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Taxe carbone : Après la Chine et les USA, les compagnies arabes se rebiffent

par Yazid Alilat

La taxe carbone imposée par l'UE pour contenir la pollution de son espace aérien et, selon elle, «lutter contre le réchauffement climatique», continue de susciter la fronde de nombreuses compagnies aériennes.

Après les Chinois, Indiens et Américains, ce sont les compagnies arabes qui se mettent sur le même «tarmac» pour contester cette décision, qu'elles jugent unilatérale. Mardi à Alger, l'Organisation des compagnies aériennes arabes (AACO) a contesté cette taxe, a indiqué le secrétaire général de l'organisation, M. Abdelouahab Toufaha. Selon lui, en imposant la taxe carbone l'UE porte «atteinte à la souveraineté des pays» et viole la réglementation régissant le transport aérien dans le monde. Il a, toutefois, précisé que la contestation officielle est du ressort des gouvernements et non pas des compagnies aériennes, qui sont des opérateurs économiques sans aucun pouvoir politique. «Sachant que l'UE est une organisation politique, il revient donc aux gouvernements de réagir et de contester ces mesures et décisions d'ordre international. Les compagnies aériennes commerciales vont suivre après», a-t-il souligné. Mieux, il a affirmé que «même si les positions des Etats ne sont pas toutes claires, il est bon de savoir qu'il existe un consensus international sur la non-conformité de cette mesure européenne». La taxe carbone, imposée par Bruxelles à toutes les compagnies aériennes pour lutter contre la pollution du «ciel européen», est entrée en vigueur le 1er janvier dernier. Elle oblige les compagnies opérant dans l'espace européen, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique. La taxe carbone est une taxe environnementale sur l'émission de gaz à effet de serre. Elle a pour objectif de limiter le réchauffement climatique. Depuis 2003, elle est appliquée à de nombreux secteurs industriels. Et depuis le 1er janvier, elle touche le secteur aérien. En fait, cette taxe impose à toutes les compagnies aériennes entrant ou sortant du territoire de l'UE à racheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2. Et plus la compagnie aérienne pollue, plus elle doit acheter de quotas d'émission de CO2. C'est le principe du "pollueur-payeur «.Si elles ne s'y conforment pas, elles devront payer des amendes de 100 euros par tonne de CO2 et pourront être interdites de vols dans l'Union. Cette mesure a pour objectif de réduire de plus de 45% les émissions de CO2 d'ici à 2020.

Les principaux contestataires de cette taxe européenne ont déposé un recours devant l'OACI, l'instance suprême dans le transport international. Au premier plan, les Etats-Unis: la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a demandé aux Européens de suspendre l'entrée en vigueur et interdit aux compagnies américaines d'y participer. Selon l'Agence internationale de l'aviation civile (IATA), l'imposition de cette taxe représenterait une surcharge de 23,8 milliards de dollars pour le secteur de l'aviation sur les 8 prochaines années. Les compagnies membres de l'organisation sont, selon le SG de l'AACO, prêtes à assumer leurs responsabilités en matière de protection de l'environnement, mais s'opposent par contre à toute décision unilatérale et non conforme à la réglementation internationale, à l'image de la fameuse taxe carbone.