Considéré par le
passé comme le parent pauvre dans chaque programme de développement, le secteur
de l'artisanat traditionnel sort ses griffes et veut occuper la place qui lui
échoit dans la wilaya d'El-Bayadh qui dispose d'excellents atouts et de vrais
maîtres incontestés dans des activités ancestrales qui se battent pour que
leurs activités ne tombent pas en désuétude et ne disparaissent à jamais. Pour
ce faire, nous explique le directeur du Tourisme de la wilaya, il ya lieu
d'assurer et avec sérieux la relève en matière de main-d'œuvre expérimentée.
Tenace et encore vigoureux, le vieux Si Ahmed, originaire de la commune
d'Arbaouet, doyen dans sa catégorie, défend avec âpreté et abnégation non pas
son gagne-pain mais toute sa corporation. Il est maréchal-ferrant, plus qu'un
métier, une passion pour il s'y attache du haut de ses 104 ans, tout en nous
avouant, avec une larme dans les yeux, qu'il peine à assurer la relève et à
former des jeunes. Combien sont-ils dans son cas, dinandier, potier, ciseleur
et rémouleur, qui disparaissent en silence et sur la pointe des pieds du
paysage aussi bien de nos villes que de nos campagnes. L'on se souvient comme
si cela datait d'il y a quelques jours seulement du forgeron du coin qui, face
à l'âtre, donnait mille et une formes à un morceau de fer chauffé à blanc, avec
comme seuls outils l'enclume, le marteau et le soufflet au milieu d'objets
hétéroclites faits de bric et de broc ou de ces couturières qui ajustaient les
robes de nos grands-mères. Tout n'est pas perdu pour autant et pour cause, nous
avons pu rencontrer une poignée de jeunes filles et de garçons dans le hall
d'exposition ouvert par la direction du Tourisme, de véritables fées et
artistes qui arrivent avec des moyens tout à fait élémentaires à donner tout un
sens à un morceau d'étoffe de laine ou de soie ou à une plaque de granit.
Broderie d'art et vêtements de luxe garnis de bijoux en or ou en argent se
disputent les stands au milieu des tapis, coussins et couvertures confectionnés
à base de laine de mouton aux côtés des djellabas et burnous en laine de
chameau. Des jeunes filles aux mains agiles qui étonnent par leur savoir-faire
et leur sens de la créativité. Des produits locaux qui émerveillent et
séduisent les milliers de visiteurs qui ont eu la chance de découvrir, en
visitant les 24 stands, le patrimoine artistique et traditionnel local dans
toute sa diversité et dans toute sa splendeur. Que demandent ces dizaines de
filles qui se battent avec l'énergie du désespoir pour la préservation et la
promotion de l'artisanat d'art, pas grand-chose disent-elles, des locaux
commerciaux et une aide financière substantielle des pouvoirs publics. Elles
ont défendu les couleurs des Hauts Plateaux dans de nombreuses compétitions et
ont pu arracher leurs galons mérités à l'échelon national. 47 d'entre elles ont
pu bénéficier, tout au début de l'année 2002, d'une aide matérielle octroyée
par le Fond National de Promotion des Activités Artisanales mais pour les 30
autres postulants, l'attente est jugée très longue et tous leurs espoirs ont
fondu comme neige au soleil. Les pouvoirs publics et plus particulièrement les
ministères concernés gagneraient beaucoup en accordant plus d'intérêt aux
artisans locaux des villes de l'Algérie profonde qui sont les seuls garants de
la pérennité des métiers anciens, un pari facile à relever pour peu que chacun
de son côté apporte de l'eau au moulin.