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La situation
semble évoluer très rapidement dans le dossier de la crise malienne, trois
jours après la décision de la Cédéao d'envoyer une force militaire
d'intervention de 3.300 hommes pour expurger le nord du pays, des groupes armés
qui l'occupent. L'un de ces groupes armés, Ançar Dine, qui se réclame de la
mouvance islamiste, a annoncé hier mercredi, qu'il renonce à appliquer la
Chariâa au Mali. Après avoir affolé les compteurs politiques des capitales
européennes, notamment Paris et Berlin, en annonçant l'application de la
Chariâa après avoir pris possession de plusieurs villes du Nord, le mouvement
dirigé par Iyad Ag Ghali, un ancien colonel de l'armée malienne, rentré de
Libye après la chute du régime de Kahdafi, a affirmé avoir renoncé à imposer la
loi islamique dans tout le pays. Il a cependant maintenu cette exigence pour
les fiefs sous son contrôle, notamment à Kidal, une des trois villes
emblématiques du nord du Mali, aux mains des groupes armés touaregs et d'Aqmi.
«Nous renonçons à l'application de la Chariâa sur toute l'étendue du territoire
malien, sauf dans notre région de Kidal (nord-est) où la Chariaâ sera appliquée
en tenant compte de nos réalités», a affirmé Hamada Ag Bibi, un des membres de
la délégation d'Ançar Dine, présente à Ouagadougou pour faire prévaloir la
solution politique à la crise malienne. «Nous souhaitons seulement
l'application de la Chariâa dans les zones sous notre contrôle, c'est-à-dire
dans la région de Kidal. Tout se fera avec pédagogie, et nous allons détailler
notre argumentation, lors de futures «négociations» avec les autorités
maliennes de transition, a expliqué Mohamed Ag Aharib, porte-parole de la
délégation.
Si ce revirement dans la position d'Ançar Dine intervient moins de trois jours après la décision, dimanche à Abuja de la Cédéao, d'envoyer une force militaire dans le nord du Mali sous mandat onusien et africain, il fait suite surtout après une rencontre à Ouagadougou de membres du mouvement avec un représentant de l'ONU, présent dans la capitale burkinabée. L'Algérien Said Djinnit, représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest, s'est en effet entretenu mardi à Ouagadougou avec des représentants d'Ançar Dine, selon des informations en provenance de la capitale du Burkina Faso. M. Djinnit, ancien SG-Adjoint de l'OUA puis de l'UA, a rencontré les responsables d'Ançar Dine, dans un lieu privé, dans la capitale burkinabée. Les discussions auraient porté sur la contribution de l'ONU et de l'UA pour trouver, avec les mouvements touaregs rebelles, des compromis pour accélérer la solution politique à la crise malienne. M. Djinnit a précisé que l'ONU préfère exploiter «toutes les options et les voies du dialogue», afin de parvenir à un règlement pacifique de la crise au Mali. TRACTATIONS A OUAGADOUGOU «Toutes les options et les voies du dialogue doivent être exploitées pour essayer de régler le problème, de façon pacifique», a-t-il ajouté au sortir d'un entretien avec le président Blaise Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). La présence de M. Djinnit à Ouagadougou, après une visite à Bamako, s'intègre dans le cadre des efforts des Nations unies et des pays riverains pour rechercher, avec le médiateur de la Cédéao, les voies et moyens de «soutenir le dialogue» qui reste pour l'ONU «l'option préférée», a-t-il précisé. M. Djinnit a également rencontré des représentants de l'autre mouvement de la rébellion touareg, le MNLA, qui avait revendiqué l'indépendance de l'Azawad (nord du Mali), avant de se rétracter pour n'exiger que l'autonomie pour le Nord malien. Et, dans la même journée, à Addis Abeba, le commissaire africain à la Paix et à la Sécurité, Ramtane Lamamra, avait annoncé que l'Union africaine avait décidé d'entériner la décision de la Cédéao de l'envoi au Mali d'une force militaire internationale pour reconquérir le Nord, occupé par des groupes armés. «Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a décidé d'approuver le concept harmonisé d'opérations pour le déploiement planifié de la force conduite par l'Afrique, en soutien au Mali», a-t-il précisé. L'UA a également recommandé au Conseil de sécurité de l'ONU «d'autoriser ce plan de déploiement de la force, pour une durée d'un an», a ajouté M. Lamamra. Le président du Conseil italien, Mario Monti, a appelé à privilégier une solution politique à la crise malienne, sans toutefois renier la voie militaire, dans des déclarations à la presse nationale, à la veille de sa visite mercredi en Algérie.«La résolution 2071 du Conseil de sécurité sur le Mali constitue une base commune dans laquelle toute la Communauté internationale se reconnaît», a-t-il dit. De son côté, l'Algérie, en prévision d'une probable intervention militaire internationale au nord du Mali, a précisé qu'elle prendra «les mesures appropriées» pour assurer la défense de ses intérêts et la protection «maximale» de ses frontières. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Amar Belani, «l'Algérie anticipera toutes les évolutions possibles, au niveau de la région du Sahel et prendra, en conséquence, et souverainement les mesures appropriées pour assurer la défense de ses intérêts et la protection maximale de ses frontières». En Europe, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, Romano Prodi, a indiqué, de son côté, qu'il allait appeler à une réunion internationale en décembre pour tenter de résoudre la crise. «Il faut du temps pour préparer une opération militaire», a affirmé M. Prodi, qui a également laissé entendre que l'ONU privilégie toujours une sortie de crise négociée, plutôt que la voie militaire. |
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