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Abdelaziz Nacer au Quotidien d'Oran ? Maghreb Emergent : «L'Institut algérien du pétrole veut s'ériger en pôle d'excellence»

par Ingrachen Amar

Comment s'opère le recentrage de l'Institut Algérien du pétrole vers ses missions originelles de formation des compétences dont a besoin le groupe Sonatrach ? Quelles sont les ambitions en matière d'une école qui fait courir beaucoup de postulants mais où les places sont limitées ? M. Abdelaziz NACER, directeur central de l'IAP, apporte des éléments de réponse.

En 2007, l'IAP était devenu une Société par actions (SPA). Pourquoi ?

Une circulaire du ministère de tutelle publiée en 2005 a décidé de la filialisation des Institutions de formation. Une société par actions a été créée en janvier 2007 avec un capital de 1,5 milliards de dinars. Sonatrach y détient 82%, ses deux filiales, Naftal et Naftec, détiennent 4% pour chacune et le norvégien Statoil y détient 10%. La SPA IAP a été chargé de mettre en œuvre une politique de formation pour le secteur de l'Energie et des Mines, toutes spécialités confondues. C'était une SPA spécifique. Les dividendes n'étaient pas distribués aux actionnaires. C'est un actionnariat de solidarité dont l'objectif est d'aller vers un meilleur fonctionnement et d'assurer un transfert des technologies.

L'IAP abandonne maintenant le statut de SPA, qu'est ce que cela apporte de plus à l'Institut et à Sonatrach ?

Le changement de statut de l'IAP s'est imposé, il était nécessaire de mettre fin au caractère commercial de la société par actions. Il n'existe pas d'institution de formation similaire à l'IAP qui soit dotée d'un statut SPA. Cette SPA est aujourd'hui en liquidation et la nouvelle entité IAP ne fonctionne plus comme avant. En réalité, nous retournons aux missions originelles de l'IAP en axant sur la qualité de la formation et sur l'adéquation des programmes de formation avec la réalité du secteur des hydrocarbures. Nos programmes sont validés par les experts métiers de Sonatrach et seront par la suite certifiés pour répondre aux standards internationaux. L'approche formation alterne cours avec études de cas, mini projets et projets de cours avec de nombreux stages et visites en milieu professionnel, ce qui facilite l'intégration dans le milieu industriel. Nous dispensions par ailleurs, un minimum de trois mois d'anglais intensif pour nos étudiants afin qu'ils jouissent d'une meilleure aptitude en matière de communication. Les conditions d'admission à l'IAP sont devenues très sélectives. Nous sommes passés à BAC + 7, comme input d'entrée pour la formation de spécialisation. En 2011, sur 3073 postulants, nous avons admis uniquement 200. Nous avons intégré une direction recherche et développement pour relancer l'activité de recherche appliquée au sein de l'Institut et améliorer ainsi nos cursus de formation. Pour l'encadrement, nous sommes conformes aux standards internationaux avec une moyenne d'un enseignant pour dix étudiants. C'est un bon ratio si on le compare aux universités étrangères de renom. Aussi, nous disposons d'un encadrement idoine, composé de 50 % d'enseignants permanents et de 50 % d'experts métiers. Notre conviction est que l'on doit assurer la formation d'une masse critique de compétences requises par le développement technologique et la compétition internationale pour donner les meilleurs à la Sonatrach afin qu'elle continue à être performante et compétitive.

Est-ce que l'IAP arrive à couvrir tous les besoins de la Sonatrach ?

L'IAP forme en fonction des demandes exprimées par la Sonatrach. Nous pouvons dire que nous répondons, dans la limite de nos capacités pédagogiques, aux besoins qui sont exprimés par la Sonatrach. Il y a, c'est vrai, un petit déficit en matière de certification en superviseurs forage. Il est en train d'être résorbé par les écoles IAP, notamment celles de Boumerdès et de Hassi Messaoud. L'IAP s'est élargi, par l'intégration de l'Ecole Hassi Messaoud (Ex Naftogaz) spécialisée dans la formation de techniciens supérieurs dans le forage, la production et l'exploration pétrolière. Nous dispensons des formations dans 19 domaines d'activité et les efforts se concentrent sur les métiers de bases : pétrole et gaz, exploration, transformation et transport des hydrocarbures. Nous couvrons pratiquement la chaine pétrolière et gazière du secteur des hydrocarbures dans sa totalité y compris l'économie pétrolière et le procurement.

Quelles sont les perspectives d'avenir de l'IAP?

L'IAP se doit de recentrer ses activités sur les préoccupations réelles du secteur des hydrocarbures et d'aligner ses objectifs de formation avec la vision stratégique du secteur, en matière de développement des Ressources Humaines. Et c'est chose faite ! L'orientation générale vise le retour de l'IAP à sa vocation originelle en rapport avec les activités et les métiers des zones de son implantation avec une prise en charge du point de vue qualitatif des besoins en formation pour les métiers de l'Industrie des hydrocarbures. L'objectif du redéploiement est d'ériger l'IAP «en pôle d'excellence» tout en le dotant d'une autonomie de gestion. Et de créer les conditions pour constituer un véritable pôle de réflexion et d'anticipation en termes de stratégies de formation et de recherche découlant des objectifs de développement du secteur des hydrocarbures. La démarche implique une structure de formation et recherche adaptée aux besoins du secteur. Ces structure sera dotée d'un Conseil d'Orientation qui sera un cadre de propositions en matière de stratégie et de politique de formation et de recherche ; et aussi d'un Conseil Scientifique, un organe consultatif qui aura notamment pour attributions d'approuver des programmes de formation et recherche & développement et l'évaluation des activités de recherche. Il s'agit, en un mot, de mettre en place d'un outil de formation efficient, d'amélioration des connaissances et de comportements pour prendre en charge les besoins de Sonatrach afin qu'elle se focalise exclusivement sur son corps de métiers.