A en croire l'édition électronique du quotidien français «Le Monde», se
basant sur des sources de la Défense, Paris a obtenu un premier accord tacite
de l'Algérie, en attendant la visite de François Hollande à Alger, début décembre,
pour soutenir une opération visant à chasser les groupes armés qui ont pris le
contrôle du Nord-Mali, accord qui va jusqu'à tolérer l'inévitable présence à
terre de quelques unités étrangères, notamment françaises. S'il est dans la
logique des événements qui ont secoué cette région du Sahel et la résolution du
Conseil de sécurité de l'ONU, ouvrant la porte à une intervention militaire au
nord du Mali, que l'Algérie soit obligée d'accepter l'engagement de forces
combattantes ouest-africaines à ses frontières sud, l'information faisant état
de la présence à terre d'unités étrangères a de quoi surprendre. Ce n'est pas
autant le quitus algérien qui est en cause puisqu'en acceptant la résolution
2071, Alger savait à quoi s'en tenir, mais c'est cette volonté toute française
d'avoir ses unités d'élite sur terre pour essayer, vraisemblablement, de
libérer par la force les neuf otages européens, dont six français, détenus par
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Si cette information venait à se
vérifier, c'est tout le discours de Paris qui serait remis en question. Depuis
le début du forcing diplomatique français concernant une intervention militaire
au Nord-Mali, les officiels français, à leur tête le président François
Hollande, n'ont pas cessé de répéter que le rôle de la France se limiterait à
un soutien logistique aux forces combattantes maliennes et ouest-africaines.
Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, avait infirmé,
fin septembre dernier, l'information faisant état de la présence d'instructeurs
militaires français au Mali pour encadrer l'armée régulière. Pour «Le
Monde.fr», ce revirement dans la position algérienne répond aux impératifs
sécuritaires de Washington dans cette zone du monde, principalement suite à
l'assassinat de son ambassadeur dans l'attaque de Benghazi et la présence
accrue d'Aqmi dans la région. En parallèle au sommet de Bamako sur la situation
au Mali, une délégation algérienne, conduite par Abdelkader Messahel, le
ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, s'est rendue à
Washington où les questions sécuritaires et maliennes ont été au centre des
discussions bilatérales. Durant cette rencontre internationale, qui s'est tenue
le 19 octobre dernier, l'Algérie n'a eu de cesse de réaffirmer sa vision de sortie
de crise en responsabilisant, en premier, les Maliens et en insistant sur la
concomitance d'un dialogue inter-malien et d'une intervention militaire qui
s'appuie sur l'armée malienne soutenue par les 3.300 hommes de la Communauté
économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). L'Algérie, qui a fait de la
non-intervention militaire sur un territoire étranger un sacerdoce, n'ignore
pas que la communauté internationale n'attend que son engagement militaire aux
côtés des autres forces combattantes pour juger de sa puissance de feu. L'autre
danger qui guette ses frontières est un embrasement général qui pourrait
contaminer les régions sahariennes de l'Algérie où vit une importante
communauté targuie. Sur le terrain, le plan suggéré par les généraux français
prévoit une opération militaire qui débuterait en janvier 2013 et prendrait fin
avant la saison des pluies du printemps. Elle comporterait trois phases qui
passeraient d'abord par une consolidation de la souveraineté malienne sur le
sud du pays et sa capitale Bamako. Ensuite, l'engagement de trois ou quatre
bataillons maliens sur lesquels les armées africaines et leurs alliées européennes
pourront compter pour les combats au Nord.
Après la reprise de plusieurs villes, particulièrement Gao et Tombouctou,
suivra la stabilisation du Nord, en mars. Le plan comprend des bombardements et
l'intervention de forces spéciales. Quant aux Etats-Unis, ils fourniront des
moyens de renseignement. Le quotidien français croit savoir que l'armée
française a déjà dépêché des spécialistes de la planification auprès de la
Cédéao, et pré-positionné des moyens autour du Mali. Outre le soutien de ses
partenaires africains, Paris cherche à rallier les Européens à sa croisade. Les
ministres de la Défense de l'Union européenne pourraient décider, le 19
novembre, d'une mission similaire à celle déployée en Somalie en soutien des
forces de sécurité.