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Pousser Ançar Eddine à prendre ses distances à
l'égard des groupes djihadistes au nord du Mali et aller vers une négociation
entre Maliens pour aboutir à une réconciliation couplée à des réformes
politiques structurelles n'a rien d'une option déraisonnable. Mais à lire les
réactions outragées dans certains médias maliens, on est rappelé à la réalité
que le problème fondamental de ce pays est à Bamako. Là, on ne veut pas
entendre parler de réforme ou de réconciliation et ceux qui ont perdu le nord
et conduit le pays à la ruine institutionnelle comptent totalement sur une
intervention occidentale pour faire oublier l'étendue de leur responsabilité.
Ceux qui pensaient que le plus difficile était de convaincre Ançar Eddine d'aller vers les négociations n'imaginent pas l'ampleur du problème posé par le délitement et le dévoiement de la classe militaro-politique à Bamako. Il est légitime d'exiger d'Ançar Eddine de prendre publiquement ses distances avec les groupes djihadistes pour devenir un interlocuteur valable. Le MNLA, il est vrai affaibli militairement, a déjà fait le pas nécessaire en renonçant à l'indépendance pour aller dans le sens de l'autonomie. Le groupe que dirige Iyad Ghaly ne peut espérer être considéré comme un interlocuteur légitime s'il ne se désolidarise pas clairement des groupes djihadistes terroristes d'Aqmi et du Mujao. Les discussions, très discrètes, que mènent actuellement des émissaires d'Ançar Eddine au Burkina et en Algérie, vont dans ce sens. La démarche consiste à récréer les conditions d'un dialogue politique inclusif entre Maliens. Ançar Eddine ne va pas forcément annoncer immédiatement cette prise de distance mais il ne peut trop tarder alors que les préparatifs de l'intervention militaire sont en discussion. Il n'est pas difficile d'imaginer que pour les dirigeants d'Ançar Eddine, si divorce il y a avec les groupes djihadistes, il ne sera pas à l'amiable. A priori, le groupe d'Iyad Ghaly a pour lui le nombre, ce qui lui permet de faire face à un éventuel conflit armé avec les djihadistes. Dans le scénario de prise de distance, une explication militaire paraît inévitable. Mais il n'y a manifestement pas qu'Ançar Eddine qui pose problème. A Bamako, la perspective d'une discussion de fond avec les Touaregs dans le cadre d'un gouvernement d'union nationale effraie. D'où un discours très guerrier sur l'impossibilité de traiter avec les «terroristes». IL Y A BIEN ENTENDU DANS CE REFUS DE DONNER UNE CHANCE A LA NEGOCIATION UN REFUS DE RECONNAITRE QUE LA CRISE AU NORD DU MALI EST LE RESULTAT D'UNE DEMARCHE INCONSEQUENTE ET A COURTE VUE DES POUVOIRS EN PLACE A BAMAKO. MAIS ON NE PEUT OCCULTER LE FAIT AUSSI QUE DES PUISSANCES EXTERNES NE SOIENT PAS INTERESSEES PAR UNE SOLUTION ET ENTENDENT TOUT FAIRE POUR QUE L'OPTION MILITAIRE PREVALE. L'ANCIEN MINISTRE MALIEN DES AFFAIRES ETRANGERES, SOUMEYLOU BOUBAY MAIGA, A RAPPELE UN DES ENJEUX LES MOINS MIS EN AVANT DANS CETTE CRISE. DES ENJEUX ECONOMIQUES IMPORTANTS POUR UNE ZONE SITUEE «ENTRE LES BASSINS ENERGETIQUES DE L'ALGERIE ET DU NIGERIA» ET A «L'EST, IL Y A LES GISEMENTS D'URANIUM, AU NORD DU NIGER, QUI CONSTITUENT 60% DE L'ENERGIE EN FRANCE, ET A L'OUEST LE BASSIN DE TAOUDENNI, LE SOUS-SOL LE PLUS GORGE D'EAU». LE MALI N'A RIEN D'UNE AFFAIRE SIMPLE. |
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