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Avec un taux d'intégration de 80%, le constructeur de bateaux de pêche
3S, basé au port d'Oran et en activité depuis 1970, peut se targuer d'être
parmi les pionniers dans ce secteur.
Selon Larbi Rahmoun, le patron de ces ateliers, cette activité est en
plein déclin et au jour d'aujourd'hui, le nombre de professionnels du secteur
ne dépasse pas la dizaine, dont deux à Oran. Dans le chantier ayant un quai
pour les travaux de maintenance, l'autre spécialité de l'entreprise, sont
produits aussi bien des bateaux de pêche que des voiliers par une main-d'œuvre
locale formée au sein même des ateliers. Selon notre interlocuteur, seuls les
moteurs, les remonte-filets et les sondeurs sont importés de l'étranger alors
que la coque, de sa conception à sa réalisation, en acier et en aluminium, est
produite localement. Quant à la demande, elle porte notamment sur des
embarcations dont la longueur ne dépasse pas les 10 mètres du fait des aides
accordées dans le cadre des dispositifs ANSEJ et CNAC. Ayant le savoir-faire de
construire des bateaux de plus de 10 mètres, l'entreprise a opté, selon la
demande du marché, pour ceux de 7,50 m et 9 mètres. Quant au recul de la
profession, notre interlocuteur estime que le produit local est boudé même par
les entreprises publiques. A ce titre, il affirme que le groupement d'intérêts
communs des entreprises portuaires (GICEP), chargé des petits équipements de
remorquage, préfère acquérir ce matériel auprès des constructeurs étrangers
avec des prix deux fois plus chers que le matériel local. Du coup et en
l'absence de plans de charge permettant la pleine activité, l'emploi est
directement affecté, et à titre illustratif, si les capacités d'emploi au
niveau de ces ateliers sont de 30 postes, actuellement, le personnel n'est que
de 10. Pour mieux argumenter ses dires, M. Rahmoun a indiqué que durant l'année
2011, seules deux embarcations ont été vendues alors que pour l'année en cours,
aucune vente n'a encore été effectuée. Pour rappel, la construction de bateaux
de pêche est une tradition à Oran du fait de l'ancienneté de l'exploitation des
ressources halieutiques ainsi que la proximité avec le chantier naval de Mers
El-Kébir. Pour preuve et en raison de ce cachet particulier, la ville d'Oran a
été jumelée dans les années 70 à la ville polonaise de Gdansk, connue pour sa
spécialité de construction navale. Paradoxalement au déclin de la petite
entreprise dans ce domaine, le secteur attire des investisseurs étrangers comme
c'est le cas d'un groupe coréen qui compte, en partenariat avec un opérateur
algérien, lancer dès l'année à Azzefoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou, la
construction de pas moins d'une cinquantaine d'embarcations dans un premier
temps avant de passer à la vitesse supérieure avec des projections annuelles de
l'ordre de 250 unités.