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Journée nationale de la diplomatie : Retour sur les frontières algériennes

par Ghania Oukazi

L'ancien chef du gouvernement, Smaïl Hamdani a rappelé hier, comment l'Algérie a-t-elle tenu, au lendemain de son indépendance, à signer des accords consacrant un tracé clair de ses frontières avec l'ensemble des pays qui lui sont limitrophes.

La conférence de cet ancien ambassadeur a été faite à l'occasion de la Journée nationale de la diplomatie, célébrée le 8 octobre de chaque année, depuis 1962, jour et année où l'Algérie indépendante est devenue membre des Nations unies. Pour cette année, la célébration a été retardée, en raison du deuil qui a été décrété suite au décès de l'ex président de la République, Chadli Bendjedid.

A cet effet, le ministère des Affaires étrangères a organisé, hier en son siège, une cérémonie où l'hymne national a été joué par le corps de la Protection civile et les couleurs levées, en présence des diplomates, anciens et nouveaux, et d'un certain nombre de ministres et de responsables d'institutions de l'Etat. Une gerbe de fleurs a été déposée dans l'enceinte du ministère par le ministre des Affaires étrangères et deux anciens chefs du gouvernement, Réda Malek et Smaïl Hamdani, à la mémoire des diplomates morts dans l'exercice de leurs fonctions. D'ailleurs, c'est la première fois que le MAE honore quelques-uns d'entre eux en premier, entre autres l'ancien MAE, Mohamed-Seddik Benyahia et Ahmed Baghli morts au début des années 80, dans un accident d'avion, Belkacem Touati assassiné durant les années 90 devant la porte de l'ancien siège des AE, et Ali Belaroussi, l'un des deux diplomates exécutés début des années 2001 par les terroristes en Irak.

Dans son allocution d'ouverture, Mourad Medelci a tenu à rendre hommage aux diplomates détenus en otages au Mali. «Je tiens à dire aux diplomates emprisonnés et qui subissent les affres des terroristes que le ministère des Affaires étrangères et les institutions de l'Etat déploient d'importants efforts pour mettre fin à leur calvaire, » a-t-il affirmé. Il avait soutenu avant que « le combat politique et diplomatique aient permis à notre révolution d'acquérir l'aide morale et matérielle des pays étrangers qui ont cru en notre cause.»

Invité à s'exprimer sur le rôle et les missions de la diplomatie algérienne, Smaïl Hamdani qui est président de l'ARI (Association des relations internationales), a donc tenu a rappeler les efforts qu'elle a déployés pour régler des questions cruciales notamment, au lendemain de l'indépendance du pays. Le conférencier a évoqué à cet effet, entre autres, la préservation de l'intégrité territoriale de l'Algérie, la présence militaire française sur le sol algérien après les Accords d'Evian, les hydrocarbures, les vins, la main-d'œuvre et l'émigration algérienne en France.

LA RESOLUTION 2071 NE CONTREDIT PAS LA POSITION OFFICIELLE DE L'ALGERIE »

L'ex chef du gouvernement sous Zeroual et pendant quelques mois sous Bouteflika et qui avait occupé un grand nombre de fonctions politiques et diplomatiques au temps de Boumediene et de Chadli notamment, soulignera que « le Niger a été le premier pays avec qui l'Algérie a signé le tracé de ses frontières. » Le Maroc et la Tunisie avaient pour leur part, exigé de l'Algérie de leur céder à chacun, une partie de son territoire, pour le premier au sud-ouest, Tindouf et pour le second à l'est, la localité d'Edjri « alors que les frontières existaient depuis l'indépendance. » Il a fallu, selon lui, beaucoup de tractations pour régler ces lancinants dossiers. « Il était impératif pour l'Algérie de préserver son intégrité territoriale parce que ses frontières sont des frontières de résistance,» a-t-il indiqué. Ce n'est que le 15 juin 1972 qu'un accord sur les frontières qui égalent 1.380 km a été signé entre l'Algérie et le Maroc, en présence, souligne Hamdani, de 40 chefs d'Etats africains.

Comme avec le Niger, l'Algérie n'a, selon lui, pas eu de problème ni avec le Mali ni avec la Mauritanie à ce sujet. La Libye était pour sa part, convaincue que le tracé était légal mais, a-t-il indiqué, «les Libyens ont voulu garder, à l'époque, cette carte pour faire pression sur notre pays.» Le tracé des frontières algériennes avec la Libye avait pourtant été signé par la France, au milieu des années 50, sous le règne de Senouci mais Kadhafi ne voulait pas le reconnaître.

Les autres questions abordées par Hamdani l'ont été pour dire que «l'Algérie a toujours fait confiance à sa diplomatie pour régler ses problèmes. »

Le conférencier suggère par ailleurs, à l'Algérie de «travailler plus l'Afrique parce que nous sommes un pays africain qui a son importance dans la région. »

Il est clair que ses rappels sur les frontières du pays et le respect de son intégrité territoriale sont pour coller à la conjoncture qui oblige, a-t-il noté « à en préciser l'importance et l'impératif devoir de les protéger. »

Hamdani pense d'ailleurs à propos de la résolution 2071 que son contenu allie «politique et lutte contre les terroristes et les narco-trafiquants », ce qui selon lui, ne contredit pas la position officielle de l'Algérie.