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Le redressement bat de l'aile au FLN, il s'envole au RND

par Kharroubi Habib

Contrairement au mouvement de «redressement» du FLN dont la dynamique s'étiole et les rangs se clairsèment, celui initié au RND contre Ahmed Ouyahia se renforce et s'étoffe, comme l'a attesté la composante des participants à la réunion ayant eu lieu samedi à Aïn Benian à l'effet d'officialiser sa structuration.

Lancé initialement par une poignée de cadres et élus dont Tayeb Zitouni, président de l'APC d'Alger, et Noria Hafsi, responsable de l'organisation des femmes algériennes, le mouvement des « redresseurs » du RND enregistre de spectaculaires ralliements qui démontrent que contrairement aux assertions des porte-parole officiels du parti la fronde anti-Ouyahia n'est pas confinée au petit groupe initial de mécontents. D'ex-ministres, un paquet d'anciens députés, des membres fondateurs du RND et de son bureau national ont rejoint le mouvement dont Yahia Guidoum, ex-ministre de la Jeunesse et des Sports puis de la Santé, assume désormais la coordination et va s'atteler à l'organisation d'une conférence nationale à laquelle prendront part près d'un millier d'opposants «à la politique d'exclusion que mène depuis longtemps Ouyahia».

De l'aveu même de Tayeb Zitouni qui a eu avec Noria Hafsi un rôle actif dans le déclenchement de la fronde anti-Ouyahia, l'éviction de celui-ci de la tête de l'exécutif a joué en faveur du mouvement de «redressement ». C'est un fait que beaucoup de ceux qui l'ont rejoint après l'éviction de l'ex-Premier ministre ont sauté le pas et s'assument en rébellion contre ce dernier ne s'y sont résolus que parce qu'ils ont décrypté son départ du gouvernement comme signifiant son « lâchage » par les sphères de décision du pouvoir. Dont on a dit qu'elles ont favorisé son ascension politico-gouvernementale et la longévité de sa présence aux plus hautes fonctions étatiques et partisanes. Tout comme leurs homologues au FLN, les «redressements» du RND ambitionnent de destituer Ouyahia du secrétariat général du parti pour pouvoir «remettre le RND sur les rails». Le mouvement des «redresseurs» accuse Ouyahia pêle-mêle d'avoir «terni» l'image du RND et «dévié de ses missions principales» en ayant recours à sa caporalisation et à la promotion aux postes de responsabilité dans l'appareil du parti de «courtisans» qui lui sont totalement inféodés.

Ce mouvement a désormais une réalité que les partisans d'Ouyahia ne peuvent plus ignorer ou traiter comme un phénomène sans résonance dans les rangs du parti. Les participants à la réunion d'Aïn Benian ont manifesté la détermination de leur fronde en la tenant à la veille du coup d'envoi de la campagne électorale pour les consultations des locales du 29 novembre prochain. Sachant que l'événement aura un impact inévitable au sein de l'électorat sympathisant du RND. Un impact qui ne va pas faciliter les choses pour Ouyahia et ses partisans dans la compétition électorale.

Il est incontestable qu'Ouyahia joue gros dans ce rendez-vous électoral du 29 novembre. Un recul électoral du parti à l'occasion l'affaiblira encore plus face au mouvement qui entend le déchoir de la direction du RND. Or ce recul est à envisager sérieusement tant le parti d'Ouyahia cumule des rancœurs et des déçus au sein de l'opinion citoyenne. Les partisans d'Ouyahia savent également qu'ils ne peuvent bénéficier du « coup de pouce » qui aux législatives a permis à Belkhadem et les siens d'engranger une victoire électorale qui a refroidi le front de leurs adversaires.