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En six mois
d'existence, l'entreprise ALGreeNia créée par 22 étudiant(e)s de l'Ecole
nationale polytechnique d'Alger, dans le cadre du « Compagny program » d'Injaz
El Djazaïr, a réussi son pari. Son activité de collecte, tri et acheminement de
papier vers les sites de recyclage attire de plus en plus entreprises et
individus. Et les bénéfices sont au rendez-vous. Plusieurs fois récompensée, la
jeune entreprise poursuit à présent sa lancée, avec l'élaboration d'un modèle
économique pérenne et rentable.
Les 26 membres de l'équipe d'ALGreeNia ont à peine eu le temps de se remettre des émotions suscitées par l'obtention du premier prix à la Compétition régionale Injaz El Arab des jeunes entrepreneurs de Doha (Qatar), qu'il faut déjà penser à la suite. « On est en train de valider notre nom et notre logo », raconte Ghalib Fissah, directeur général d'ALGreeNia. « La prochaine étape c'est l'inscription au registre du commerce qui nous apportera une existence légale car jusqu'à présent nous étions sous le statut d'Injaz ». Ce changement est décisif pour ALGreeNia puisqu'il implique la refonte complète du modèle économique mis en place depuis sa création en avril dernier. Pour lancer l'entreprise, chacun des membres de l'équipe a acheté une action de 200 dinars, ce qui représentait un capital initial de 4.400 dinars. « Cette somme a permis de couvrir les frais de transport et de marketing du premier mois. La vente de papier à l'entreprise partenaire chargée du recyclage a ensuite financé l'activité », explique Ghalib Fissah. Sans entrepôt de stockage à louer, grâce à une salle mise à disposition par l'école, ni salaire à payer, puisque tous sont bénévoles, le retour sur investissement grimpe rapidement, atteignant 700 % au bout de six mois. « Les dix tonnes de papier vendus entre 3 et 7 dinars le kilo, en fonction de la qualité du papier, ont permis de réaliser un chiffre d'affaires de 72.000 dinars et un bénéfice de 38.000 dinars », détaille Mourad Tewfik Hamlaoui, responsable projet et développement. Mais avec la naissance officielle de l'entreprise marquée par l'inscription au registre du commerce, ce modèle n'est plus rentable. L'équipe d'ALGreeNia a donc élaboré un business plan sur les trois prochaines années. « Nous avons calculé les coûts liés à la location de l'espace de stockage, à l'achat de camions, aux salaires et nous sommes arrivés à une estimation de capital requis de 5 millions de dinars », révèle Ghalib Fissah. Pour convaincre les investisseurs et les banques, l'entreprise compte utiliser un argument de poids : « Notre budget sera positif dès la première année, avec un retour sur investissement évalué à 170 %, alors qu'il faut généralement quatre à cinq ans à une nouvelle entreprise pour atteindre un seuil de rentabilité », souligne Chahine Makiki, responsable marketing. UNE STRATEGIE DE COMMUNICATION OFFENSIVE Pour s'accroître rapidement, ALGreeNia a misé sur la communication. « Toute personne consommatrice de papier est un fournisseur potentiel, d'où la nécessité de mettre en place des moyens de contact simples et directs », témoigne Farah Heba, directrice marketing et communication. A charge du département « information et technologies » (IT), composé de trois personnes, de développer les outils de communication requis : un site internet, intégralement construit en interne par un des membres de l'équipe, l'incontournable page Facebook qui compte aujourd'hui 1500 « likes », une boîte mail contact@algreenia.com, des adresses électroniques professionnelles « @algreenia.com » et l'utilisation du logiciel gratuit Dropbox pour la communication en interne, notamment l'échange de documents. Rien n'a été sous-traité. Même les cartes de visite et les affiches promotionnelles ont été conçues par les membres de l'équipe. La participation aux salons a fait le reste. Dès le premier essai, au Salon de l'emploi à Polytech au mois de juin, ALGreeNia obtient un partenariat avec l'entreprise canadienne SMI spécialisée dans le management de projets. Cela signifie que tout le papier utilisé par SMI est dorénavant destiné à ALGreeNia qui le collecte au moyen de poubelles de recyclage, baptisées « algreenbox », fabriquées et fournies par ALGreeNia puis récupérées une fois pleines. Par la suite, les partenariats s'enchaînent au rythme des salons : la chambre de commerce algéro-allemande, la Safex, Intuition, etc. ALGreeNia compte désormais cinq entreprises partenaires de taille. Privées surtout. Les institutions publiques rejoindront peut-être prochainement la liste, une rencontre avec le ministère de l'Environnement étant prévue dans les semaines à venir. Mais compte-tenu de l'état actuel de l'entreprise, ALGreeNia se fait plus discrète. « On est dans une situation où l'on ne peut pas répondre à toutes les demandes étant donné que les charges dépassent nos capacités », explique le responsable marketing Chahine Hakiki. « Mais, on est ouvert à tous types d'investissements », s'empresse d'ajouter le directeur général Ghalib Fissah. L'appel est lancé ! |
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