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Les entretiens, jeudi, à Paris d'Abdelkader Messahel, notre
ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, avec
successivement le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius,
Jean Félix Paganon, représentant spécial de la France pour le Sahel, et enfin
Hélène Legalle, chargée de l'Afrique au sein de la cellule diplomatique de
l'Elysée, ont semble-t-il permis de constater une « large convergence de vues »
entre Alger et Paris sur le brûlant dossier de la crise malienne. Les deux
parties ayant paraît-il exprimé un point de vue concordant sur l'importance de
la préservation de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale du Mali
ainsi que sur la définition de la menace représentée par le terrorisme et le
crime transnational organisé. En revanche et le silence fait sur l'échange au
cours de ces entretiens sur la question cruciale de l'option à privilégier pour
aider le Mali à sortir de sa crise, prouve qu'Alger et Paris ne sont pas
parvenus à rapprocher leurs points de vue.
Il ressort en effet que ce qui s'est dit sur le sujet entre Messahel et ses interlocuteurs français n'a pas abouti au rapprochement des positions des deux parties. Certes, il a été déclaré qu'elles ont affirmé que l'option politique préconisée et défendue par l'Algérie demeure « incontournable ». Mais la France n'a pas pour autant renoncé à la sienne qui est celle de l'intervention militaire en faisant valoir « une approche globale » qui ne l'exclut pas. D'ailleurs Paris est toujours déterminé à obtenir l'aval du Conseil de sécurité pour une opération militaire, alors que pour le compte de l'Algérie Messahel est parti de Paris à Bamako pour tenter de faire revenir les autorités maliennes sur leur demande auprès du Conseil de sécurité d'une résolution onusienne allant dans ce sens. L'Algérie et la France sont indubitablement d'accord sur le fait que la situation au Sahel induit des menaces sérieuses pour leurs sécurités nationales respectives. Les deux Etats sont également d'accord qu'Aqmi est leur ennemi principal. Ce qui aurait dû en toute logique en faire des alliés contre cette menace commune. Jusqu'à un certain point c'est le cas. Ce qui se traduit par une coopération qui semble fructueuse au plan de l'échange du renseignement. Ils s'opposent malgré cela franchement sur la stratégie de lutte à déployer contre ce groupe armé terroriste. L'Algérie estimant que la définition de celle-ci et des acteurs à qui revient l'application est du ressort exclusif des Etats du champ sahélien. La France voulant s'arroger la tutelle de ce qui doit être entrepris dans la région en terme de lutte contre le terrorisme. Leur divergence s'accentue par le fait que l'Algérie préconise sur la crise malienne la nécessité que pour isoler Aqmi au Nord-Mali, il y a lieu de favoriser un dialogue politique entre les autorités maliennes et les autres groupes armés qu'Aqmi existant dans cette région. Sous prétexte de défendre l'intégrité territoriale du Mali et son unité nationale, la France ne reconnaît pas la légitimité des revendications de ces groupes armés qui donnent pourtant signe de ne pas vouloir remettre en cause cette intégrité et cette unité si le pouvoir de Bamako accepte d'engager le dialogue avec eux. En fermant la porte à cette option du dialogue avec une partie des groupes armés du Nord-Mali et en lui substituant celle de l'intervention armée, l'ont fait le jeu d'Aqmi qui sera alors en situation de les rallier sous sa bannière, ce qui ne fera que lui procurer un surcroît d'assise à son implantation dans la région et rendre aléatoire le résultat d'une intervention militaire contre elle. |
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