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Accusés de complicité avec un réseau de trafic de drogue : Le procès de neuf policiers reporté par le tribunal de Bouira

par Houari Saaïdia

Prévu hier devant le tribunal criminel de Bouira le procès, après-cassation, des neuf officiers de police, dont l'ex-divisionnaire de Tlemcen, Senouci Mohamed, accusés de complicité avec un réseau de trafic de drogue dont le fief était basé à Maghnia, a été reporté à la prochaine session criminelle. C'est une demande de l'avocat d'un des accusés, en l'occurrence celui qui est présenté par l'accusation comme étant le cerveau de l'organisation du trafic de drogue en question, un présumé gros bonnet du kif nommé Houari Nourredine, qui était à l'origine du renvoi de l'affaire. En effet, arguant de l'état de santé de son client - détenu pour 2 affaires - qui ne permettait pas à celui-ci de subir un interrogatoire à la barre, le défenseur de H. Nourredine a demandé que soit renvoyée l'affaire. Ce à quoi le tribunal a répondu favorablement. A noter, par ailleurs, qu'un grand nombre de personnes citées en qualité de témoins, notamment parmi des ex-collègues des policiers mis en cause, étaient absents à l'audience.

Rappelons que ce procès fait suite à l'arrêt de la Cour suprême qui avait cassé le jugement du tribunal criminel de Sidi Bel-Abbès, du 3 mai 2011, en renvoyant le dossier devant une autre juridiction. Au premier procès, l'ex-patron de la police de Tlemcen (2002-2005) avait été condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour «complicité de trafic de drogue par une organisation criminelle et recel d'un criminel recherché». L'affaire remonte au 19 novembre 2005. Le standardiste du commissariat de la daïra de Maghnia reçoit un appel téléphonique faisant état de l'existence d'une voiture remplie de kif, près du domicile d'un certain B. Boubaker, connu sous le sobriquet de «Ould El-Anzi», à Maghnia. Munis d'un mandat de perquisition, des policiers investissent les lieux. Dans une Renault 25 rouge, garée près de la maison de B. Boubaker et non fermée à clé, ils trouvent 275 kg de kif, dans le coffre. Sous le frein à main, un extrait de naissance et une copie de la carte d'identité de B. Boubaker sont posés. Ce dernier est arrêté. Ni la R 25 ni le kif qui était à l'intérieur ne lui appartiennent, selon lui. Il nie tout et crie au complot. Or, des indices convergents, dont des témoignages de voisins ayant vu, la veille, deux hommes planter le décor de la R 25 bourrée de kif, seront enregistrés à la décharge de B. Boubaker. De qui provenait l'appel ? L'officier qui reçoit le coup de fil mentionne sur le registre des appels un numéro commençant par 071 et le nom de B.F. (faux nom). Mais il biffe ensuite au stylo ces indications. Selon ses dires, il l'a fait sur ordre et sous la pression de ses supérieurs, après que ceux-ci eurent identifié le titulaire de cette ligne téléphonique mobile, H. Nouredine.

Pour l'accusation, il y a de forts soupçons que c'est ce dernier qui, depuis sa cellule de prison, a monté le coup de la R 25 pour «mouiller» B. Boubaker. Cette piste est confortée par la découverte, le 24 décembre 2005, de 25,4 quintaux de kif dissimulés dans l'ossature métallique d'une remorque de camion de marque Mercedes-Benz, dans un parking à Ghazaouet, véhicule appartenant à H. Nouredinne. L'un des huit compartiments du plateau où était caché le kif était rempli de terre -pour que ça ne sonne pas creux lors des contrôles de barrage-. L'analyse scientifique d'un échantillon de cette terre a démontré une «parfaite similitude» avec celle existant dans une ferme propriété de H. Nouredinne. De plus, son volume coïncidait avec celui des 275 kg trouvés dans la R 25 rouge.