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Les métaux de base en zone grise, le pétrole en deçà de l'équilibre algérien

par Saïd Mekki

La croissance de l'économie américaine au troisième trimestre ne parvient pas à occulter les informations plutôt préoccupantes en provenance de la zone euro. La Chine a décidé de gérer sa croissance en réduisant la voilure et semble résolue à éviter toute bulle spéculative immobilière en encadrant ses importations d'acier et en réduisant les programmes de construction. Les métaux de base, véritable indicateur de l'activité industrielle globale, restent dans la zone grise de baisse des cours. Le pétrole se stabilise dans une fourchette légèrement en deçà du prix d'équilibre algérien.

Traduisant l'incertitude générale des opérateurs et des signaux plutôt inquiétants, les marchés des matières premières présentent un panorama contrasté : le ralentissement économique global a un impact certain sur la demande de métaux de base dont les cours connaissent un recul significatif. La Chine s'installe dans une logique de croissance atténuée par rapport aux trente dernières années et reste le premier consommateur mondial mais a considérablement réduit ses achats pour le cuivre, l'aluminium, le zinc, le plomb, le nickel et l'étain et également le minerai de fer. Ce repli de la demande chinoise s'est traduit sur les performances des grands acteurs du secteur. Le premier groupe minier mondial BHP Billiton a enregistré sur l'exercice 2011-2012 un bénéfice net en repli de 35 %. Pénalisé par la baisse des prix des matières premières et l'inflation des coûts opérationnels, le groupe a décidé de lever le pied sur ses dépenses pour l'an prochain. De son côté, le géant minier anglo-australien Rio Tinto a enregistré un bénéfice net en baisse de 25% au premier semestre à 6 milliards de dollars US contre 8 milliards de dollars pour la même période en 2011. Son chiffre d'affaires recule de plus de 12%, à 25,3 milliards de dollars contre 29 milliards l'année précédente. Ces contre-performances ne risquent pas de s'améliorer à court terme. Ainsi, vendredi à la clôture du London Metal Exchange, le cuivre pour livraison dans trois mois a baissé à 7817 dollars la tonne contre 8115 dollars une semaine auparavant. Les autres métaux ont suivi le mouvement : l'aluminium est passé à 1.936 dollars la tonne contre 1997 dollars, le plomb a baissé à 2.012 dollars la tonne contre 2142 dollars, l'étain a touché 19,990 dollars la tonne contre 21.650 dollars, le nickel a chuté à 16 180 dollars la tonne contre 17,080 dollars et le zinc a perdu en trois mois 66 dollars en passant de 1905 dollars la tonne la semaine dernière à 1.839 dollars.

LE MARCHE PETROLIER TOUCHE PAR LA DEPRESSION

La dépression qui affecte les cours des métaux de base n'épargne pas le marché pétrolier. Les prix de l'or noir évoluent dans une fourchette médiane à la grande satisfaction de l'Arabie Saoudite dont le prix d'équilibre de l'ordre de 71 dollars (d'autres l'estiment à 80 dollars) le baril selon le FMI. Les options sur le brut ont repris des couleurs à la suite de la confirmation de la croissance de l'économie américaine au troisième trimestre, même si ce rebond est tempéré par les incertitudes concernant les pays du sud de la zone euro. Ainsi, sur le marché de New York, les contrats sur le pétrole à échéance pour décembre se sont négociés à 86.71 dollars le baril à la clôture des échanges de la semaine, s'améliorant de 0.15% après avoir enregistré un plus bas trimestriel le 24 octobre à 84.95 USD. A Londres, le Brent a touché son point le plus bas depuis le mois d'aout à 106,80 dollars le baril mercredi dernier. Depuis, les cours remontent légèrement après l'annonce vendredi par le Département du Commerce des Etats-Unis que l'économie américaine avait cru de 2% à fin septembre, dépassant légèrement les 1.9% attendus grâce aux dépenses des ménages, confirmant la croissance de 1.3% observée à la fin du trimestre précédent.

SAISON DES OURAGANS

Cette embellie des prix pétroliers dans un ciel économique tourmenté est nourrie par les craintes quant à la multiplication de phénomènes météorologiques graves, comme l'ouragan Sandy, qui risquent de perturber le fonctionnement des raffineries de pétrole situées sur la côte est des Etats-Unis.

Aux tempêtes naturelles vient s'ajouter la dépression de l'activité, la plupart des prix des matières premières ont baissé cette semaine à la suite de la publication de mauvais résultats de grandes entreprises américaines, et des inquiétudes nourries par la crise de la dette de la zone euro. Amazon, Google, IBM et McDonald annoncent des résultats en recul par rapport aux prévisions alors que Caterpillar le constructeur d'engins de travaux publics a également réduit ses prévisions de ventes pour 2012 en signalant un net ralentissement au quatrième trimestre.

Il reste que ce contexte plutôt négatif a été ? momentanément ? ? égayé vendredi par l'annonce de la croissance meilleure que prévue du PIB des Etats-Unis. Même si les analystes estiment que ce taux a été réduit d'au moins 0,4 points de pourcentage du fait de la grave sécheresse qui a frappé la région céréalière du Midwest.

Pour les analystes, les prix du pétrole restent relativement stables en raison des incertitudes liées aux élections américaines et à la tension persistante au Moyen-Orient. Ce tableau est assombri par le ralentissement continu de l'activité en Europe et les risques de dépression qui se multiplient car selon ces observateurs la crise de la dette souveraine dans la zone Euro n'a pas fini de livrer ses pleins effets.