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DES VA-T-EN-GUERRE ET DES DIPLOMATES BAVARDS

par M. Saadoune

Les rencontres consacrées au Mali en marge de l'Assemblée générale des Nations unies ont été marquées par un forcing interventionniste de la France et de certains pays de la Cédéao. Si la mise en exergue de la mainmise des groupes djihadistes sur le nord du Mali et leurs actions - les destructions de mausolée, l'application de châtiments présumés fondés sur la Charia, etc. - a permis de souligner «l'urgence» de la situation, elle n'a pas pour autant vaincu toutes les réticences. C'est l'enseignement général qui est retenu de la réunion sur le Sahel, organisée mercredi à New York.

Le président François Hollande, en pointe, certains journaux français parlent de «va-t-en-guerre», a demandé une réunion du Conseil de sécurité pour obtenir l'aval de l'organisation onusienne à la «reconquête» du Nord par les forces de la Cédéao. Pour lui, «toute perte de temps serait une complication supplémentaire». Il a donc demandé une résolution sous chapitre VII pour permettre à la force d'intervention de la Cédéao d'être organisée et être mise en «mouvement le plus rapidement possible». Les Américains ont maintenu des réserves déjà exprimées par le passé en insistant sur la priorité de rétablir l'Etat de droit à Bamako. En juin dernier, le secrétaire d'Etat adjoint US chargé des questions africaines doutait de la capacité d'une force de la Cédéao de s'occuper d'une «entreprise très lourde» de reconquête du nord du Mali. Hillary Clinton a exprimé, mercredi, les mêmes réserves en insistant sur le «préalable de Bamako». Le Mali est bien une «poudrière», a-t-elle dit, et seul un «gouvernement démocratiquement élu aurait la légitimité de négocier un accord politique au nord du Mali, de mettre fin à la rébellion et de restaurer l'Etat de droit».

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, est allé dans le même sens en soulignant qu'une solution militaire «devrait être envisagée avec une extrême prudence» car elle pourrait «avoir de graves conséquences humanitaires». Ces réserves montrent que l'aval du Conseil de sécurité n'est pas acquis. Même s'il n'y a pas de rejet vigoureux de l'intervention et que le veto n'est pas envisageable, plusieurs pays membres du Conseil de sécurité ne seront pas pressés de donner le coup de starter à l'intervention militaire. On peut constater que la réticence à l'intervention ne se limite pas à l'Algérie contre laquelle des diplomates français anonymes et très bavards multiplient les piques ces derniers temps. C'est le cas de l'un d'eux qui se demande, à voix haute dans un grand journal français, si les Algériens ne «privilégient pas plus une sorte de pacte de non-agression avec Aqmi que son éradication».

L'ALGERIE N'EST PAS LA SEULE A DOUTER DE LA VIABILITE D'UNE TELLE INTERVENTION ET DE LA CAPACITE DES FORCES DE LA CEDEAO A MENER LA RECONQUETE. A MOINS QUE LA FRANCE FINISSE PAR S'EN CHARGER EN S'IMPLIQUANT AU-DELA DU «SOUTIEN LOGISTIQUE» DANS LA «RECONQUETE». SUR LE FOND, MEME QUAND ON NE S'OPPOSE PAS « PAR PRINCIPE» A UNE INTERVENTION MILITAIRE, ON NE PEUT PAS IGNORER QUE L'ARMEE MALIENNE N'EST PAS OPERATIONNELLE. ET QUE L'AUTORITE POLITIQUE MALIENNE EST SOUS LA MENACE CONSTANTE DE PUTSCHISTES QU'ON AFFUBLE, AVEC UNE SORTE D'HUMOUR NOIR, DU LABEL «D'EX» ALORS QU'ILS SONT PLUS ENVAHISSANTS QUE JAMAIS. S'EMPRESSER DE COURIR ARMES EN MAIN AU NORD EN FAISANT MINE D'IGNORER QUE LE PLUS GROS DES PROBLEMES SE TROUVE A BAMAKO, C'EST CELA L'AMBIGUÏTE MEME. C'EST CLAIREMENT CE QU'EXPRIMENT CLINTON ET BAN KI-MOON SANS QUE DES DIPLOMATES TRES DISERTS LEUR PRETENT DE COUPABLES INTENTIONS.