L'université des Sciences et de Technologie d'Oran «Mohamed Boudiaf» a
été fermée hier, par des étudiants affiliés à l'Union générale de la Jeunesse
algérienne (UNJA) qui ont empêché tout accès aux étudiants, aux agents de
l'administration et aux enseignants de l'université. Même les citoyens qui
avaient à régler des affaires auprès de l'administration, à l'instar de candidats
venus de wilayas lointaines pour déposer leurs dossiers de concours, n'ont pas
été épargnés par cette mesure. Et le fait qu'hier était le dernier délai fixé
par l'administration pour accomplir cette procédure, n'y changera absolument
rien. Le mot d'ordre était clair et ne supportait aucune interprétation:
«personne ne doit rentrer, exceptés les représentants de la presse qui doivent,
toutefois, présenter une carte professionnelle.» C'est ce que nous a signifié
le représentant de l'UNJA chargé de faire appliquer, à la lettre, l'instruction
de son organisation. Un groupe de trois personnes, journal à la main, qui
s'était mis un peu à l'écart de la cohue devant la porte principale de
l'université, attire notre attention.
«Vous êtes ici pour une procédure administrative ? «Non, on travaille
ici», répondent-ils. Avant d'expliquer : «on a essayé de les convaincre de nous
laisser rejoindre nos postes, et que leur mouvement était bien légitime à
condition qu'il respecte la liberté des autres, mais ils n'ont rien voulu
entendre. C'est un peu dommage. Mais c'est comme ça. Ils sont si jeunes et le
dernier d'entre nous a au moins 23 ans de service, au sein de cette université.
On commence à avoir l'habitude de ce genre de pratiques.» Une autre dame se
présente à l'entrée. Elle est enseignante et doit impérativement se rendre à
son laboratoire, au sein du département de Chimie. «J'ai une machine que je
dois impérativement éteindre. Il y a des produits qui risquent d'exploser si je
n'y vais pas,» explique-t-elle aux étudiants qui ferment la porte. La réponse
de ces derniers choque l'enseignante : «Vous aviez le temps de faire ça jeudi.
Il ne fallait pas attendre jusqu'à aujourd'hui pour aller éteindre cette
machine.» L'enseignante ne baisse pas les bras et réplique : «Mais je vous
parle d'un risque d'explosion. Vous êtes étudiant, ayez l'esprit ouvert.»
L'étudiant renchérit : «Si la machine doit exploser, qu'elle explose. De toutes
les façons, l'université a les moyens. L'Etat a beaucoup d'argent». Là
l'enseignante sort de ses gants et hausse carrément le ton. Un autre étudiant
intervient et la prend par le bras pour la ramener à une autre porte d'accès,
loin des regards. Le ballet des refus d'accès à l'université s'est poursuivi
tout au long de la matinée. Entre temps, une réunion regroupait la rectrice de
l'USTO aux délégués de l'UNJA, en présence de cadres de l'administration
universitaire. Mais au-delà de la forme de cette contestation qui n'a, certes,
pas plu à tout le monde, y compris aux étudiants qui désiraient accéder à
l'enceinte universitaire, il y a toutefois un motif, ou plutôt des motifs qui
ont pris la forme d'une liste de revendications rédigée en huit point, dans un
communiqué dont une copie imprimée sur une feuille 21 x 27, a été placardée sur
le mur, à l'extérieur de l'enceinte universitaire. Parmi les revendication de
étudiants de l'UNJA, «la résolution du problème inhérent aux stages et aux
frais qu'ils nécessitent, l'augmentation du nombre des sorties scientifiques,
l'installation du chauffage à l'intérieur des classes et des amphithéâtres,
l'entretien et l'aménagement des toitures des amphithéâtres, la programmation
d'activités culturelles, et l'ouverture des clubs estudiantins.»