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Trafic de stupéfiants : 10 tonnes de kif saisies en six mois

par Moncef Wafi

Le bilan semestriel des saisies des différentes drogues, rendu public sur le site internet de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), confirme, si besoin est, l'ampleur prise par le trafic de stupéfiants en Algérie.

Il est de notoriété publique que le trafic de drogue a explosé à l'ombre de la décennie noire, exploitant la particularité du moment. Des cartels sont nés sous l'œil bienveillant de complicités insoupçonnées, des fortunes ont été bâties, recyclant l'argent sale dans l'immobilier et des légendes sont nées à l'image de Zandjabil. Chaque jour apporte son lot de saisies et d'arrestations, plus importantes les unes que les autres, offrant de l'Algérie l'image d'un pays de transit et de consommation. La proximité du Maroc, les moyens mis en place par les narcotrafiquants, une certaine porosité des frontières ont rendu le pays vulnérable à une véritable déferlante de drogue.

Outre le traditionnel cannabis, l'Algérie a fait connaissance avec l'héroïne et la cocaïne via des trafiquants venus du ciel. Les saisies, quoique de quantités moindres, au niveau des aéroports et particulièrement celui d'Alger se sont multipliées ces dernières années et les ressortissants africains sont plus que jamais surveillés. Le 7 décembre dernier, cinq Nigérians, âgés entre 32 et 43 ans, avaient été arrêtés par la police de l'air et des frontières (PAF) à l'aéroport international d'Alger en provenance de Madrid, pour transiter sur Niamey. Ils avaient dans le ventre des capsules pleines de cocaïne pure, d'un poids total de 5,6 kilogrammes. En mai 2012, près de 1,5 kg de cocaïne a été saisi par les douaniers sur un voyageur africain en provenance de Ouagadougou toujours à l'aéroport d'Alger. Cette drogue dure destinée à un marché particulier, vu le prix d'un rail, n'est pas seulement l'apanage des passagers africains mais également de nationaux, dont certains, sous couvert de leurs fonctions, ont mis en place tout un système pour le trafic. Côté chiffres, les services de police ont saisi entre mars et août 2012 plus de 10 tonnes de résine de cannabis, 150 g d'héroïne, 5,996 kg de cocaïne et 90.000 comprimés psychotropes. Ces opérations ont conduit à l'arrestation de 1.760 personnes impliquées dans 1.116 affaires liées à la drogue à travers le territoire national. Pour mener à bien sa « guerre » contre les réseaux criminels spécialisés dans le trafic de drogue et psychotropes, la DGSN a déployé les gros moyens en se dotant d'équipements et d'appareils modernes dont des hélicoptères. Ainsi, deux des 10 hélicoptères de dernière génération de type Agusta commandés à l'Italie sont venus, dernièrement, renforcer l'actuelle flotte de la DGSN composée de quatre hélicoptères déjà opérationnels depuis 2003, date de la création de l'unité aérienne nationale d'Alger à la faveur du décret exécutif 03-151 du 02 avril 2003. La réception des huit autres appareils est prévue pour la fin de l'année en cours. Les deux hélicoptères sont dotés de caméras ultra-sophistiqués de télésurveillance et de tous les équipements nécessaires qui seront utilisés lors des survols avec comme missions principales la poursuite des véhicules suspects, entre autres objectifs.

Pour se renforcer à l'est et à l'ouest du pays, considéré comme l'épicentre du trafic de drogue, la DGSN compte créer, dès le début de l'année 2013, deux unités aériennes à Sétif ou Constantine et à Oran. D'autres mesures sont également prises comme la création d'équipes anti-stupéfiants au niveau de toutes les wilayas et des services régionaux ont été mis en place à l'est et l'ouest du pays comptant dans leurs rangs des agents aguerris dans la lutte contre les stupéfiants.

Ces unités, fortes de leurs expériences sur le terrain, travaillent en collaboration avec les différents services de la sûreté nationale, notamment les directions de la police des frontières aériennes, terrestres et navales. La DGSN compte également, dans sa lutte contre les narcotrafiquants, sur l'entière collaboration des citoyens en mettant à leur disposition un numéro vert (1548). En juin dernier, les gardes-frontières algériens ont saisi trois véhicules chargés de huit tonnes de chira en provenance du Maroc, lors de deux opérations distinctes non loin des frontières séparant les deux pays. Daho Ould Kablia, estime, quant à lui, que quelque 64 tonnes de cannabis sont saisies annuellement en Algérie.