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L'envoyé spécial des Nations unies revient dans la région après s'être
sorti renforcé de son épreuve avec le Maroc en mai dernier. Sa marge de
manœuvre et d'action vis-à-vis de l'ensemble des protagonistes semble plus
élargie.
L'envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara Occidental Christopher Ross fait son come-back dans la région. A première vue, le retour du diplomate américain missionné par les Nations unies ne devrait pas provoquer des changements ni une évolution significative dans ce vieux dossier de décolonisation et dont la genèse remonte à 1975. Les parties belligérantes campent toujours sur leurs positions respectives. Le Maroc défend comme avant le principe d'une «large autonomie» des territoires qu'il dispute au Front Polisario tandis que les indépendantistes sahraouis ne veulent rien d'autre qu'un «référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui». A Rabat, lundi dernier, le roi Mohammed VI a, en effet, rappelé cette réalité en déclarant après l'audience accordée à M. Ross que son pays considère que le conflit sahraoui est «artificiel» et qu'il demeure «attaché à sa proposition d'une large autonomie». Dans une longue tribune publiée vendredi dernier par le journal El Pais, le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari, a, pour sa part, expliqué que «le référendum pour le peuple sahraoui doit être au centre des négociations». «La troisième voie» proposée par Rabat, a écrit le diplomate sahraoui, «n'est en fait qu'une solution unilatérale, conçue pour légitimer un butin de guerre. Son péché capital réside dans l'hypothèse irréaliste que la communauté internationale et le Polisario accepteraient, d'emblée et d'évidence, son principe de base, c'est-à-dire la souveraineté marocaine unilatéralement proclamée sur le Sahara Occidental». Rien de nouveau, donc, sous le soleil du Sahara Occidental sous contrôle marocain ? On pourrait être tenté de le croire. Mais le retour de Christopher Ross dans la région, après son épreuve avec le Maroc qui avait commis une faute diplomatique grave en le rabrouant en mai dernier après une résolution critique du Conseil de sécurité, s'effectue cette fois-ci avec le soutien du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et de l'appui ferme de Washington où il jouit d'un grand respect auprès du département d'Etat et de la diplomatie américaine. Cet atout n'est pas anodin aux yeux de ceux qui ont appris que les nuances à propos du conflit sahraoui sont importantes à décrypter. Il permet à M. Ross de reprendre en main le dossier dans une position de force qui le rend plus persuasif face aux belligérants marocains et sahraouis. Aucune des deux parties, soulignait hier un observateur avisé, ne peut désormais aller dans la confrontation avec l'émissaire onusien. En particulier où il tenterait cette fois-ci de faire bouger les lignes et de sortir du statuquo dans lequel le dossier sahraoui s'enlise depuis cinq ans. «Je suis venu faire le point sur cinq ans de négociations», a déclaré à ce propos M. Ross. Cette précision n'est pas anodine et indique bien que sa volonté, à l'issue de la mission qu'il effectue actuellement et qui devrait se terminer en Europe le 15 novembre prochain avant un rapport qui devrait être publié à la fin du même mois, est de dégeler le dossier. Mais dans quelle direction ? Si l'on s'en tient aux positions affirmées de Paris et aux préférences de Washington, et qui ne semblent avoir été contredites depuis, cela devrait se faire dans le sens des thèses marocaines de «large autonomie». Il reste que depuis le printemps dernier et depuis un mois principalement beaucoup de choses se sont produites dans la région. Le Sahel et la crise malienne peuvent inciter le département d'Etat et le Quai d'Orsay à déplacer le curseur de leurs priorités vers une solution rapide et efficace à la crise au Sahel. L'intervention annoncée au nord du Mali peut alors faire apparaître de nouveaux éléments importants qui peuvent contribuer une nouvelle fois au gel du dossier. Il ne sera pas forcément au bénéfice du Maroc. |
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