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Je continue à
vous écrire, Dieu merci la forme est toujours là et j'espère que ça durera le
plus longtemps possible. En toute honnêteté, je vous avoue que la semaine
dernière j'ai omis volontairement de vous parler du Sahara occidental, un des
pays qui se situe lui aussi beaucoup plus prêt de nous, alors que je suis parti
un peu plus loin, loin de nos frontières et oublié nos voisins de l'ouest et le
conflit qui les oppose. L'un indépendant depuis longtemps, l'autre qui aspire à
l'être depuis quelques temps.
Hé oui le dossier du Sahara occidental «empoisonne» les relations avec notre voisin du nord-ouest, et si c'était seulement le seul. Et comme par hasard et comble du bonheur, (et quelle coïncidence !) la question est d'actualité avec la tournée de Christopher Ross, l'envoyé spécial du Chef de l'ONU au Sahara occidental, entre le 26 octobre et le 15 Novembre dans la région nord africaine et européenne. Tout le monde ou presque sait que le Front Polisario mène depuis quelques années une âpre lutte politique pour faire parvenir le royaume du Maroc à reconnaître qu'il s'agit du dernier pays à subir la colonisation, alors que la communauté internationale le crie sur tout les toits de l'ONU, de l'UA et d'autres organisations mondiales et régionales qui le reconnaissent en tant que tel. Le Front Polisario et la République arabe sahraouie démocratique (RASD) tentent sagement de convaincre le palais qu'il s'agit d'une question de décolonisation. Le Polisario avait pendant quelques années essayé de faire comprendre au Maroc, par la voie des armes, que le peuple sahraoui veut son indépendance, mais le palais est resté intransigeant et sourd au bruit des armes, aux morts, aux grandes pertes que subissait la région. Il n'a pas pu faire revenir à la raison les politiques marocains, conseillés par les va-t-en guerre et les marchands d'armes, ses fournisseurs de toujours et ? ses véritables ennemis et de son peuple, abandonné, subissant les affres de la misère. Alors, dites-moi, est ce que les choses vont rester «tel quel», est ce que le peuple sahraoui restera indéfiniment dans cette situation ? Hé bien non ! Je jure devant Dieu et les hommes que le peuple sahraoui jouira un de ses jours de sa liberté et de son indépendance et il en fera ce qui lui semblera le meilleur, selon ses propres choix, que cela fasse plaisir ou non ! Pour cela, il faut reconnaître que le Maroc n'est pas la puissance coloniale qu'étaient la France, l'Angleterre, et à un degré moindre le Portugal. Ces grands pays ont colonisé pendant très longtemps des peuples de plusieurs continents, lesquels, et malgré tout ce qui a été fait, sont indépendants. Et là, je peux vous dire que tout le monde le souhaite et le sait, les Marocains et les Sahraouis, nous et beaucoup d'autres peuples qui goutons au plaisir de la liberté et de l'indépendance. Alors, évitons les tartufferies, regardons la réalité en face et advienne que pourra. Les officiels marocains semblent aimer la politique des petits pas?.qui les mènera un de ces quatre au Grand Pas. Avoir accepté de s'asseoir à la même table avec les Sahraouis est une grande victoire et ce n'est pas encore fini. Du premier round de Manhasset House au quatrième et au?énième ne mènera qu'à l'indépendance. Nous, algériens, savons ce que ce genre de rencontre signifie. Evian existe toujours et sera indéfiniment un repère dans notre histoire nationale et dans celle de la France coloniale. Pour 'occasion, laissez-moi vous raconter quelque chose. Lors des obsèques de feu Chadli Bendjedid, les responsables marocains et sahraouis présents se regardaient, sous cape et de quelle manière ! Ils n'étaient pas comme lors de l'enterrement de feu le président Ahmed Benbella, proches les uns des autres, mais n'étaient pas loin les uns des autres. Ils étaient dans la même rangée. Le protocole présidentiel a fait son travail de manière convenable afin d'éviter un clash médiatique, sur lequel aurait sauté l'agence de presse marocaine (la MAP), et amplifié comme ce fut le cas en avril dernier. Et là, au Carré des Martyrs du cimetière d'El Alia, ils étaient visibles les uns aux autres et il n'y avait qu'à voir combien ils étaient proches surtout quand un membre de la délégation officielle marocaine a quitté sa place pour aller saluer chaudement notre ministre des Travaux publics. Cette personnalité marocaine était à quelques? doigts des responsables sahraouis et cela, nous semble-t-il, ne l'a nullement gêné ni offusqué. Je vous dirais que la tournée de Ross en Afrique du Nord et dans quelques pays européens (dixit le communiqué de l'ONU) nous renseignera sur les intentions du palais royal, lui qui ne le reconnaît pas car n'ayant pas cautionné l'ingérence des Marocains dans les affaires de la Minurso. Est-ce que les Marocains recevront l'envoyé spécial de l'ONU, que lui diront-il s'ils accepteront de l'entretenir ? Vont-ils lui raconter leur plan d'autonomie et quel plan, dites-moi ? Un plan d'annexion pur et simple des territoires du Sahara occidental, niant l'existence d'un peuple qui lutte pour être seulement libre et qui aspire jouir de son indépendance. Croyez-moi que l'entêtement des Marocains ne les mènera nulle part et à aucun résultat. Il ne fera que retarder les échéances qui aboutiront à l'indépendance de la RASD par le biais du référendum d'autodétermination que les instances internationales reconnaissent. Cette situation dure depuis 1974, soit 38 ans, mais n'ira pas aux 132 années que la France a fait subir aux Algériens et qu'elle commence 50 ans après à « reconnaître » à petites doses. Bienvenues à toutes les doses pour que les Algériens s'oxygènent et s'enivrent au fil des cinquantenaires?de liberté. Dans quelques années on dira, sans nul doute, que les Sahraouis ont bien fait d'attendre. Ils auront laissé le temps au temps pour que les générations futures profitent elles aussi de ce que les aïeux ont aspiré et pour lequel ils ont résisté?lors de la colonisation espagnole et du déni?marocain. Je vous dirais enfin que l'Espagne en tant que puissance coloniale initiale des territoires du Sahara Occidental a sa part de responsabilité, car ayant bradé l'avenir d'un peuple. Les chantres des Droits de l'homme qui ont choisi leur camp, pas le meilleur, seront eux aussi jugés par l'Histoire avec un grand H. |
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