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Quand on est responsable d'un pays ou que l'on
représente un peuple, mesurer ses paroles, ne pas laisser de la place aux
équivoques, est la moindre des choses. A plus forte raison quand on parle au
nom d'un peuple aux droits bafoués. En déclarant «je veux voir Safed. C'est mon
droit de voir (Safed), mais pas de vivre là-bas», Mahmoud Abbas a ouvert le
champ des spéculations sur un renoncement - totalement gratuit - au droit au
retour des Palestiniens. Le président israélien ne s'y est pas trompé en
qualifiant les déclarations de Mahmoud Abbas de «courageuses».
Côté palestinien, les déclarations du chef de l'Autorité palestinienne ont provoqué de la révulsion et de la consternation. Même les plus platement «réalistes» ne comprenaient pas comment un dirigeant peut faire une concession aussi gratuite dans le cadre d'une interview à la télévision israélienne. Le souci de «bien paraître» a semble-t-il fortement joué. C'est ce souci obsessionnel d'être agréé par les Américains - et les Israéliens - qui a poussé les «négociateurs» de Mahmoud Abbas à accepter de jouer une comédie sans fin de la fausse négociation qui couvrait une vraie expansion de la colonisation. On ne sait pas ce que pouvait espérer Mahmoud Abbas en lançant de tels propos. Shimon Peres n'a pas «mal compris» en saluant ces déclarations comme étant un renoncement au droit au retour. Sinon pourquoi parler de Safed ! S'il voulait sonder les Palestiniens, il a eu, par tous les canaux, y compris dans les réseaux sociaux, un retour fulgurant. «Cet homme est devenu une menace pour les constantes palestiniennes et doit partir», a écrit Abdelbari Atwan, directeur du journal Al-Quds Al-Arabi. «Personnellement et je crois que 6 millions de réfugiés palestiniens le pensent comme moi, je dis au président Abbas : nous voulons revenir dans nos villes et villages occupés qui s'appellent actuellement Israël. Et nous ne renoncerons pas au moindre millimètre contre tous les milliards du monde. Ceci est notre terre. Ceci est notre droit. Aussi nous lui demandons de ne pas parler en notre nom du moment qu'il ne veut pas être un des nôtres». Et Atwan n'est pas le plus virulent. Car même dans une perspective de négociations (qui n'est pas à l'ordre du jour), il faut être un niais pour renoncer à un tel argument sanctifié par une résolution de l'Onu. C'est, au moins, de l'incompétence. Et à ce niveau, c'est effectivement dangereux. Hier, le président de l'Autorité palestinienne semblait avoir pris la mesure, enfin, des dégâts qu'il a provoqués, en indiquant qu'il ne renoncerait «jamais au droit de retour» des réfugiés. «Je n'ai jamais renoncé, et je ne renoncerai jamais au droit de retour». «Parler de Safed est une position personnelle et ne signifie pas abandonner le droit au retour. Personne ne peut abandonner le droit au retour», a expliqué Mahmoud Abbas. L'ARGUMENT NE TIENT PAS VRAIMENT LA ROUTE, IL RESTE QU'IL MARQUE UN RECUL SUR UNE CONCESSION FAITE AVEC UNE INCROYABLE LEGERETE. LE CHEF DE L'AUTORITE PALESTINIENNE DANS SON SOUCI DE PLAIRE AUX AMERICAINS ET AUX ISRAELIENS S'ENFONCE DANS UNE SORTE DE MEPRIS A L'EGARD DE L'OPINION PUBLIQUE PALESTINIENNE. MEME LES MILITANTS DU FATAH, PARTI USE PAR LE FAUX PROCESSUS D'OSLO ET LA «MANGEOIRE» DES NEGOCIATIONS SANS BUT, AURAIENT PU LUI EXPLIQUER QUE LE «DROIT AU RETOUR» NE SE DISCUTE PAS SUR UN PLATEAU DE TELEVISION. ABBAS S'EST LUI-MEME OBNUBILE DANS CE JEU PERDANT. C'EST CE QU'ON POURRAIT APPELER LE «SYNDROME DE SAFED». |
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