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L'offre de dialogue adressée aux rebelles par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, semble un exercice de pure forme, les préparatifs de l'intervention militaire s'accélèrent. Paris et ses alliés des pays de la Cédéao sont déjà engagés avec des révélations sur la présence de forces spéciales françaises dans la zone. Ces faits succèdent à des informations sur des rotations effectuées par des drones dans le nord du Mali. Les réserves émises par les militaires maliens contre une présence de militaires de la Cédéao ont été levées. Un accord a été trouvé entre la Cédéao et le Mali sur un déploiement de «troupes non combattantes» à Bamako. Il s'agit surtout de mettre les formes. Un QG de la Cédéao sera bien établi à Bamako même si on insiste sur la synergie «permanente avec les autorités maliennes» pour mener la bataille de la «reconquête» du nord du Mali. L'accord permettait d'aller à l'Onu défendre, dans des meilleures conditions, l'appel à soutenir une intervention militaire contre les groupes djihadistes qui ont pris possession du Nord. Les préparatifs de guerre l'emportent très largement sur une «offre de dialogue» qui a peu de chance d'avoir des résultats, les groupes djihadistes ayant exigé, immédiatement, l'application de la charia. Certains observateurs relèvent que le dialogue ne peut concerner que les rebelles targuis et non les groupes djihadistes qui sont classés organisation «terroriste» au niveau international. Le MNLA ne dispose pas de marge de manœuvre pour refuser, et de toute façon, le choix qu'il fera sera sans incidence en raison de sa faiblesse sur le terrain. Reste Ançar Eddine qui paraît très soudé aux groupes djihadistes et qui ne peut accepter l'offre sans entrer en conflit avec eux. UN IMPROBABLE REVIREMENT D'ANÇAR EDDINE Cette dernière hypothèse sera un renversement de situation totalement inattendu, et c'est ce qui la rend très improbable. Surtout que les préparatifs de l'intervention sur le terrain vont de pair avec un activisme diplomatique sur la situation au Nord, en marge de l'Assemblée générale de l'Onu. La question du nord du Mali va ainsi être une des questions prioritaires pour le président français, François Hollande, à New York. Paris, qui a déjà déclaré qu'une telle intervention était «inéluctable», soutient fortement les pays de la Cédéao à aller en opération, tout en soulignant qu'elle se contenterait d'apporter un appui logistique. AQMI a d'ailleurs, en prévision d'une telle opération, mis la vie des otages français dans la balance en diffusant une vidéo. Mais certaines informations font état d'une centaine de membres de Forces spéciales françaises déjà présents qui seraient rejoints par des commandos de la marine. LIBERER LES VILLES EST FACILE, LES TENIR EST PLUS DIFFICILE La France apporterait aussi une aide en matière de renseignement et formerait des éléments de la Cédéao dans la perspective d'une reprise en main du Nord tombé entre les mains des rebelles d'Ançar Eddine et de ses alliés djihadistes, AQMI et Mujao notamment. Le nombre des islamistes armés qui tiennent le Nord est estimé, selon les sources, entre 200 et un millier d'hommes auxquels il faudrait ajouter des recrues nouvelles, 3.000 à 4.000 hommes, qui ne sont pas formés et aguerris. Techniquement, la reprise des villes par une force armée organisée ne devrait pas poser de difficultés. Le vrai enjeu est de les «tenir» face au harcèlement qu'exerceront les djihadistes. La volonté de certains pays de la région, et notamment l'Algérie, de pousser les groupes targuis à prendre leur distance à l'égard des djihadistes et d'entrer dans un dialogue national avec Bamako a justement pour objectif d'éviter une telle situation. Mais à l'évidence, cette approche n'est pas partagée par Paris et les pays de la Cédéao sous son influence. L'intervention militaire est déjà en marche. |
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