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Quand la diplomatie algérienne se bouge

par Kharroubi Habib

Sur le dossier malien, la diplomatie française a été mise en échec à l'Assemblée générale de l'ONU. Elle n'a pas en effet obtenu malgré son lourd pressing que cette instance onusienne avalise la demande d'intervention militaire étrangère au nord du Mali présentée par les autorités de Bamako et coparrainée par la CEDEAO et Paris. Cet échec s'ajoutant à celui essuyé précédemment par les acteurs devant le Conseil de sécurité ne doit pas faire conclure que pour eux l'option interventionniste est morte et enterrée. Au contraire, ils se préparent à la remettre sur le tapis au Conseil de sécurité avant la mi-octobre. Pour leur nouvelle tentative d'arracher l'aval onusien, ils vont devoir revoir la copie du plan d'intervention militaire programmé par la CEDEAO rejeté par le Conseil de sécurité au motif de son « impréparation notoire et d'absence de stratégie militaire claire ». Il leur faudra aussi et surtout compter avec le rejet majoritairement exprimé à l'Assemblée générale de l'ONU de l'option préconisée par eux.

A l'activisme français en faveur de l'intervention s'oppose celui de l'Algérie privilégiant les négociations au Nord-Mali. Souvent accusée d'être timorée et de faire profil bas, la diplomatie algérienne a fait feu de tout bois sur la question du conflit malien. Et elle a su, il faut le lui reconnaître, être convaincante. Alger est arrivée à rallier à son point de vue non seulement des Etats du champ sahélien, mais des puissances extracontinentales sur le soutien desquelles Paris a misé pour faire triompher le sien. Entre autres les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui au moment où la demande malienne d'intervention se débattait au sein de l'Assemblée générale de l'ONU, ont fait savoir à travers de multiples canaux qu'ils sont non seulement réservés sur l'option mais favorables à la démarche algérienne.

Confrontés à l'incontournable opposition de l'Algérie au dessein malien de la France, Français Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius savent qu'ils doivent avoir une explication franche avec Alger. Ce qui aura probablement lieu au sommet des « 5+5 » qui aura lieu ces 5 et 6 octobre dans la capitale maltaise La Valette. Il le faut bien car les autorités algériennes n'accepteront jamais la récidive d'un scénario à la libyenne au Mali au vu des conséquences qui en découleront irrémédiablement sur la sécurité nationale de l'Algérie et celle de l'ensemble régional sahélien. Alger est en bon droit de faire valoir que ses intérêts nationaux et de puissance régionale sont en cause dans le conflit malien et que si la France n'en a pas tenu compte dans la crise libyenne, l'Etat algérien s'emploiera à les faire respecter en l'occurrence.

Peut-être que François Hollande et le gouvernement socialiste soucieux de ne pas apparaître moins activistes sur la scène internationale que leurs prédécesseurs vont-ils être tentés de passer outre la prévention internationale et l'opposition de l'Algérie et lancer une opération militaire au Nord-Mali avec leurs inconditionnels « alliés » africains. A leurs risques et périls et plus exactement au péril de mettre à feu et à sang la région et de subir la plus cuisante des déroutes dont les répercussions seront chaotiques et créeront une situation qui échappera à tout contrôle au seul bénéfice des groupes islamistes armés dont elle renforcera les capacités de nuisance.