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Il existe mille et une possibilités de relancer la filière du textile
dans un pays qui dispose d'autant de potentialités humaines et matérielles mais
des milieux restent hostiles à l'avènement de l'économie productive. C'est, en
substance, le point de vue qu'Amar Takjout, secrétaire général de la Fédération
nationale des travailleurs du textile et du cuir (FNTTC-UGTA), a défendu jeudi
sur les ondes de la radio nationale: «Il y a des possibilités énormes sauf
qu'il existe des lobbies que ça n'intéresse pas parce que cela menace
l'import-import», a-t-il déploré au micro de la chaîne trois. Il a estimé que
les pouvoirs publics doivent faire preuve davantage de volontarisme dans la
concrétisation du plan de sauvetage du secteur. Même s'il reconnaît qu'il n'est
pas à même de juger du travail accompli depuis la mise en œuvre, fin 2011, du
plan en question. «Je crois savoir que le ministère (Industrie, PME et
promotion de l'investissement, Ndr) a lancé une opération d'évaluation et nous
avons demandé à prendre connaissance des conclusions», a-t-il indiqué. Doté de
deux milliards de dollars, le plan annoncé prévoyait notamment l'effacement des
dettes et la réouverture d'anciennes usines afin de sauver les quelques 20.000
salariés qui activent encore dans une filière qui comptait dans les années 80
des centaines de milliers de travailleurs : «4.000 entreprises privées qui
employaient 200.000 salariées ont disparu du paysage économique au profit de
l'importation parce qu'en Algérie, il est beaucoup plus facile et nettement
plus rentable d'importer que de produire», a encore constaté le responsable
syndical en évoquant également la perte de 30.000 emplois du secteur public
dans les villes de l'intérieur du pays, l'exode vers les grandes villes et le
déséquilibre régional de l'emploi qui s'en suivirent, la chute du taux de
croissance à - 03%... D'où la nécessité, selon lui, que les dirigeants fassent
preuve de plus de détermination dans leur action: «On peut remettre à flots les
infrastructures et usines existantes, relancer toute la production en amont et
faciliter la création de nouvelles usines. On peut profiter de l'expérience des
séniors en attendant de former les nouvelles compétences?», a-t-il suggéré.
DES MARCHES PUBLICS AUX ENTREPRISES NATIONALES Amar Takjout a estimé que l'ouverture annoncée de certaines unités (Meskiana, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi, Frenda, Cheraga..) n'est pas suffisante et que les pouvoirs publics peuvent faire beaucoup mieux en l'élargissant à d'autres villes de l'intérieur du pays comme Tiaret, Sidi Bel-Abbès, Sig : «Il faut également envisager l'ouverture en partenariat avec des binationaux ou étrangers intéressés par l'habillement et toute la filière (?.) Si on mobilise les marchés publics on pourrait récupérer autour de 20% de ce que nous avons perdu, entre 8.000 et 10.000 postes d'emploi», a-t-il assuré en appelant «ceux qui ne croient pas à la relance de la filière de céder la place». Le S.G de la FNTTC a également plaidé pour la réaffectation des marchés publics aux entreprises nationales et l'arrêt des importations massives dont profitent des individus au détriment de la collectivité: «Les entreprises nationales auraient quand même pu produire les couvertures que l'on importe pour les pénitenciers, les hôpitaux, ou les sacs à lettres des facteurs. D'autant que les matières sont disponibles (?) Chaque conteneur importé par les entreprises publiques équivaut à des emplois financés en Chine, en Turquie ,avec les deniers publics», a-t-il encore averti. Très confiant dans les potentialités algériennes, Amar Takjout a même parlé de la possibilité de reconquérir des parts de marché dans le textile qui atteignent péniblement les 02% : «Si on récupère 20%, on peut doubler les effectifs actuels», a-t-il estimé en évoquant le projet algéro-turc (accord en voie de finalisation) de création de deux usines (habillement à Béjaïa et bonneterie à Relizane) qui devrait permettre la création de 4.000 postes d'emploi et la possibilité de mise du produit sur le marché algérien. Les travaux de réalisation des deux complexes dont le coût est estimé à deux milliards de dollars devraient être lancés au premier trimestre de l'année 2013. EXPORTATIONS FRAUDULEUSE DES PEAUX Amar Takjout a également dénoncé la situation déplorable de la filière du cuir marquée par la gestion anarchique des abattoirs ? qui vendent sans factures et ne sont soumis à aucun contrôle - et l'exportation frauduleuse des peaux semi finies depuis que la vente de la matière brute a été interdite : «Nous n'avons pas de chiffres actualisés mais en 2007, l'Italie a acheté pour six millions d'euros de peaux brutes alors que les rentrées en devises enregistrées par les instances compétentes algéreiennes ne dépassent par 200.000 euros. On ne retrouve pas trace de la transaction avec les Italiens», a-t-il lancé, soulignant la nécessité de porter plus d'intérêt à ce secteur. Comme il a mis en évidence l'état désolant des 22 tanneries existantes (dont 17 appartiennent au privé) qui ont grandement besoin du soutien des pouvoirs publics notamment, a-t-il suggéré, à travers l'interdiction d'exportation des peaux semi finies : «Seul le cuir fini devrait être autorisé à l'exportation pour permettre aux entreprises algériennes de prendre en charge sa transformation». |
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