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Officiellement, la crise malienne et ses répercussions sur la
sécurité régionale n'étaient pas au menu des travaux du sommet à La Valette des
chefs d'Etat et de gouvernement des cinq + cinq. Elles ont par contre constitué
l'essentiel de l'entretien qu'ont eu en marge de ce sommet le président
français François Hollande et notre Premier ministre Abdelmalek Sellal. Sur le
sujet qui fait problème entre les deux Etats, Hollande et Sellal n'ont pu que
constater la persistance des divergences. Leur échange s'est en fait résumé à
réaffirmer la position respective de leurs pays sur la question. Paris, comme
l'a déclaré François Hollande à La Valette, est toujours déterminé à obtenir le
feu vert de l'ONU pour l'intervention militaire à laquelle les autorités
algériennes manifestent une hostilité dont la diplomatie française a mesuré la
force de frappe. Algériens et Français ont multiplié les contacts bilatéraux en
vue de tenter d'aplanir leurs divergences sur ce dossier crucial de la crise
malienne par crainte qu'en restant campés sur leurs positions respectives c'est
le projet même de la normalisation des relations algéro-françaises souhaité par
les deux capitales qui risque de capoter.
En l'absence d'un rapprochement sinon d'une entente entre les deux Etats sur l'option à privilégier pour le traitement du problème malien, il y a de fortes chances, croyons-nous, que la visite d'Etat que compte faire François Hollande en Algérie avant la fin de l'année risque d'être renvoyée aux calendes grecques pour cause de climat politique contrariant dans les relations d'Alger et de Paris. Alger a vu d'un bon œil l'arrivée à l'Elysée du candidat socialiste qui semblait animé de l'intention d'avoir plus d'égards pour le statut de puissance régionale de l'Algérie, contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy qui a sciemment ignoré cet aspect dans son traitement des affaires de la région où l'Algérie estime à bon droit avoir son mot à dire et voir ses intérêts nationaux pris en compte. En cinq mois de présidence, la cote de François Hollande en Algérie s'est singulièrement affaissée. Pas uniquement à cause de sa position sur la crise malienne, mais elle y a grandement contribué tout de même. En s'affichant interventionniste tout crin dans la crise malienne, le nouveau président français a imposé l'image dans l'opinion algérienne qu'il a chaussé les bottes de son prédécesseur et que tout comme lui il a sur l'Algérie une vision et des idées incompatibles avec l'objectif censé être visé par les deux pays : l'établissement de relations exceptionnelles et privilégiées. Alger et Paris se livrent un bras de fer diplomatique sur la question malienne dont l'issue laissera des séquelles inévitables. L'ont voit mal François Hollande et Abdelaziz Bouteflika jouer à Alger la scène « des retrouvailles algéro-françaises » quelques semaines après la décision sur le conflit malien que prendra la semaine prochaine le Conseil de sécurité de l'ONU. L'un et l'autre sachant qu'elle aura été l'influence de leurs diplomaties nationales respectives sur son orientation. La crise ouverte dans les relations algéro-françaises par les divergences entre Alger et Paris sur la question malienne a dissipé plus vite que prévu l'ambiance euphorique qui s'était installée dans les milieux algériens et français prônant le rapprochement des deux nations sur la base du respect mutuel de leurs intérêts nationaux. Un objectif qui cette fois s'enlisera dans les sables du Nord-Mali. |
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