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Lors d'une rencontre dimanche 7 octobre avec le médiateur
de la CEDEAO pour le Mali, le président burkinabé Blaise Campaoré, les
représentants du MNLA se sont dits prêts à engager le dialogue avec les
autorités maliennes. Le chef de la délégation du MNLA Ibrahim Ag Assaleh,
membre du Conseil national de transition de l'Azawad, a déclaré que « le MNLA
ne parle plus d'indépendance du territoire, mais défend son droit à
l'autodétermination qui ne veut pas dire sécession. C'est le droit à la vie, à
la santé, à l'éducation, les droits politiques, le droit à l'expression ».
Cette déclaration conciliante du mouvement rebelle touareg a été faite alors que notre ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, accompagné d'une délégation comprenant de hauts responsables militaires et sécuritaires, effectue un périple avec pour escales successives Nouakchott en Mauritanie, Bamako au Mali et Niamey au Niger dans le but de faire prévaloir l'option du règlement politique de la crise malienne sur celle de l'intervention militaire pour laquelle Paris bataille sur plusieurs fronts. En déclarant qu'il ne parle plus d'indépendance pour l'Azawad, le MNLA a de toute évidence voulu démontrer qu'il fait sien le point de vue algérien consistant à soutenir que les partisans de l'intervention militaire font fausse route en mettant dans le même sac la rébellion touareg dont le MNLA est partie prenante et les groupes armés islamistes qui l'ont évincé du contrôle du Nord-Mali. Le point de vue de l'Algérie gagnerait en crédibilité si le groupe touareg islamiste Ansar Eddine né d'une dissidence dans les rangs du MNLA en vient à adopter la même ligne. Lequel a d'ailleurs fait savoir qu'il n'exclut pas le dialogue et la négociation avec Bamako mais en y mettant le préalable de l'application de la « chariaa » à l'ensemble du Mali. Ce qui évidemment n'est pas acceptable pour les autorités maliennes et a conforté l'impression qu'Ansar Eddine a basculé dans le camp d'Aqmi dont l'objectif est la création au Nord-Mali d'un émirat islamiste base de départ d'opérations de déstabilisation des Etats riverains de cette zone. Il n'en reste pas moins que les Algériens persistent à estimer qu'il est possible d'emmener Ansar Eddine à intégrer le processus du dialogue. Car, malgré l'islamisme militant dont il fait montre, ses relations avec Aqmi sont conflictuelles, au motif que ce mouvement qui contrôle de fait le Nord-Mali est d'origine et de composante étrangères à la région du Nord-Mali. Alger semble ne pas désespérer d'éloigner encore plus Ansar Eddine d'Aqmi, et cela en faisant valoir au premier groupe que les revendications de la rébellion touareg dont il a été protagoniste avec le MNLA n'ont rien à voir avec les buts et objectifs qu'Aqmi poursuit au Nord-Mali. Sauf que si Ansar Eddine est susceptible de rallier le point de vue algérien, il peut tout aussi basculer irrémédiablement dans le camp d'Aqmi et de son allié le Mujao en cas d'une intervention militaire dont la finalité stratégique viserait à en finir et avec les groupes armés islamistes de la mouvance d'Aqmi et avec le mouvement de rébellion touareg. Ce qui est de toute évidence l'objectif assigné à l'intervention militaire demandée par les autorités maliennes, et que la France s'active à mettre sur pied, ignorant en cela les mises en garde de l'Algérie quant aux conséquences néfastes qu'elle induira pour la sécurité nationale des pays riverains du Sahel et pour ce qui reste de la souveraineté nationale du Mali. |
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