Le plan de
rattrapage des infrastructures de base bat son plein en Algérie. Au risque
d'empiler les équipements sur un capharnaüm urbain. Le spectre des années 70
pour l'industrie publique menace à l'identique les investissements des années
2000. Beaucoup de chantiers qui font plaisir le jour du ruban de
l'inauguration. Mais pas «d'après chantiers prévus». Le consultant international
Akli Ourad s'en alarme avec bruits et fracas. L'Algérie ne préserve pas la
valeur des équipements qu'elle finance au prix le plus fort. C'est dans la
ville que cette non gestion des actifs physiques est la plus pénalisante. Et
dans la ville qu'elle fait appel à une nouvelle gouvernance. Qui réfléchit de
manière intégrée au développement urbain. L'autoroute Est-Ouest a sans doute
perdu déjà 20% de sa valeur physique parce que l'Etat n'a toujours pas donné en
concession l'exploitation de ses divers tronçons? déjà en reconstruction pour
les plus anciens. C'est ce qui arrive à la ville ces dernières années.
Investissements urbains perdus. Il est l'heure de réagir. Peut-être avec le
nouveau ministère de la Ville. Et le plan 2030 pour Alger. Qui prévoit beaucoup
de projets, mais pas encore l'instrument pour rendre leur gestion efficace. Le
management de la ville, son aménagement dans le territoire est une urgence
prospective brûlante. Car la voiture, et avec la nouvelle demande sociale des
citadins, sont déjà là. Pour les véhicules, les chiffres donnent le tournis.
260 000 importations uniquement sur le premier semestre de l'année. Une folie
que la ville ne peut encore accueillir. Les politiques publiques ont été prises
à revers alors qu'elles pensaient contenir le rush vers le tout-automobile des
Algériens en leur supprimant le crédit à la consommation. Une mesure de LFC qui
n'avait pas prévu que les rappels aux fonctionnaires allaient la rendre
inopérante. Exactement comme tourne au burlesque, l'instauration, à postériori,
du droit de préemption sur la circulation des parts dans les investissements
étrangers. Une autre mesure de LFC. Après Djezzy qui a changé de propriétaire,
Nedjma va le faire à son tour. Sous le regard d'une législation algérienne hors
champ.