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BOUSEMGHOUN : UN ÎLOT AMAZIGH À REVIVIFIER

par Hadj Mostefaoui

Le chef-lieu de la commune de Bousemghoun (wilaya d'El-Bayadh) abrite depuis ce samedi, une imposante rencontre entre le mouvement associatif local et une brochette bien fournie, composée de chercheurs universitaires et d'éminents professeurs aguerris et de haut rang. Un rendez-vous inédit de deux journées consécutives consacrées essentiellement à la thématique «Boussemghoun : îlot amazighophone» et organisé, avec la collaboration très appréciée des autorités locales de la wilaya, par le haut Commissariat à l'Amazighité. Il était grand temps de dépoussiérer cette langue, menacée d'étouffement dans une commune enclavée, à cheval entre le Sud saharien et les Hauts Plateaux et encore parlée, contre vents et marées, par la population estimée à plus de 10.000 âmes.

Dans une déclaration à la radio locale, M. El Hachemi Assad, responsable du département culturel au H.C.A, dira, en substance, qu'il s'agit de sortir définitivement la langue amazighe de cette enclave, tout en pensant à l'intégrer avec cette région dans la sphère géographique amazighe nationale et de conclure qu'il faut incontestablement associer la population locale de Boussemghoun à celles des Monts des Ksours avec leurs apports respectifs, comme matière première puisée dans son riche substrat culturel amazigh, à l'enrichissement du dictionnaire amazigh avec comme objectif la création d'une haute structure scientifique capable de promouvoir cette langue, des conférences suivies de débats. Des expositions ainsi que des visites de sites archéologiques ont été retenues au profit de ces centaines de participants venus des wilayas de Tizi-Ouzou, Alger et Naâma. Il faut cependant rappeler que la population de cette région fait des mains et des pieds pour briser les murs des fortifications et celui du silence qui entourent ce véritable bastion qu'est cette commune d'une richesse inestimable et qui se distingue par la préservation d'une langue séculaire. L'un des enfants de cette ville nous confiera que Boussemghoun dont l'origine du nom est «Agham» et confiner cette langue à un dialecte ou à un parler vernaculaire, serait la pire des offenses que l'on puisse faire aux habitants de la commune de cette région berbère ainsi que celles des autres localités environnantes, Asla et Tiout (wilaya de Naâma). C'est grâce à cette langue que nous pourrons explorer notre passé, les origines et les us et coutumes des peuples et des civilisations qui ont vécu dans cette région et que l'on pense, à tort, disparues à jamais, devait-il poursuivre. Il s'agit de revivifier notre mémoire collective conclut notre interlocuteur. D'ailleurs Ibn Khaldoun, ce grand érudit, initiateur et monument des sciences sociales, a évoqué, en son temps, dans l'un de ses ouvrages, l'existence de la ville de Boussemghoun dans « l'histoire des dynasties berbères et musulmanes ». Il faut également rafraîchir la mémoire et dire que des dialectes encore en survie et parlés dans certains villages des Monts des Ksours, notamment à Sidi Amar, Chellal et Arbaouet, (wilaya d'El-Bayadh), sont sérieusement menacés de disparition et il serait grand temps pour le H.C.A de prendre conscience de l'importance de ce pan de notre patrimoine national qui risque de s'effacer à jamais de nos mémoires.

Nous tenons également à souligner que «Le Quotidien d'Oran» n'a pas été convié par les organisateurs et en particulier ceux du H.C.A, à prendre part à cette manifestation régionale unique en son genre et que nous tenons quand même à applaudir des deux mains.