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A Oran et
Mostaganem, le marché du carburant est stable. Mais les gérants de
stations-service s'attendent à la crise «à tout moment» en raison du décalage
entre une demande qui explose et une offre qui stagne voire régresse.
Explications
Les pompistes et automobilistes de l'ouest du pays n'en doutent pas : la crise du carburant du début de l'année n'est pas du passé et risque de se répéter, à tout moment. «On fait le plein de problèmes» expliquent des gérants de stations-services libres (GL) : un parc automobile qui explose et un nombre stagnant de stations-services baignant sous «l'emprise du monopole et la concurrence déloyale». Pronostic général quasi-unanime :le retour à la normale actuel est «provisoire» car on ne s'attaque pas au «fond du problème». Le secteur roule tout simplement à deux vitesses : le parc automobile augmente à grande vitesse alors que le parc des stations régresse. La demande explose et l'offre ne suit pas. Le nombre de stations-services existant n'a pas connu d'évolution significative, la majorité remontant à la période coloniale et sont dans un état de vétusté qui limite leur capacité de stockage de carburant. La wilaya d'Oran compte actuellement près de 75 stations d'essence GL (gérant libre) et GD (gérant directe) dont une trentaine pour la ville. Pour le gérant d'une station à Dar El Beida (Oran) et représentant de la Fédération nationale des gérants libres des stations d'essence (FNGLSE), la crise du début de l'année est révélatrice d'un problème d'organisation et d'adaptation. «Avec boom du parc véhicule ces dernières années, les stations d'essence n'ont pas connu d'extension pour augmenter leur capacité de stockage. Je travaille depuis plus d'une décennie avec une capacité de 25.000 litres qui souvent ne couvre pas toute la demande. Au week-end il arrive qu'on soit à sec». Plusieurs distributeurs de carburants activent dans l'ouest, Propalà Mostaganem, Petroserà Mascara, GBSoilà Tiaret et Gala Oilà Ain Témouchent, mais leur nombre est jugé insuffisant. «Il suffirait d'une circulation automobile bloquée ou d'une absence de chauffeur pour provoquer la crise. C'est tout le système de distribution qui sera perturbé avec le cercle de la pénurie et des queues interminables». SUR LE FIL DU RASOIR Le représentant de la fédération nationale des gérants libres des stations d'essence estime que la crise ne s'explique ni par la spéculation ou la contrebande. «Il faut admettre la réalité que les stations existantes ne peuvent plus couvrir toute la demande à Oran comme pour tout l'ouest du pays. Avec deux centres de distribution seulement, un au quartier Petit Lac et l'autre à Arzew, nous sommes sur le fil du rasoir». En 2006, expliquent les professionnels, un camion arrivait à faire 5 à 6 rotations par jour, actuellement, il n'en fait que trois à cause des encombrements. «Un camion passe des heures devant le centre de distribution pour une demi-heure de livraison» explique un pompiste. Le plus grave est que les capacités des stations existantes diminuent. A Oran, explique-t-on, les stations sont exploitées à 50% de leur capacité initiale, la plupart ayant des «cuves percées qui n'ont pas été réparées car trop vétustes». UNE LONGUE LISTE D'ATTENTE Certes Naftal a bien décidé de prendre en charge le problème de dégradation des stations. L'opération ne marche pas cependant au rythme que le souhaiterait les gérants libres. Il y a une longue liste d'attente pour un projet de rénovation qui est quasiment à l'arrêt. Les stations-services qui ont bénéficié de ces travaux de rénovation ont vu leur capacité augmenter, mais elles restent loin de répondre aux besoins. Après rénovation, la quantité a augmenté jusqu'à 60.000 litres pour les trois carburants. «Avec l'ouverture de points de vente agrées, la situation ne s'est pas améliorée, on est toujours dépassé par la forte demande», explique un gérant. Dans la wilaya de Mostaganem, alimentée par Propal et Naftal et qui compte 6 gérants libres (GL), la situation n'est pas meilleure. «Il a suffit d'un arrêt de la raffinerie d'Arzew pour créer la crise à l'ouest. Nous sommes sur le qui-vive, on s'attend à une rupture à tout moment car entre les décideurs et les gens du terrain, je parle de nous, les gens de la profession, le dialogue n'est pas établi» explique un gérant de stations qui cumule 37 ans de service dans le métier. «Vue notre expérience, nous pouvons être consultés pour éviter les pénuries et les crises? Mais souvent nous sommes ignorés, un complexe peut-être ?». Pour lui, tant qu'un seul opérateur détient un monopole, le secteur est «à la merci des spéculations et du favoritisme. On est servis à la tête du client». POMPISTE, UN METIER QUI SE TRANSMET DE PERE EN FILS Les gérants libres posent la question récurrente de la transmission de la gérance à leur famille et revendiquent un droit de préemption en cas de cession des stations. «C'est un métier qui se transmet de père en fils» affirment de nombreux gérants. «Un gérant de station ne travaille jamais seul, il est obligé d'engager des membres de sa famille dans le métier pour réussir et assurer la relève car la marge bénéficiaire est insuffisante pour nous permettre de faire des recrutements. Si ces stations devaient être vendues, nous sommes prioritaires», affirme le représentant de la fédération à Oran. A Mostaganem, même discours chez un membre de la fédération: «Je travaille dans cette station avec mes frère depuis les années 70, elle ne peut pas être léguée à des étrangers». |
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