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EL-BAYADH : PRIORITE A LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

par Hadj Mostefaoui

Fait rarissime et il y a de quoi surprendre plus d'un, il existe de nos jours des hommes qui font de la préservation de la nature, leur cheval de bataille. Il s'agit bel et bien, d'une rare espèce d'hommes et de femmes téméraires, hélas en voie d'extinction et élevée dans le strict respect de la nature, qui survit dans le pays contre vents et marées, loin des arènes politiques et électorales. Consciente de la gravité et des conséquences de l'avancée du sable, la société civile, sans se faire prier cette fois-ci, enfile son tablier et met sérieusement la main à la pâte. Pas moins de 39 représentants d'associations de défense de l'environnement, issues de 14 wilayas de l'Est, du Centre et de l'Ouest du pays, se sont donnés rendez-vous, ce jeudi matin, au siège de l'O.D.E.J «Benameur Tennah» d'El-Bayadh, aux côtés des responsables du H.C.D.S, de l'Agence nationale de la nature, de la conservation des Forêts et de la D.S.A. pour débattre des problèmes liés à la lutte contre l'avancée du sable et par voie de conséquence, la désertification afin de mettre sur pied une organisation nationale de lutte contre la désertification (O.N.L.C.D) un instrument efficace de lutte, capable de toucher les différents acteurs du monde agro-pastoral et enfin de sensibiliser le citoyen sur la protection de l'environnement. Les participants à cette rencontre ont pu mettre, tour à tour, en relief l'avancée inexorable du sable et l'une de ses conséquences directes, à savoir la désertification, qui pèse lourdement sur les terres agro-pastorales et plus particulièrement qui ne cesse de grignoter les terres riches agricoles du nord du pays ainsi que les hautes plaines qui s'étendent de Tébessa à El-Aricha, en passant par El-Baydh et Djelfa. L'arrachage systématique de l'Alfa, le surpâturage, l'érosion éolienne, les labours sauvages et l'avancée du béton au nord du pays ainsi que la pauvreté des sols en milieu steppique, sont autant de facteurs dégradants aux conséquences très graves sur l'avenir de l'agriculture et de l'élevage, soulignera l'un des participants, en l'occurrence M. Aïssa Belhadj, un grand exploitant agricole de la région, qui tire la sonnette d'alarme sur la situation inquiétante qui prévaut actuellement dans le monde rural.

Même si beaucoup reste à faire, il y a lieu de rappeler que les actions très significatives, menées par les pouvoirs publics dans la seule région d'El-Bayadh, dans le cadre de la lutte contre la désertification ne sont plus à démontrer. Des opérations de reboisement ont touché au cours des années précédentes, pas moins de 22.000ha de terres, en sus de la mise en défens d'un million d'hectares de terres, en milieu steppique. De son côté, le H.C.D.S a concrétisé récemment une vaste opération de plantation d'espèces fourragères (Atriplex) sur plus de 13.000 ha, suivie de la mise en défens de 778.000 ha, à travers cette même région. Une goutte d'eau dans cette vaste étendue des hautes plaines steppiques et des zones semi-sahariennes. Cette organisation nationale de lutte contre la désertification qui vient de naître, s'est fixée également comme objectif la vulgarisation des textes relatifs à la sensibilisation du citoyen, dans les différents établissements d'enseignement qui devra prendre conscience des dangers de la désertification et des actions de protection à mener individuellement ou collectivement, à long et moyen termes et enfin la contribution à la lutte contre la désertification.

C'est tout un arsenal de mesures préventives et de moyens préconisés qui devront être mis en œuvre. «La protection de la nature et de l'environnement ne s'apprend pas, elle se cultive», conclura avec brio, un participant, originaire de la wilaya de Naâma, à cette rencontre, venu de l'extrême/est du pays et qui, nous dit-il, se bat bec et ongles pour la sauvegarde des terres fertiles de sa région. Gageons que le bureau de cette organisation (O.N.L.C.D), qui vient de voir le jour trouvera auprès des pouvoirs publics des oreilles attentives pour concrétiser le vœu émis par tous les écologistes et verts du pays, à savoir la sauvegarde de notre seule et inépuisable richesse : la terre nourricière.