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Il a quitté hier Damas - Brahimi : «Je n'ai pas de plan»

par Yazid Alilat

Le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe est reparti hier de Damas sans avoir pu au moins recueillir l'adhésion de l'ensemble des parties en conflit, alors que les combats intenses à Alep et Damas font douter d'une issue diplomatique de la crise. Après avoir discuté avec l'opposition de l'extérieur dimanche via Skype, M. Brahimi a quitté la capitale syrienne au lendemain d'une rencontre avec le président Bachar Al Assad qui a confirmé qu'il ne quittera pas le pouvoir sous la pression, ni par la force. Pour les observateurs, c'est un peu la quadrature du cercle, d'autant que M. Brahimi le reconnaît : «Je le répète, je n'ai pas de plan. Cependant nous allons en élaborer un, après avoir entendu toutes les parties. intérieure, régionale et internationale. En espérant qu'un tel plan permettra d'aboutir à la fin de la crise», a-t-il précisé. Pour cette démarche, il a confirmé qu'il va travailler avec toutes les parties, y compris «les pays qui ont des intérêts et une influence sur le dossier syrien», et notamment le groupe de contact formé par l'Iran, l'Arabie saoudite, l'Egypte et la Turquie. Une mission difficile et complexe qui attend le diplomate algérien, qui va travailler par ailleurs «en toute indépendance» en se basant sur le plan Annan et la déclaration de Genève. «Tout autre point sera ajouté en accord avec toutes les parties», a-t-il dit. La déclaration de Genève fixe des principes pour la transition en Syrie, mais sans appeler au départ de M. Assad, un préalable posé par les soutiens de l'opposition armée, alors que la Russie et la Chine notamment, laissent le choix au peuple syrien de décider ou non du départ de Bachar Al Assad du pouvoir. Celui-ci a assuré M. Brahimi, lors de leurs entretiens de samedi, que la Syrie «coopèrera avec tous les efforts sincères pour résoudre la crise, tant que ces efforts sont neutres et indépendants». Or, pour l'opposition armée, une issue politique, sinon diplomatique de la crise syrienne serait impossible. Après avoir discuté avec M. Brahmi samedi, des membres de l'opposition armée ont fait état de leur scepticisme sur la réussite de sa médiation. «Nous sommes sûrs que Brahimi va échouer comme les autres émissaires avant lui, mais nous ne voulons pas être tenus responsables de cet échec», a affirmé le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle à Alep. «Nous sommes convaincus qu'il va échouer parce que la communauté internationale ne veut pas en réalité aider le peuple syrien», a-t-il encore expliqué.

Par ailleurs, l'Iran a reconnu publiquement hier avoir envoyé des militaires iraniens en Syrie pour aider le régime face à la rébellion, ainsi qu'au Liban, tout en affirmant qu'il ne s'agissait que de «conseillers». «Un certain nombre de membres de la Force Qods sont présents en Syrie et au Liban», a déclaré le général Mohammad Ali Jafari, commandant en chef des Gardiens de la révolution. «Mais cela ne veut pas dire que nous y avons une présence militaire. Nous fournissons à ces deux pays des conseils et des avis et les faisons bénéficier de notre expérience», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Téhéran. Le déploiement de ces «conseillers» militaires a été également décidé pour contrecarrer les visées israéliennes sur la Syrie, a-t-il également expliqué.

Enfin, sur le front des combats, les affrontements ont été particulièrement intenses hier à Damas et Alep, mais aussi dans d'autres villes du pays. Depuis dimanche dans la matinée, des secteurs de la province de Damas, de Deraa (sud), d'Alep (nord), de Hama, Homs (centre) et Deir Ezzor (est) étaient la cible de raids aériens ou de l'artillerie lourde des forces du régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le bruit des explosions et des échanges de tirs y était également entendu, alors que des combats faisaient rage dans des quartiers comme Hajar al-Aswad à la périphérie de Damas et en province, a précisé l'OSDH.