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Paris et la CEDEAO font le forcing sur Bamako

par Kharroubi Habib

La CEDAO dont les ministres de la Défense et des Affaires étrangères réunis à Abidjan en Côte d'Ivoire ont réaffirmé la volonté de leurs Etats de «soutenir et d'encourager le Mali dans ses efforts visant à la reconquête légitime de son intégrité territoriale», exerce de fortes et insistantes pressions sur les autorités de Bamako pour qu'elles acceptent le déploiement au Mali de la force militaire qu'elle se dit prête à envoyer. Le président de la commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouedraogo, s'est fait l'interprète de l'impatience des Etats membres de l'organisation régionale africaine face à ce qu'ils estiment être des tergiversations auxquelles s'adonneraient les autorités maliennes alors que selon lui «l'heure est à l'action concertée car il faut agir face à l'inacceptable et face aux criminels de toute sorte qui occupent le Nord-Mali». En fait, le forcing de la CEDEAO en faveur de l'intervention militaire au Mali est orchestré en sous-main par Paris qui ne voit que cette solution comme issue à la situation confuse qui règne au Mali. La force militaire que peut envoyer la CEDEAO n'est nullement en capacité de rétablir seule l'autorité de Bamako sur l'ensemble du territoire malien. Incapacité que la France compte exploiter en lui fournissant l'assistance militaire de ses propres troupes.

Ce qui lui permettrait de passer outre l'opposition que des Etats du champ sahélien dont l'Algérie ont formulée contre l'intervention de forces étrangères à la région. A Bamako, les autorités gouvernementales, les forces politiques et l'encadrement militaire sont divisés sur la décision à prendre entre solliciter une intervention militaire étrangère franche et un soutien à l'armée malienne limité comme l'a précisé le président Dioncounda Traoré à un appui aérien et logistique.

En plus des pressions qu'elle exerce sur Bamako pour pousser les autorités maliennes à se prononcer franchement en faveur de son projet interventionniste qui a les faveurs françaises, la CEDEAO a entrepris de concert avec Paris une campagne diplomatique pour faire accepter ce point de vue par le Conseil de sécurité réticent à donner son feu vert à une opération militaire au Mali, prétendument africaine, sachant que les Etats africains qui y poussent n'ont pas les moyens adéquats. Ce qui implique nécessairement une contribution extra-régionale. Même si la CEDEAO prétend que sa force d'intervention est apte pour la mission qui l'attend au Mali, sa relance au Conseil de sécurité pour le OK onusien a peu de chance d'aboutir.

La France ne l'ignore pas, ce pourquoi elle exerce en parallèle une pression sur l'Algérie pour tenter de l'emmener à renoncer à sa position de refus de l'intervention militaire au Mali. Paris a multiplié les interventions dans ce sens auprès d'Alger. En vain. Car les Algériens sont convaincus qu'une opération de ce genre enclenchera un engrenage qui ne produirait que le chaos pour toute la région et qu'elle se traduirait par des dividendes au seul profit de la France et de ses intérêts. Si par le discours et les déclarations d'intention la France se défend de poursuivre la politique de la «Françafrique» sur le dossier du conflit malien, les agissements de sa diplomatie en tant que chef d'orchestre du «pré carré africain» démontre qu'elle s'y tient plus que jamais.