le bon sens même. Les évolutions récentes permettent de penser qu'il est possible effectivement de mettre les Touaregs, tous les Touaregs, du côté de la solution. La chose est en cours sur ce registre même s'il ne faut pas exclure des grenouillages destinés à faire capoter les choses. Des puissances extérieures chercheraient à renforcer militairement le MNLA pour faire poids à Ançar Eddine, affirment certaines thèses. C'est une possibilité. Les gens du MNLA ont toutes les raisons d'essayer de reprendre un poids perdu en raison d'une faiblesse interne mais ils auraient tort d'oublier le sens de leurs récentes déconvenues. Un mouvement qui ignore la géographie et son environnement immédiat pour tabler sur de lointains soutiens se met nécessairement dans une situation d'impasse. La proclamation de l'indépendance de l'Azawad, farouchement rejetée par les pays de la région dont l'Algérie, a été l'exemple même d'une absence d'évaluation des limites de ce que permet la géographie. Ançar Eddine est, lui aussi, en train de prendre en considération le fait qu'il ne peut s'installer en connivence avec des groupes terroristes sans susciter l'hostilité des pays de la région. Ce sont ces facteurs objectifs qui font que les groupes targuis acceptent de renoncer à ce qui est considéré comme inacceptable pour le voisinage et d'entrer dans un processus politique. Le plus grand risque de blocage de la solution politique, on ne le dira jamais assez, ne vient pas des organisations targuies mais de la propension des acteurs politiques à Bamako à refuser, avec une arrogance démesurée, toute concession aux Touaregs. Ils attaquent systématiquement l'Algérie, cherchent des intentions sournoises à ses démarches et qualifient également le MNLA et Ançar Eddine de terrorisme avec la croyance infantile qu'une intervention militaire va les débarrasser d'un problème politique structurel qu'ils ont refusé de résoudre depuis des décennies. Le risque de blocage est bien à Bamako et il est accentué par l'absence d'un pouvoir légitime. Le dénouer est à coup sûr un des plus importants préalables pour une solution durable. A moins que le maximalisme des politiciens de Bamako ne soit encouragé par les «va-t-en-guerre» pour apporter une démonstration qu'il n'existe pas de solution politique. Avec l'objectif d'aller vers davantage de déstabilisation. L'Etat malien est déjà en état de faillite, le pays est coupé en deux en raison des turpitudes de ses politiciens. Et si ces derniers jouent trop longtemps sur cette partition du rejet de tout processus politique avec les Touaregs, ils feraient preuve d'un aveuglement aux conséquences fatales. |
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